Chapitre 31 : Espoir

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- Il s'est endormi ! hurla l'épouse.

- Ce n'est rien, ce n'est rien, calmez-vous, répondit Gabriella qui nettoyait le corps du garde avec des serviettes.

- Il est...

- Non, non, il n'est pas mort. Je ne peux plus rien faire à part éviter une infection avec l'alcool, il faut juste attendre de voir s'il se réveille.

- Parce qu'il pourrait ne pas le faire ? s'enquit-elle encore pleurante.

L'ancienne servante royale hocha la tête.

- Il a été gravement touché et a perdu beaucoup de sang avant que je ne recouse la plaie. Il s'est endormi à cause de la douleur mais il respire correctement et son cœur bat de même. J'ai bon espoir.

La femme hocha la tête en tenant toujours la main de son époux.

En face, Airy regardait quant à lui Gabriella, aussi tâchée de sang que lui. Avait-il bien fait de lui faire confiance ? Venait-il de sauver la vie de son meilleur ami ou de le condamner ? L'angoisse assaillait de nouveau son esprit. Désormais que tout cela était fini, il n'arrivait plus à être sûr de ses choix. Sur le moment, faire confiance à Gabriella avait sonné telle une évidence. Mais avait-il bien fait ? Et si Milon mourrait ? Pourrait-il pardonner son amante ? Ou lui-même ?

- Tu devrais aller te nettoyer... lui murmura cette dernière en comprenant parfaitement ce sur quoi il se questionnait intérieurement.

Le roi attrapa une serviette et s'essuya grossièrement les mains montrant que le bain n'était pas la priorité.

- Il va falloir l'amener à l'intérieur du château ! informa Gabriella plus fort.

- Sommes-nous supposés le porter ? demanda un garde non loin de là.

Mais la jeune femme nia de la tête.

- Est-ce que vous pouvez trouver une planche ? Il faut éviter de le bouger au maximum alors nous le transporterons en brancard pour qu'il reste le plus statique possible.

Les gardes approuvèrent et partirent de quoi transporter leur supérieur. Dix minutes plus tard, le garde était dans sa chambre aux côtés de son épouse et de Gabriella qui le désinfectait une fois de plus.

- S'il... S'il se réveille. Que va-t-il se passer ?

- Je ne peux pas encore le dire. Il lui faudra du temps pour récupérer mais il existe des exercices pour qu'il recouvre ses capacités. Il pourrait ne pas avoir de séquelles, comme il pourrait boiter. Mais il marchera : la blessure n'a pas touché les nerfs qui... Enfin ses jambes ont été épargnées, se ravisa-t-elle en voyant que ses termes devenaient trop techniques.

- Merci. Merci infiniment.

- Vous me remercierez quand il sera sauvé... murmura la jeune femme en quittant les lieux.

Elle aussi s'inquiétait. Elle s'inquiétait évidemment pour Milon, pour Airy, mais aussi pour elle. Et si le garde ne survivait pas ? Qu'adviendrait-il d'elle ? Serait-elle accusée de sa mort ? Airy la haïrait-elle ? Elle secoua la tête. Elle ne devait pas y penser. Elle avait fait ce qu'elle avait pu, et Milon allait s'en sortir.

Dans la cour, le roi de Nekavland n'eut pas bien longtemps pour se remettre de ses émotions : une fois son meilleur ami transporté dans ses appartements, il fallait régler l'affaire de l'attaque et évidemment, le principal suspect était le roi de Satbourg.

Le souverain s'avança vers ses gardes qui avaient encerclé le vieil homme et leur demanda de s'écarter quelque peu. Il se mettait ainsi en danger mais si jamais le roi n'y était pour rien, il devait conserver leurs amitiés.

- Je n'accuse jamais sans preuve...

Le roi de Satbourg leva la main pour l'arrêter dans son discours.

- Je comprends. Il est normal que vous me suspectiez. Je ne sais comment défendre ma personne car je ne suis en effet pas l'auteur ou le commanditaire de cette offense, mais j'espère que vous pourrez entendre mon innocence.

Airy ne savait à qui se fier. Il ne savait si son égal était en effet innocent ou s'il était venu ici dans le but de venger l'annulation du mariage. L'état de son ami et l'image de Gabriella pleine de sang l'empêchait de raisonner.

- Si vous le permettez, j'aimerais m'entretenir avec vous, déclara Airy. Je ne pourrais vous mettre en cachot sans vous savoir coupable, car j'aime à penser que notre amitié est réelle. Ainsi, vous laisseriez-vous emmener dans mon bureau entouré de mes gardes ?

- Votre proposition est honnête, j'apprécie votre présomption d'innocence. Je me laisserai emmené sans riposter si ma foi vous permettez à l'un de mes gardes de venir également.

- Bien entendu.

Airy décida que dix de ses propres gardes escorteraient le roi et son protecteur jusqu'à son bureau. Au moins, même si l'un ou l'autre se décidait à riposter, ils seraient suffisamment nombreux pour contrer l'offensive. Il s'apprêtait d'ailleurs à suivre le groupe quand un jeune homme d'environ treize ans l'interpela.

- Si sa Majesté m'accorde le droit de lui parler, dit-il en faisant une révérence.

Airy fronça les sourcils mais opina.

- Loin de moi l'idée d'offenser ou de divulguer quelconque rumeur sur ce drame, mais je pense savoir quelque chose qui pourrait vous intéresser.

- Je t'en prie, parle-moi.

- Mon nom est Haru. Je suis de Satbourg, et je suis apprentis à la garde royale depuis un an.

- Que sais-tu Haru ?

- L'un des gardes qui est venu avec nous ne partage habituellement pas notre division. Il est l'un des gardes personnels de son Altesse la princesse Odile. Et il n'était pas auprès du roi comme on le lui avait demandé au moment de l'attaque.

Les yeux de Airy se fermèrent.

- En es-tu sûr ?

- Oui, je l'assure à sa Majesté. J'avais déjà trouvé cela étrange qu'il partage notre voyage alors quand j'ai vu votre garde vous sauver de cette flèche, j'ai tout de suite regardé aux alentours. Il n'était pas là.

- Connais-tu le nom de cet individu ?

- Non, j'en suis navré.

Le roi se tut un instant en regardant toujours cet adolescent dont la tête regardait fixement le sol.

- Très bien Haru. Je vais vérifier si ce que tu dis est vrai. Si tel est le cas, je te remercierai comme il se doit. Tu peux disposer.

Le jeune soldat s'inclina respectueusement puis partit au pas de course vers la cour. Si l'adolescent disait la vérité, tout s'expliquait.

La Servante du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant