Chapitre 8 : Relation

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Gabriella se réveilla aux alentours de cinq heures du matin. Sauf cette fois, elle n'était pas dans sa chambre de bonne, mais bien dans un immense lit recouvert d'un drap de satin, nue. Elle entendait derrière elle le souffle du roi. Les images de leur nuit ne pouvaient s'effacer de son esprit. Tout s'était passé si vite. Il l'avait embrassé, elle s'était figée. Puis il avait baissé sa main sur sa hanche, sa bouche dans son cou, et elle, elle s'était laissée aller. Elle avait eu envie de lui. La sensation humide des lèvres sur son corps froid avait eu l'effet d'une avalanche de désir dans son corps.

Seulement, désormais, elle était rattrapée par la réalité de leurs actes et prenait pleinement conscience qu'elle venait de partager sa nuit avec sa Majesté de Nekavland. Elle se redressa lentement du lit en trouvant ses vêtements au sol, se vêtit puis partit allumer la cheminée. Une fois cela fait, elle se dépêcha de sortir des appartements dans lesquels elle avait passé la nuit pour préparer le premier service de la journée. Elle ne savait pas si elle avait honte ou si elle était encore surprise. La seule chose qu'elle savait, était qu'elle n'était pas à l'aise avec l'idée d'avoir été si intime avec le souverain.

Après trois mois à son service et n'ayant entendue aucune rumeur sur des quelconques relations entre sa Majesté et des domestiques, elle ne se serait jamais attendu qu'il la désire de cette manière-là. Peut-être avait-il simplement besoin d'une compagnie et qu'elle avait été au bon endroit et au bon moment. Ou au mauvais endroit au mauvais moment, elle ne savait pas réellement. Ou peut-être la trouvait-il réellement à son goût, après tout. Gabriella était confuse, mais l'idée d'aller demander la réponse au noble ne lui effleura même pas l'esprit tant sa gêne était grande.

Cette relation nocturne n'était que charnelle, elle le savait avant même qu'elle ne commençât. Mais cela n'en était pas moins perturbant pour la jeune femme. Pour le jeune homme aussi peut-être, mais elle en doutait. Sûrement était-il habitué à ce genre d'échanges. En fait, en vue de l'habilité avec laquelle il avait pris soin d'elle, elle n'en doutait pas une minute. Pour elle, c'était une totale innovation. Elle avait bien sûr quelques connaissances théoriques dans le domaine, notamment sur comment éviter une grossesse, mais elle ne s'était jamais aventurée aussi intiment avec quelqu'un.

Quelques heures plus tard, elle ne pouvait plus s'échapper et dût retourner sur les lieux du délit. Elle poussa la porte d'une grande timidité, et le destin sembla contre elle puisqu'Airy était présentement adossé à son bureau de chambre. En l'entendant arriver, ce dernier se détourna de la lettre qu'il lisait et l'observa un temps. Finalement, il dit :

- Tu ne m'as pas réveillé ce matin.

Gabriella commença à bredouiller. Le fait même de se rappeler qu'il l'avait vue nue la faisait rougir. Finalement, elle réussi à reprendre un semblant de ses esprits :

- C'est que la veille, vous ne m'aviez rien indiqué, Sire murmura-t-elle.

Le roi sembla réfléchir quelques instants, puis repris la parole :

- Tu as raison. Ce n'est pas bien grave de toute façon, je me suis réveillé quand tu es partie. Mais les prochaines fois, même si je ne te dis rien, réveille-moi. Je ne peux pas me permettre de perdre trop de temps au lit, surtout ces temps-ci.

La jeune femme hocha timidement la tête et lui, retourna à son travail.

- J'ai à te parler ce soir, fit-il cependant.

Gabriella se paralysa et trouva à peine la force de murmurer un léger « Oui, Sire ». Avait-elle fait quelque chose de mal cette nuit ? Désirait-il une nouvelle servante maintenant qu'il avait tout vu d'elle ? Ou prévoyait-il, à nouveau, d'être intime avec elle ? Était-ce l'une de ses taches de servantes que de lui tenir compagnie de nuit ? Ou était-ce simplement quelque chose qu'il voulait s'autoriser ? La sujette n'avait pas grandi ici, à Nekavland. Elle ne connaissait pas encore toutes les coutumes, notamment les plus implicites. Et au-delà de cela, elle ne savait pas ce qu'elle était prête à accepter.

Voyant que le roi ne rajouterait rien, la servante rentra avec discrétion et mutisme dans la salle d'eau où elle commença son travail.

Le soir arriva vite. Bien trop, d'après Gabriella. Le roi avait quitté ses appartements un peu plus tôt dans la journée et pour l'heure, elle n'avait d'autres choix que de l'attendre. Elle était anxieuse. Le roi était quelqu'un de gentil, d'agréable autant intellectuellement que physiquement, et elle ne pouvait nier le désir qu'elle éprouvait pour lui. Mais elle était mal à l'aise. Il était le roi, elle devait faire attention au moindre de ses faits et gestes. N'était-ce pas dangereux ? Ne risquait-elle pas de faire une erreur, de perdre sa place ?

La porte s'ouvrit enfin et le dirigeant du royaume entra dans la suite.

- Est-ce que je t'ai gênée hier ? demanda-t-il sans contexte.

Il s'avança vers elle. Gabriella secoua négativement la tête. Elle avait presque l'impression qu'elle ne choisissait pas ses propres paroles, ses propres gestes. Apparemment, c'était la confirmation que le roi attendait puisqu'il plongea à nouveau ses lèvres contre son cou, puis ses clavicules. Et encore une fois, la jeune servante abandonna toute réflexion, comprenant que l'engrenage était déjà lancé.

Une seconde nuit charnelle commença donc. Puis une troisième. Une quatrième. Une cinquième. Une sixième. Et finalement, un mois s'écoula où tous les soirs, Gabriella délaissa sa chambre de bonne pour dormir aux creux des bras de son souverain. Partager le lit du roi devint rapidement une habitude, une chose que la servante n'interrogeait presque plus. Mais dans un rapport aussi déséquilibré, entre une Majesté et une servante, est-il possible qu'un véritable amour naisse ?

La Servante du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant