Chapitre 28

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Diane

Théophile et moi sursautons, et nous nous séparons en vitesse. Dans le processus je m'abîme les poignets retenus entre eux par les menottes. Je grimace de douleur. Je suis déjà toute ankylosée, je n'ai pas besoin d'une énième souffrance en plus. 

Sur le seuil de la porte se tient un homme à la carrure impressionnante. Sa taille immense me fait penser à un ours, il est taillé comme une armoire à glace. J'ai l'impression qu'il pourrait me briser les os d'une simple poigne. Je remonte mon regard vers ses yeux mais je suis surprise de ne pas rencontrer des prunelles rouge sang. Je fronce inconsciemment les sourcils, n'avons-nous pas été kidnappés par des vampires ? 

Alors qui est cet homme ? J'ai ma réponse à la seconde où celui-ci s'avance vers nous. Sa démarche ne laisse aucun doute quant à sa caste. C'est un loup-garou !

J'échange un regard perplexe avec Théo. Qu'est-ce qu'un loup-garou fabrique avec les vampires ?

- Debout, gronde le loup sans préambule. 

Interdits, nous ne bougeons pas, ce qui a le don d'énerver le colosse. 

- Ne me faites pas répéter, grogne-t-il avec une violence non contrôlée.

Le loup semble près à se jeter sur nous d'un moment à l'autre. Sa bouche est entre-ouverte et il souffle comme pour contrôler ses pulsions mortelles.

Les loups-garous sont des êtres impulsifs qui réagissent souvent avec violence. Ils n'ont pas besoin de tuer mais leur excès de colère et la perte de contrôle sur leur coté animal peut les pousser à commettre des crimes atroces. Ils sont donc différents des vampires qui, eux,  sont des êtres sanguinaires qui tuent par plaisir et par nécessité lorsqu'ils se nourrissent. Là où la tuerie est mesurée et contrôlée chez les vampires, elle ne l'est pas chez les loups-garous ce qui parfois les rend encore plus dangereux que les vampires. Quand un loup a cédé à ses pulsions il est impossible de l'en dissuader. Il est donc plus sage de ne pas les contrarier.

Théophile et moi nous levons donc avec empressement, trop effrayés d'être réduit en bouillie par le loup-garou. Celui-ci fait un signe de tête pour nous dire de passer devant. Nous sortons donc de notre cellule et le loup nous emboîte le pas. Nous marchons le long d'un couloir lugubre. Ce couloir semble avoir lui aussi été taillé dans la roche. Les parois argileuses sont éclairées par des centaines de torches. Le plafond est de taille inégale et le loup-garou géant doit parfois se courber pour avancer. De temps à autres nous passons devant d'autres portes blindés ou des fourches menant à d'autres tunnels similaires. Au bout d'une dizaine de minutes, nous arrivons à une porte faite de barres de Titane. Notre gardien ouvre la porte avec une grosse clé pendant à sa ceinture. 

Notre guide nous entraîne dans un dédale de tunnels semblables  au précédent. Par moment un courant d'air vient me fouetter le visage. L'air reste humide et frais. Tout est sombre et terreux ici. Soudain, au détour d'un tunnel quelque chose me fonce dessus. Je cri de surprise et me recule avant de m'apercevoir qu'il s'agit d'une chauve-souris. Le loup-garou me pousse sans ménagement pour continuer notre route et Théophile articule silencieusement "est-ce que ça va?". Je lui fais un signe de tête affirmatif pour le rassurer. Je me remets en marche en essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. 

Pendant tout le trajet, un drôle d'air éclaire le visage de mon ami. Celui-ci jette des regards de tous les côtés, comme si il guettait une occasion. Après un moment, je finis par comprendre son attention et m'empresse de l'en dissuader. Je secoue la tête de droite à gauche. Non, il ne faut pas qu'il essaie de s'évader. Sans arme, il ne peut rien contre le loup-garou qui a l'air très puissant. Sans compter que je ne suis d'aucune utilité menottée de la sorte. Théophile capte mon message et je vois ses épaules s'affaisser en désespoir de cause. J'essaie de lui transmettre de l'espoir par le regard mais le Chasseur semble sourd à mes encouragements muets.

Nous avons croisé quelques vampires sur le chemin qui nous ont jetés des regards terrifiants. Je me demande combien est-ce qu'ils peuvent bien être ici, une dizaine ? une centaine ? un millier ?

Nous marchons depuis longtemps à présent et nous ne sortons toujours pas à l'air libre. Je ne comprends pas, où pouvons-nous bien être ? Si le but était de nous perdre c'est réussi je n'arriverai jamais à retrouver mon chemin dans ce labyrinthe. 

Finalement, le loup-garou nous conduit dans un tunnel plus large qui, après avoir gravis quelques marches de taille inégale, débouche dans une sorte de carrefour d'où partent d'autres souterrains. Nous nous arrêtons devant une porte centrale. Sur la porte sont dessinées en argile des scènes apocalyptiques où les vampires massacres les créatures des différentes races. Ces scènes représentent le règne des vampires. Le loup frappe un coup avant d'ouvrir la porte et de nous pousser de l'autre côté. 

Je comprends à cet instant que je ne reverrai pas le jour de si-tôt. J'avais cru que peut-être nous nous trouvions dans un souterrains d'un château, mais la vérité me frappe de plein fouet : le repère des vampires se trouve dans une grotte.  

La pièce qui s'ouvre devant nous est une salle souterraine. C'est une très grande pièce qui a dû être creusée dans le flanc d'une montagne ou dans un sous-sol suffisamment solide. En son centre, des stalactites et des stalagmites se sont rejoins pour former des piliers. Ces décorations naturelles donnent un côté inquiétant à la pièce. Le plafond est inégalement creusé, bas sur les cotés et haut au centre, donnant un aspect de cathédrale à la salle. A une quinzaine de mètres au dessus de nous, un trou permet de laisser passer quelques rayons de la lune. Il fait nuit ? Pourtant lors de notre capture, le soleil se levait. Combien de temps ai-je été inconsciente ?

C'est la seule ouverture sur le monde que j'ai pu voir jusqu'ici. Les vampires sont des créatures qui n'apprécient pas beaucoup la lumière du soleil, il n'est donc pas étonnant qu'ils se soient réfugiés dans un endroit aussi reculé et sombre. Moi qui n'aime pas me retrouver enfermée dans des endroits confinés, je suis très mal tombée. 

Au milieu de la pièce se tient un fauteuil rouge et or semblable à un trône royal, seul signe de confort aperçu jusqu'ici. La faible lumière des torches accrochées aux parois de la caverne font briller les yeux rouge sang du vampire assis sur le trône. A coté de lui se tient un autre vampire. Les torches n'éclairent que très peu le centre de la pièce, je ne vois donc que les silhouette et les yeux des vampires. Je repère une autre silhouette qui se tient en retrait. L'absence de yeux rouges m'indique que ce n'est pas un vampire. La silhouette est fine et petite. J'ai dû mal à croire que c'est un loup-garou.

- Diane ! Ça fait un moment que je t'attends très chère !

Une voix féminine s'élève du centre de la pièce et le vampire sur le trône se lève et avance dans la lumière. 

De long cheveux blonds bouclés tombent en cascade sur la taille du vampire. Un sourire cruel se dessine sur le visage de la jeune femme, ce qui dévoile des canines pointus. Cette femme aurait pu être très belle sans la marque noire ornant son front. La marque la défigure, la cicatrisation a dû être lente et douloureuse. Elle se compose d'une croix aux bouts arrondis entourée de deux traits en arc de cercle. 

Je reconnais tout de suite ce symbole, c'est celui que toutes les créatures surnaturelles ainsi que les Chasseurs utilisent pour marquer un homme ou une femme qui a trahi sa nature, qui a commis un acte qui déshonore son origine : le symbole de la honte. 




Aliumnos- Chasseuse dans l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant