Lourd est mon parcours.

08.

- La veille tu parles de dîne et le lendemain tu fais du hram.

- Tu comprends pas que j'ai besoin d'te parler ? Je vis sans repères, tu comprends pas ? Tu fais exprès ? J'ai la vie dure, amère, depuis.. L'abandon d'mon père. J'ai besoin de la douceur d'une mère et de l'éducation d'un père. -

Alors comment dire.. L'homme que j'suis censé appelé"papa" est parti. Comment j'me sent ? Mal, étonnement.

Le 2* octobre 201*, véritable date, mon père a pris la totalité de ses affaires et n'est jamais revenu. Du haut d'mes 16 ans là j'suis pas encore un homme, mais j'sais qu'un homme, un vrai ça agit pas comme ça. J'avais dit qu'il fallait le fuir. Maintenant c'est trop tard. C'est même lui qui s'est barré, si ça c'est pas une blague. Un soir en rentrant du foot, j'ai vu ma belle-mère dévastée, sur le canapé la tête dans les mains, les yeux gonflés. Moi qui avait pas l'habitude de parler avec elle, ni même de lui adresser un regard, ça m'a pris aux tripes de la voir dans cet état.

Et c'est là qu'elle m'a dit.

Elle était sortie faire des courses et quand elle est rentrée toutes les affaires de son mari avaient disparues et il n'avait laissé qu'un vulgaire mot sur son lit. Trois simple mot sur un ridicule ptit bout de papier.

"Je m'en vais."

Il est vraiment culotté le salaud. Je saurais même pas vous dire comment j'ai honte. Ça aurait été carrément mieux qu'il fasse pas de mot tout court si c'était pour faire ça, on avait bien compris que t'étais parti pauvre con. Il a pris ses affaires, mais vraiment toutes ses affaires. Il a pas oublié une seule chaussette, pas un seul calbard. C'est comme s'il avait jamais vécu là, comme s'il nous connaissait pas.

J'ai la vie amère, vraiment j'ai la vie triste. Tout s'mélange dans ma tête, j'suis vraiment pas tranquille. J'ai le cerveau en guerre, en bataille, j'comprends pas pourquoi ni comment. Parce qu'en fait, c'est lui la source de revenu à la maison. S'il se barre y'a plus un rond ici, plus une miette à se foutre sous la dent. L'argent sale d'Ayoub qu'il se le foute dans l'fion, on est pas des fils de pute, pas question qu'on se serve de ça. Franchement j'en reviens pas, l'homme qui est censé avoir la plus grosse paire de couilles de la maison vient de se barrer comme si y'avait le feu. J'hallucine. On nage en plein délire. Plus les jours passent plus j'me dit que ma vie c'est vraiment d'la merde.

Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter tout ce bordel ? Tout ça c'est rien d'autre qu'un gros bordel, et l'auteur on connaît tous son nom.

Et si c'était prévu ?

J'sais même pas pourquoi ça devrait m'étonner, ce mec est tellement fou. Alors comme ça il avait prévu d'se marier avec une nouvelle femme venue d'ailleurs juste pour ça ? J'arrive pas à comprendre ce qu'il a à en gagner en faisant tout ça. C'est lui qui l'a ramené ici Samia, personne l'a forcé. Et en plus de ça, comme si on était pas assez, elle ramène sa gamine et elle est en cloque. Et toi, l'homme de la maison soit disant, tu trouves rien de mieux à faire que de te barrer ?

Quoique, au moins ça nous évite le foyer. Pour ça on peut le remercier, il aura pas que fait de la merde dans sa vie.

J'ai mal pour Asma.. Ma princesse des galères, toute son enfance elle nous aura vu dans des états critique. Elle aura grandit sans ses parents.. J'veux la protéger de tout ce mal qui l'entoure. Mais c'est nous tout ça.. Alors il faut que j'la protège de nous même ? Faudrait qu'elle vive ailleurs, dans une famille de ouf. Vous trouvez ça normal qu'elle demande pourquoi à la maison on sourit jamais ? Pourquoi elle voit jamais son père ? Pourquoi il s'occupe pas d'elle ? Asma a mal. Elle souffre. Ma sœur vit un calvaire sentimental et on a beau la blindé d'amour avec Ayoub, des frères ne remplacent pas un père..

Je l'ai regardé assise sur son sédari, elle me donnait mal au crâne en même temps que me faire de la peine. Comment on peut aimer un pauvre type pareil, c'est interdit.

« M: Tu l'aime ?
S: Hein ? Qui ça ?
M: Mon père.
S: ..
M: Tes yeux te trahissent. Tu sais, t'as pas choisi le plus parfait.
S: Abdel.. Hcheum, c'est.. C'est ton père..
M: C'était. Si j'avais pu, j'aurais changé depuis bien longtemps crois moi.. »

C'est honteux. Putain d'merde c'que j'ai honte de tout c'qui s'passe.

J'ai passé le reste de la soirée dans ma chambre, avec l'envie de me rentrer dans le mur à force d'entendre Houda chialer dans sa chambre. Elle est tellement idiote que le départ de mon père l'a attristé. Ptdr bah putain. Tu devrais le fêter son départ, la seule chose qui me fait mal dans tout ça c'est les larmes de ta mère et rien d'autre. Qu'il se barre, j'ai pas besoin du diable dans ma vie. Un peu énervé j'ai envie de décompresser, alors j'envoie un message à Adel. Le connaissant c'est sûr qu'il sortira ce soir, c'est un mec de la night lassui. J'veux juste qu'il m'invite histoire de pas m'incruster à 100%.

Message à Adel : » un plan pr soir ce ?
*vibreur* nouveau message :
> Adel : Chicha , tvien ? Jte paye
Message à Adel : » Azi
*vibreur* nouveau message :
> Adel : Creuvar

J'pars me doucher et j'me sappe, j'vous laisse deviner : déo, parfum, gel. Polo, gilet, jean, basket. J'regarde l'heure et je descends, Adel m'attends en bas du bâtiment. J'vous passe les salam ça va, vous connaissez.. Si j'vais mal j'vais pas lui dire en live.

« Adel : Bâtard va tu t'es mis bien heein !
M : Toi t'as toujours cette même tête de connard mdrrr.
A : Enculé mdrr.
M : Mdrrr.
A : Au faite t'as ?
M : Quoi ?
A : Bah t'as ?
M : Hein de quoi tu parles ?
A : Des capotes, un gant de sûreté, un préservatif, un candom !
M : Bah nan j'ai pas tu veux j'fasse quoi avec ça euille ? On va à la chicha pas au bar à putes !
A : *mort de rire* C'est la même chose chacal.

- il m'passait des hum fin vous avez compris -

M : Tu pense vraiment que j'ai besoin de tout ça ?
A : On sait jamais si t'es comme tonton Adel mdrr.
M : Tonton daleux ouais mdrrr. »

J'savais pas spécialement si c'était bien ou pas d'aller là-bas. J'ai beau bientôt avoir 17 ans, j'suis vierge comme Marie. J'ai pas touché une seule meuf, pas un seul cul, j'ai même jamais vu d'paire de seins d'ma vie.

Après avoir franchi la porte de la chicha j'ai vu des seins à gogo, cette soirée à tout remis en question. J'aurais jamais dû y mettre les pieds. C'est les portes de l'enfer, jamais j'aurais cru qu'un endroit pouvait être aussi malsain..