Chapitre 48

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Diane

La grotte n'existe plus. La tanière des vampires a été totalement détruite. Toutes les créatures surnaturelles ont fini par rentrer chez elles. Les Lys Rouges sont retournés auprès du CJN pour leur rapport. Henri et les Chasseurs sont partis en direction de Venator, j'ai eu beaucoup de mal à me détacher de Théophile. Je ne voulais pas le laisser mais Héloïse m'a assuré qu'elle prendrait soin de lui. 

J'ai donc suivi Sarah et mon père, portant ma mère, jusqu'à Benevento. Sur la route, personne n'a parlé. A l'arrière de la voiture, j'ai veillé sur ma mère. Elle avait reprit quelques couleurs mais  était toujours inconsciente. Étrangement, son tatouage de sorcière est resté noir. Je ne comprends pas pourquoi. Maman est vivante, son tatouage devrait être vert. 

Quand nous sommes arrivés devant notre manoir j'ai ressenti comme un grand vide dans mon cœur. J'ai longtemps souhaité revenir ici, c'était ma maison. Mais alors que papa a emporté maman à l'intérieur, je suis restée dehors sur le perron, me sentant comme une étrangère. Je n'avais plus ma place ici. 

A présent qu'il fait nuit, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Je me tourne et me retourne dans mon lit, tentant d'effacer les images des vampires qui infestent mon esprit. Sans les bras de Théo pour me protéger, j'ai dû mal à me détendre. Quand j'arrive enfin m'endormir, je suis hantée par des cauchemars. Je revois Mélanie me lécher le sang, je ressens la lame froide du couteau me taillader le front. 

Je me réveille en sursaut, trempée de sueur. Je jette un coup d'œil à mon réveil, il est quatre heure du matin. Je n'arriverai pas à me rendormir et de toute façon si c'est pour revoir les yeux rouge sang de Mélanie, je ne préfère pas. 

Je me lève donc et vais dans ma salle de bain me passer de l'eau sur le visage. Je croise le reflet de mes yeux vairons dans le miroir au dessus du lavabo. J'ai l'air éreintée, à bout mais je suis incapable de me reposer. Je soulève mes cheveux, qui tombent en cascade sur mon visage, pour dégager mon front. Les lettres "A", "B", "O", "M", "I", "N", "A", "T", "I", "O", "N" m'apparaissent. Les taillades me tiraillent encore un peu mais c'est en bonne voix de cicatrisation. Je me fixe un instant jusqu'à ce que je ne puisse plus supporter ma vue. J'ai besoin de changer. J'ouvre avec précipitation le tiroir de la commode et j'attrape mes ciseaux. 

J'enroule autour de ma main une poignée de mes cheveux noir corbeau qui m'arrivent en dessous de la poitrine. D'un geste ferme, je coupe mèche après mèche. Je raccourcis mes cheveux de vingt centimètres. Je n'ai pas finis. Je passe mes cheveux devant les yeux et coupe encore quelques mèches très court. 

Je me regarde à nouveau dans le miroir. J'ai désormais un carré court. Mes cheveux lisses tombent en épis désordonnés sur ma nuque. Mon front est désormais caché par une frange noire qui n'est pas très droite mais qu'importe. Même si ma coupe n'est pas bien faite j'en suis contente. Ça me change énormément. J'avais l'habitude de me cacher derrière mes longs cheveux mais c'est terminé maintenant. J'ai subi tellement de chose depuis que je suis partie de la maison. Je me sens différente et j'avais besoin de changer d'apparence. 

Je sors de ma chambre et telle une automate, je me dirige vers celle de mes parents. Je pousse la porte entrebâillée et m'avance jusqu'au lit à baldaquin. Mon père dors d'un sommeil profond, les bras enroulés autour de ma mère. Celle-ci ressemble à une poupée en porcelaine, sa tête auburn délicatement posée sur l'oreiller. Je m'assois sur une chaise près du lit et passe ma main dans la sienne. La chaleur qui irradie d'elle me réconforte. Je reste des heures comme ça à la fixer en écoutant sa respiration posée. 

Le jour commence à pointer quand je sens un léger mouvement. Je baisse mes yeux sur nos mains entrelacées et observe avec joie le pouce de maman caresser le dos de ma main. Je relève le regard sur l'Ensorceleuse et je réprime un mouvement de recul. Maman a ouvert les yeux et me regarde un sourire aux lèvres. Je devrais être très heureuse mais mon esprit est focalisé sur ses yeux blancs. Elle n'a pas retrouvé sa couleur normale. Est-ce mauvais signe ? Pourtant elle a l'air d'aller bien. 

Elle me regarde avec amour puis fronce les sourcils. 

- Diane ma chérie qu'est-il arrivé à tes si beaux cheveux ? 

Sa voix m'avait tellement manqué ! J'ai la gorge nouée par la joie de la revoir, je n'arrive pas à lui répondre. Maman sourit et reprend:

- Est-ce que je suis en train de rêver ? Es-tu vraiment là ma fille ? 

Je hoche la tête les larmes aux yeux. Ma mère lève sa main pour me toucher le visage mais s'arrête soudainement. Une grimace de douleur déforme son visage et elle gémit. Ses blessures ont pourtant été guéries par une sorcière, elle ne devrait pas avoir mal. Mon père se réveille en entendant les gémissements de sa femme. Il se redresse d'un coup et passe sa main sur la joue de maman. Il semble surpris par les yeux de maman mais ne fait pas de commentaire. 

- Tu vas bien mon amour ? 

- Je me sens bizarre, explique la sorcière, j'ai l'impression qu'on a arraché une partie de moi, ça me fait mal. Je me sens lourde...

J'échange un regard perplexe avec mon père.J'aimerais pouvoir l'aider mais je ne sais même pas quel est le problème. 

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demande ma mère. 

Mon père lui narre alors toute la bataille, en omettant la mort d'Amarok. Ma mère pousse une exclamation de surprise quand elle apprend qu'elle a tué Circé. 

- Mais, ce n'est pas possible ! Je n'ai pas pu faire ça ! Une sorcière est incapable d'en tuer une autre. 

- Pourtant tu l'as fait Ana. Et c'est après ça que tu a commencé à réagir bizarrement. On a cru que tu étais en train de mourir. 

En disant cela mon père resserre inconsciemment son étreinte autour de sa femme. Maman pose sa tête dans le creux de son épaule et écoute la suite. A la fin du récit l'épouvante la saisit. Elle coure devant un miroir et observe ses yeux blancs. Elle ouvre la bouche mais, sous le choc, aucun son ne sort. Son regard accroche ensuite son épaule dénudée où son tatouage a noircit. A cette vue, elle couvre ses lèvres de sa main, réprimant un frisson d'horreur. Soudain, un doute semble traverser son esprit. 

Elle se retourne et fixe un vase sur le rebord de la cheminée qui orne un mur de la chambre. Mon père et moi n'osons bouger et attendons sans comprendre. Au bout de cinq minutes ma mère plisse les yeux et commence à transpirer comme si elle fournissait un immense effort. 

Puis, tout à coup, elle font en larmes. Elle se laisse tomber à terre et frappe le sol en criant : "NON !". Nous accourons près d'elle et mon père la prend dans ses bras. Je lui demande avec anxiété ce qu'elle a. Elle me répond entre deux sanglots : 

- J'ai perdu mes pouvoirs. 


Aliumnos- Chasseuse dans l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant