Chapitre 13

493 43 0
                                    

Diane

Je regarde par la fenêtre du bus qui me mène de Benevento à Venator. La route est plutôt longue et le paysage change du tout au tout. La forêt dense qui entoure mon village niché entre deux montagnes succède à des terres arides où quelques buissons apparaissent. Puis après une heure et demi de route j'aperçois la mer à l'horizon, la végétation devient plus exotique et sauvage.
Nous depassons le bord de mer après quelques kilomètres pour nous enfoncer à l'intérieur des terres d'Aliumnos. Nous empruntons une route traversant un desert pour rejoindre Venator qui se trouve au centre même d'Aliumnos. La route semble sans fin dans ce desert interminable.

Je m'ennuie. Je regarde le siège à côté du mien où mon père s'est endormi dès les premières minutes du voyage. Il doit vraiment être épuisé pour s'endormir comme ça.
Après deux autres heures le desert laisse peu à peu place à une végétation plus dense. Une forêt de pins s'élève devant nous. Contrairement à notre forêt verte et luxuriante celle-ci est sombre et impénétrable. Je me sens soudain toute petite et anxieuse. J'ai du mal à respirer, je ne veux pas vivre ici, ce n'est pas une ville pour moi. Le bus rejoint trop vite à mon goût la ville qui s'étale sur une grande plaine. Nous traversons des grands boulevards très animés. Beaucoup de marchands crient dans la rue, des enfants cours partout, des banderoles de toutes les couleurs clignotent dans tous les coins de rues. C'est tellement différent de mon petit village ! Moi qui n'ai jamais quitté Benevento c'est un choc de me retrouver plongée dans une telle ville.

Après avoir parcouru de nombreuses rues, le bus fini par se garer sur une grande place. En descendant du bus l'air chaud de Venator me fait froid dans le dos. Je jette un regard circulaire autour de moi. La place est carrée et entourée d'arcades en pierre. Une cathédrale s'élève sur l'un des côtés. Son imposante stature m'oppresse. Je me sens comme une intruse ici. Je sens soudain une pression sur mon épaule qui me fait sursauter. Je tourne la tête et croise le regard bienveillant de mon papa. Il me fait un sourire encourageant avant de me mener vers un côté de la place où stationnent quelques taxis. Notre voyage n'est pas terminé.

Nous montons à l'arrière d'un taxi et papa donne l'adresse au chauffeur.
Nous ne parlons pas dans la voiture, pas plus que dans le bus. Je n'arrive toujours pas à croire que mes parents m'abandonnent dans une ville pareille. Je ne connais rien ni personne ici ! Je suis tellement frustrée ! J'ai eu beau suplier, pleurer, crier, je n'ai pas réussi à les faire changer d'avis. Je leur en veux tellement !

Le trajet ne dure pas plus de 15 minutes, nous voilà déjà devant deux grandes grilles donnant accès à une immense propriété entourée par la forêt de Venator.

Lentement, les grilles s'ouvrent permettant a la voiture de s'engouffrer dans les terres des Chasseurs. Un chemin en pierre sinueux s'étale devant nous. Le soleil éclatant de midi se cache derrière un nuage ce qui plonge la forêt dans la pénombre. Les arbres ici sont immenses et austères. Je me ratatine sure mon siège ne me sentant pas à ma place.
Finalement le taxi s'arrête.
Mon père ouvre sa portière et sort. Je l'entends vaguement parler avec le chauffeur et le payer. Le coffre s'ouvre et se referme. Et moi ne reste toujours assise a l'arrière de la voiture.
Soudain, ma portière s'ouvre. Je vois la tête de mon père passer dans l'entrebâillement.

- Tu sors ma princesse ?

J'avale ma salive et me rend compte que ma bouche est totalement sèche. Mince, je suis vraiment paniquée. Je prends une grande inspiration et tente de calmer les battements de mon coeur qui se sont accélérés sans que je m'en aperçoive. Je finis par défaire la boucle de ma ceinture et pose un pieds dehors.

Lorsque je le tiens debout debout je jette un coup d'œil à mon entourage.
Je reste bouche bée. Devant se dresse un immense château. Papa m'avait pourtant parlé de Venator mais je ne m'entendais pas à ça. Le château est de type médiéval avec des tours fortifiées et une grande porte en arc de cercle. Cette forteresse semble impénétrable et pourtant ma mère et ses amis ont bien réussi à s'en échapper. J'éprouve un sentiment de fierté envers mon espèce.

Je vois du coins de l'œil le taxi répartir. J'aperçois mes valises à côté de mon père. Celui-ci se tourne vers moi avec un grand sourire. Il semble heureux d'être là contrairement à moi.

- Bienvenue à la maison ma chérie, déclare mon paternel en m'ébouriffant les cheveux.

Je lui retourne un regard noir.

- Ce n'est pas chez moi, réponds-je d'un ton sec.

Mon père semble peiné par ma déclaration et semble vouloir dire quelque chose. Mais avant qu'il n'ouvre la bouche la grande porte du château s'ouvre. Mon attention se porte sur l'homme qui descend les quelques marches qui mènent à nous. C'est un homme qui semble avoir la soixantaine au vu de ses cheveux gris. Malgré son âge il garde une démarche athlétique.

- Tristan ! Comment vas-tu mon garçon ! Je suis tellement heureux de te voir ! S'écrit l'homme.

- Henri !

Mon père et l'homme se prennent amicalement dans les bras.
Henri, mon père m'a déjà parlé de lui. Il est comme son père adoptif.

- Et cette ravissante jeune fille doit être Diane ! Continue Henri.

Je hoche la tête dans un sourire crispé. Henri me prend subitement dans ses bras et me colle un baiser sur la joue. Je suis mal à l'aise.

- Entrez donc ! Nous parlerons a l'intérieur.

Henri nous précède dans le château. Mon père prend mes deux valises et emboîte le pas du vieux Chasseur. Je reste plantée là un instant, hésitant à profiter de ce moment pour partir loin d'ici le plus vite possible. Hélas mon père m'appelle et je le decide à le suivre.

L'intérieur de la bâtisse est aussi sombre que l'extérieur. De grands chandeliers s'ajoutent aux larges fenêtres afin d'y voir plus clair. Nous traversons le hall et rejoignons un couloir sur la gauche. La décoration se compose de statuts de guerriers et de tableaux relatant des épisodes de l'histoire d'Aliumnos. Sur le chemin nous croisons quelques Chasseurs qui saluent les deux hommes avec respect. Personne ne me prête attention. Et c'est tant mieux je préfère de loin passer inaperçue.

- Nous allons d'abord passer par la chambre de Diane pour déposer les affaires puis nous irons parler dans le petit salon, explique notre guide. Ta chambre Diane est l'ancienne chambre de ton père.

- Tu as de la chance Diane, c'est la meilleure chambre du château ! S'enthousiasme mon père.

- Yeay, soupiré-je ironiquement.

Mon père ignore mon sarcasme et se rapproche d'Henri pour discuter. Je ne les écoute pas.

Après de longues minutes à arpenter des couloirs, monter et descendre des escaliers, les deux Chasseurs s'arrêtent devant une porte en bois.

- Et voici ta chambre Diane, dit Henri en ouvrant le battant. Curieuse, je l'aventure dans la pièce. C'est une grande chambre haut de plafond éclairée par une fenêtre ornée de vitraux. Un lit deux places trône sur un côté de la chambre. À côté de trouve un bureau sculpté en bois.  Une immense penderie est calée en face du bureau tandis qu'une cheminée où crépite un petit feu fait face au lit. À côté de la cheminée se trouve une porte qui semble donner sur une salle de bain privée. Pour finir des teintures décorent la pièce et un tapis rouge recouvre le parquet.

- Alors, elle te plaît ? Demande mon père.

- Ça peut aller, dis-je de mauvaise foi.

En réalité la chambre est incroyable, même à la maison ma chambre ne fait pas le poids.

- Tu veux défaire tes valises ? Avec ton père nous aller discuter un peu au petit salon que je t'ai montré sur le chemin.

Qu'il m'a montré ? Euh je ne devais pas écouter parce que je n'ai aucun souvenir de ce petit salon. Avant que je ne puisse répondre que je ne savais pas où se trouvait le petit salon les deux hommes quittent ma chambre.

Tant pis je trouverai bien toute seule.

Aliumnos- Chasseuse dans l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant