Chapitre 18

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Diane

Quand je reprends conscience, je suis allongée dans un lit simple. Les draps blancs qui protègent mon corps sont doux et frais. Je ne reconnais pas la pièce dans laquelle je me trouve. Tout est blanc et immaculé. D'autres lits simples se succèdent au mien, séparés seulement par un maigre tissu presque transparent. Je suis seule dans ce grand dortoir. Je dois être à l'infirmerie du château. Comment est-ce que j'ai atterri ici ? J'essaie de me remémorer ce qu'il s'est passé. Une grosse migraine surgit alors que je me rappelle de l'entrainement. Je me suis faite laminer ! Héloïse ne m'a pas épargnée. Je me tâte machinalement l'abdomen où j'ai reçu son violent coup de pied. Étrangement, je n'ai plus mal. Je touche alors mon nez pour lequel je crains le pire. Mais là encore, aucune douleur ne survient. Mon nez semble droit, pourtant j'aurais juré qu'Héloïse me l'a cassé. Je porte toujours mes vêtements de l'entrainement mais je remarque que mon visage et mes mains ont été nettoyés.

Je me relève difficilement sur les coudes, ce simple geste nécessite un immense effort. Je retombe bien vite sur mon oreiller, épuisée. En regardant par une fenêtre, je remarque qu'il fait déjà noir dehors. J'ai dû beaucoup dormir, alors pourquoi suis-je autant fatiguée ? 

Le bruit sourd d'une porte que l'on ouvre me fait sursauter. J'entends des pas se rapprocher de moi avant de voir une petite bonne femme rousse vêtue d'une blouse d'infirmière se pencher sur mon lit. 

- Ah tu es enfin réveillée ! 

- Quelle heure est-il ? 

- Un peu plus d'une heure du matin, réponds l'infirmière en regardant sa montre. Héloïse t'a amenée ici vers midi et demi.

Je la regarde avec des yeux ronds. Une heure du matin ? Cela veut dire que j'ai été inconsciente pendant environ treize heures !

L'infirmière continue de ma raconter ce qu'il s'est passé sans prêter attention à ma confusion. 

- Tu étais bien abîmée quand elle t'as déposée ici. Ton nez était complètement cassé, tu avais des bleus partout, sans compter l'état de ton abdomen, il était devenu tout violet ! Mon pauvre petit, les Chasseurs ne font pas dans la délicatesse.

Ce sont des brutes oui ! Mais quelque chose me gêne.

- Je n'ai pourtant pas mal et je n'ai pas l'impression d'avoir quoi que ce soit de cassé.

- C'est tout l'intérêt d'être une sorcière, non ? Annonce joyeusement l'infirmière. 

J'ai envie de ma taper la tête. Comment je peux être aussi bête. Bien sûr, ma magie à guéri mon corps. C'est pour ça que je me sens assez épuisée, mon pouvoir a puisé dans toute mon énergie pour me guérir. 

Je lui adresse un petit sourire. 

- Est-ce que je peux retourner dans ma chambre alors ? 

Elle hoche la tête sans se départir de son sourire bienveillant.

- Mais je vais quand même te prescrire un petit médicament qui devrait diminuer ta migraine et t'aider à bien te reposer. Tâche de ne plus te faire malmener par les Chasseurs, ils ne se rendent pas toujours compte de leur force. 

- Merci, je vais m'entraîner dur pour leur rendre la pareille. 

L'infirmière éclate de rire et me souhaite bonne chance avant de me laisser filer. 

Arrivée dans ma chambre, j'avale le médicament prescrit et me jette dans mon lit toute habillée, trop épuisée pour me doucher ou même me changer. Je sombre immédiatement dans un sommeil réparateur.

Le lendemain, mon réveil sonne à huit heures précises. Pendant une seconde je pense à l'éteindre et à me rendormir pour ne pas subir une nouvelle humiliation comme hier. Mais la volonté de devenir plus forte pour remettre ces brutes de Chasseurs à leur place l'emporte et je finis par me lever. Fort heureusement je ne suis plus fatiguée, je me sens même en pleine forme. Je n'ai ni douleur, ni migraine. Je suis prête à faire face à n'importe quelle épreuve. Enfin, je l'espère. Je me douche rapidement et remarque que je ne porte pas la trace d'un moindre bleu. Pour une fois ma magie m'est utile. Une fois prête je m'empresse de rejoindre la salle à manger pour engloutir un bon petit déjeuner. C'est l'avantage avec la communauté des Chasseurs. Ils sont tellement riches que ici nous sommes traités comme des rois. 

Dans la salle à manger je rejoins le groupe de Théophile. C'est Lucas qui me voit en premier et me lance un grand sourire.

- Diane ! Déjà sur pieds ? 

Je suis gênée par sa remarque. Est-ce qu'il se fiche de moi ? Est-ce que tous les Chasseurs m'ont trouvé ridicule à vouloir m'entraîner avec eux ? Est-ce qu'ils se sont bien marrés en voyant ma piètre performance ? 

- Et oui, surprise ! Déclaré-je sèchement. 

Les Chasseurs ont dû remarquer mon ton sarcastique puisque Théophile s'empresse de m'expliquer.

- Ne te méprends pas Diane, on est juste surpris que tu sois déjà d'attaque. On a tous été malmenés les premières fois. Moi, après mon premier entrainement intensif j'ai passé deux semaines à l'infirmerie. Et je n'ai pu reprendre les entraînements que un mois plus tard, le temps que mes os se solidifient de nouveau. Tu t'en sors plutôt bien pour une première fois ! 

Je suis prise de court. Je n'aurais jamais imaginé que tous ces Chasseurs qui me semblaient invincibles hier soient passés par le même massacre que moi. 

- C'est quoi ton secret Diane ? Je pensais qu'Héloïse t'avais broyé les côtes hier ! Ajoute Antoine d'un ton dramatique. 

- Effectivement, Héloïse ne m'a pas loupé. J'ai cru qu'elle allait me tuer cette folle ! Si je suis capable d'être debout aujourd'hui c'est grâce à ma magie. Les sorcières ont une capacité d'auto-guérison. 

Antoine et Lucas lancent des sifflements d'admiration.

- N'en veux pas à Héloïse, proteste Théophile d'un ton conciliant, n'importe lequel d'entre nous aurait fait la même chose. Si tu veux t'entraîner avec les Chasseurs tu dois d'adapter à nos méthodes. Même si tu trouve ça barbare, c'est en mettant le Chasseur au bord du gouffre que l'on sait si il a le profil pour devenir un guerrier. C'est en tombant qu'on peut avancer plus loin, qu'on peut devenir les meilleurs. 

Il tient le même discours qu'Héloïse hier. À croire qu'ils ont été formatés. Je ne sais pas quoi dire alors je ne réponds pas. Lucas change de sujet mais mon esprit reste concentré sur leur manière de s'entraîner. Est-ce vraiment une bonne méthode ? Où est la limite ? Ont-ils déjà eu des morts lors de leurs entraînements ? Suis-je prête à tomber, à aller jusqu'au bord du gouffre ? En suis-je capable ? Moi qui voulait me prouver que je valais quelque chose, j'ai peur que ces entraînements intensifs me prouvent que je suis une bonne à rien. Après tout, je ne suis pas comme eux, je ne suis pas une Chasseuse, ce n'est pas mon monde.

- Diane, me chuchote Théophile à l'oreille, arrête de réfléchir, tu as un grand avantage sur nous, tu es sorcière, tu peux te guérir, n'abandonne pas avant d'avoir pu te battre. 



Aliumnos- Chasseuse dans l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant