Chapitre 36 : Passion

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- Comment va-t-il ? demanda Airy.

- Il a un peu rouvert la plaie mais ce n'est pas grave, avec les nouveaux fils en quelques jours de repos ça sera réglé et il pourra reprendre les exercices.

Le roi souffla.

Il était actuellement près de vingt-trois heures et Gabriella se trouvait aux côtés de son souverain, dans les appartements de ce dernier. Environ une heure auparavant, elle avait été réveillée en sursaut par le souverain car le seigneur Milon venait de se blesser à ses côtés. Tout bêtement, qui plus est ! Le garde s'était pris le bureau du roi dans la hanche ce qui avait fait sauter les quelques points de sutures restants. En réalité il n'y avait rien de bien grave mais la frayeur avait eu raison de la Majesté.

- Quel idiot !

- C'est le genre de choses qui arrivent, il fera plus attention à l'avenir, le rassura la jeune femme.

Le seigneur était parti aux côtés de sa femme il y avait de cela à peine quelques minutes, tout aussi inquiète que le roi.

- Désolé de t'avoir réveillée.

- Non, non, ne t'excuse pas, dit-elle en s'avançant vers lui. Tu as bien fait, il vaut mieux prendre ses précautions. Et puis tu ne pouvais pas savoir.

Airy hocha distraitement la tête. Malgré tout il s'en voulait un peu. Il savait que beaucoup de monde se permettait de réveiller la jeune femme pour de futiles problèmes, et en faire partie le dérangeait.

Cela faisait un mois que Gabriella effectuait à merveille sa nouvelle fonction. Il était fier d'elle et ne regrettait pas de lui avoir permis d'exercer sa passion. Malgré tout, il restait inquiet : elle était toujours beaucoup trop volontaire et si sur une courte durée c'était tenable, à force, elle s'épuiserait. Et il ne voulait pas qu'elle s'épuise.

Le roi avança vers elle et en quelques pas, il fut à son niveau. Il porta ses mains à son visage en caressant ses yeux.

- Tu devrais aller te coucher maintenant, dit-il en chuchotant.

- Toi aussi, il est tard. Pourquoi étiez-vous encore éveillés avec Seigneur Milon ? Vous travailliez ?

Le roi hocha la tête.

- Les royaumes voisins ont été pas mal secoués ces derniers temps et nous devions nous tenir au courant, il n'est pas exclu qu'on nous demande de l'aide et il vaut mieux penser à notre réponse avant.

La jeune femme opina. Elle comprenait parfaitement ce qu'il voulait dire.

- Il y a des guerres ?

- Un coup d'état aurait eu lieu il y a un mois, mais nous ne sommes pas sûrs que l'information soit fiable.

La voix fatiguée de la Majesté alerta la rousse :

- Je ne devrais pas te poser autant de questions, tu y penses déjà beaucoup trop toute la journée.

Il sourit.

- J'aime bien parler avec toi, tu le sais bien.

- Je sais mais il serait peut-être préférable de parler d'autres choses.

Les yeux du roi s'ouvrirent un peu plus grands. La jeune femme s'affola :

- Je ne voulais rien sous-entendre ! Excuse-moi, je suis maladroite !

Son ricanement effleura alors les oreilles de la jeune femme, puis elle sentit son front se coller au sien.

- Dommage, ça ne m'aurait peut-être pas déplu.

Elle frissonna. Ses bras tombèrent le long de son corps, comme paralysée par la confidence.

Et Airy l'embrassa.

Et elle ne le repoussa pas.

Le goût sucré des lèvres du roi caressèrent avec tendresse sa peau. Elle sentit son cœur accélérer, ses bras se hérisser. En mettant fin à sa fonction de servante personnelle, Gabriella avait mis une croix sur cette divine sensation. Mais maintenant qu'elle la retrouvait, elle avait l'impression de l'avoir désiré pendant tant de semaines.

Lentement, le souverain se détacha d'elle. Ses yeux fixèrent intiment le regard vert de la jeune femme, à tel point qu'elle pouvait sentir son souffle contre son nez. Elle aimait ça.

- Tu me plais tellement, si tu savais.

Ses paroles avaient été murmurées, presque étouffées dans le silence. Mais Gabriella les avait entendues. A nouveau, les lèvres d'Airy épousèrent les siennes. Cette fois, le contact était plus fort, plus affirmé. Gabriella devait arrêter cela, elle le savait. Mais elle adorait le contact revigorant du jeune homme.

Pourtant, rien n'avait changé. Elle ne serait toujours pas la priorité de son roi, elle ne serait toujours que le second choix, tout au plus. Mais il lui avait tellement manqué. Ses mains sur son corps, ses baisers dans son cou, ses cheveux entre ses doigts.

Après trois mois loin de son lit et de ses attention, Gabriella partagea de nouveau le lit de cet homme qu'elle aimait tant. Et peut-être que la séparation n'en serait que d'autant plus terrible. Mais à quoi bon ? A quoi bon résister après s'être rendu compte qu'elle ne pouvait riposter, qu'elle ne pouvait désaimer ?

A quoi bon ne pas céder ?

La Servante du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant