29.

8.7K 851 92
                                    

- Tout est noir comme désespoir.

* DANS LA PEAU D'AYMEN.

« Nous on veut plus de thunes que la veille, quitte à c'que les stup nous réveille. »

Il a pris des ailes le petit prodige, il se prend plus de la merde. De où moi on me menace ? De où hein ? En un regard je glace le sang et lui il est là, il me menace, yeux dans les yeux, assis. Le mec était serein, il m'a menacé assis. J'aurais dû lui décoller une patate dans la gueule, j'sais même pas ce qui m'a retenu.

Houda la première fois que je l'ai vu c'était à une soirée, elle était habillée comme la dernière des putes mais elle s'est pas levée de toute la fête. Elle l'a passée assise. Elle est pas parti boire, ni danser, ni chier, le seul moment où elle s'est levé c'était pour partir. Plus je la voyais dans ce genre de trucs plus je comprenais qu'elle venait pour ses copines c'est tout. Puis du jour au lendemain je l'ai plus vu dans ce genre de trucs du tout. J'suis sûr qu'Abdel a un rapport avec ça, d'un côté tant mieux parce qu'elle à tout de suite l'air plus respectable et plus belle. Elle traînait même plus avec ses copines de d'habitude.

Une fois je l'ai croisé dehors, j'suis allé la voir direct. Je perd pas le temps moi, j'ai sorti mes disquettes mais elle a fait la meuf qui voulait aps m'répondre. Vraiment le truc qui fou la haine. Elle a quand même cédé parce que personne résiste à mon charme de ouf et j'ai réussi à gratter son num par une autre personne vu qu'elle voulait pas m'le donner. J'avais l'idée de la mettre dans mon lit et de passer à autre chose, mais tout s'est vraiment pas passé comme prévu.

On dirait elle m'a fait de la sorcellerie. Elle a retourné mon cerveau ou j'sais pas si elle s'est gravée dedans. Ça commençait à devenir dangereux j'vous jure j'lappelait tout le temps, fallait que j'lui parle tout le temps.. J'comprends toujours pas pourquoi. Me dites même pas c'est l'amour, j'connais pas chez moi ça existe pas ces merdes.. Me dites pas que j'suis piqué. J'suis Aymen, le mec à meufs, le solitaire, le bâtard, le salaud, le futur baron de la cité. Pas le dep qui kiffe la reuss du mec qu'il déteste, rien à voir. Ça c'est pas moi. Tut tut tut, interdit.

Dans le fond je sais que j'suis pas fait pour elle et qu'Abdel a raison, et c'est ça qui m'énerve, ce con a raison. Si j'lai laissé tomber c'est surtout pour ça déjà. Elle se fait trop d'faux espoir, elle me déconcentre grave dans mon taff alors j'ai supprimé son numéro du jour au lendemain même si j'le connais par coeur.. Faut que j'me reprenne, j'vais pas laisser le mystère féminin foutre le bordel dans ma vie et faire la mala dans ma tête. Déjà que c'est déjà le foutoir, on va pas en rajouter encore.

Cette folle sort pas de ma tête. Au fond d'elle elle espère me changer, que j'devienne un mec bien, rajouter le nom Ghelîl au sien.. On peut pas. À force de rester avec moi, j'vais la détruire, j'vais en faire un monstre. Vous avez vu ma tête brûlée ? J'suis un rat des villes, j'peux pas changer. J'ai pas envie de jouer à la Belle et la Bête, c'est mieux d'en rester là.

> *sonnerie* Appel entrant : Khemja Youss

« Y - J'te laisse une dernière chance parce que j'te jure tu vas raquer sinon. Rends moi les photos.
M - La pute, la traîtresse du quartier me menace.. J'ai peuuuuuuuur ah maman !
- Mais t'as pas bien compris toi, t'es pas en position de faire le thug en fait mon gars.
M - Toi non plus t'as pas bien compris j'crois, j'en ai rien à foutre de ton problème tu captes ?
- Tu récupères les photos.
M - MAIS VA VOIR ABDEL QUEST CE QUE TU M'PRENDS LA TETE POUR CA !
- Me chauffe aps Aymen tu m'connais mal.
M : *rires* Tu crois j'ai peur de toi ? Tu fais 1m10 et tu me menace tu crois quoi là ? Que j'vais m'faire dessus tellement j'flippe ma race ? Allez va coucher, va.
- ... T'es vraiment un chien..
M - Qu'est ce que tu fais la meuf avec moi ? T'es toute faible, regarde toi, alors viens pas faire celle qui a pris des pecs ici. Tes photos c'est Abdel qui les a, tu les veux tu vas le voir j'ai plus rien moi. Et va faire ta warrior ailleurs steuplé, tu m'casse les couilles mais grave.
- C'EST TOI LE.. LE FAIBLE À JOUER AVEC MES SENTIMENTS !
M - Entre toi et moi qui souffre là ? Moi j'ai fait mon taffe, j'ai eu c'que j'voulais fin. C'est toi la faible, qui t'accroche à moi, qui t'accroche à un truc qui a jamais eu lieu, comme une faible. Moi j'suis là, j'vis bien et j'vais bien. Pas toi, toi tu souffres. T'as mal et tu veux m'le rendre, comme une faible qui joue la forte.
- *en pleurant* T'es un monstre Aymen.
M - Exact, j'suis même un démon pour préciser. »

J'regrette toujours pas, y'a pas le temps pour les regrets chez moi, c'est triste, ou pas, et puis le mal est fait de toute façon donc autant assumer maintenant. En attendant j'ai toujours pas décollé de là où j'étais, j'suis toujours là, au même endroit. J'ai grave faim et une vraie putain de grosse envie de fumer un joint. En plus de le vendre et de détailler j'commence à raffoler de cette saloperie, c'est mauvais signe. J'ai pas envie de finir avec le cerveau grillé comme Zoro du bloc A, c'est mort de chez mort.

Mon mode de vie m'plait pas. Clopes sur clopes, joints sur joints, tass sur tass.. On dirait un vieux, putain j'ai même pas encore 20 ans. Y'en a marre. J'veux pas continuer comme ça mais j'arrive pas à faire autrement.. Le mal m'attire. Ma vie c'est une ligne droite vers les Enfers et moi j'roule à 200 kilomètres heure. Argent facile, fille facile, vie facile.. C'est ça ma chienne de vie. En plus de m'attirer, le mal me colle à la peau.. J'ai du mal à m'en séparer. Je le vis, je le sens, je le respire même. Il coule dans mes veines. J'suis né dedans, ouais j'suis né avec, j'ai grandis avec et à tout les coups je mourrais avec. J'ai pas envie d'avoir de gosses ils grandiraient avec cet esprit sournois. En plus c'est transmis de génération en génération cette merde, la seule qui y a échappé c'est ma sœur Sanae et à l'heure d'aujourd'hui elle est six pieds sous terre au cimetière La Madeleine. J'ai pas envie de connaître ça, hein hein, non merci.

Au quartier j'suis associé au mal la plupart du temps, et ils ont bien raison. Dans ma vie y'a que ça de vrai. Dans ce monde là j'suis carrément dans mon élément, je sais comment le gens fonctionnent, je sais comment les blesser, comment de l'intérieur je peux les tuer. Si y'a bien un truc où j'excelle c'est bien dans ce domaine là. Suffit à peine que je rentre dans la vie des gens pour voir le mal-être les consumer. Vous savez pas comme elle est bonne cette sensation, bordel de merde. C'est encore mieux que la première taffe d'une clope. Elle mérite mieux que ça Houda, elle mérite une vraie vie, un vrai mec. Pas une vielle raclure comme moi. Elle trouvera chaussure à son pied comme on dit, en tout cas il faut qu'on s'oublie. Elle et moi on peut pas, ce serait une relation complètement destructrice. Je préfère encore faire souffrir ma folle de mère qu'elle. Houda c'est une princesse, une vraie de vraie, elle est trop pure pour un homme des ténèbres comme moi..

Lourd est mon parcours.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant