Chapitre 82 (Maelie)

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J'étais étendue de tout mon long sur mon lit, devant la télévision que je ne regardais pas et qui servait juste à combattre mon sentiment de solitude. En l'espace de quelques heures, j'avais pleuré assez de larmes pour remplir un océan. Je me sentais mal mais mal. Mon coeur était noyé par le chagrin tandis que mon esprit n'avait de cesse de ressasser le naufrage que je venais de vivre, et le simple fait de songer qu'il me faudrait me lever le lendemain matin pour aller à l'université me semblait être une épreuve insurmontable. J'avais en horreur l'idée de devoir affronter les regards indiscrets de mes camarades et de devoir subir les remarques désobligeantes de certains d'entre eux qui, bien qu'inscrits en Master et âgés de près d'un quart de siècle, étaient dotés d'un degré de maturité semblable à celui d'un collégien soumis à l'épreuve de la puberté. En bref, si je devais résumer mon état d'esprit actuel, je dirais que j'étais au fond du trou, et j'aurais sans doute passé une nuit d'enfer si Alex Mavri n'avait pas eu la merveilleuse idée de venir sonner chez moi.

Il avait été parfait. Il m'avait apporté l'oreille attentive dont j'avais besoin et surtout il était parvenu, par ses paroles réconfortantes, à souffler toute la culpabilité et la honte qui me rongeaient. Un instant, j'avais pensé qu'il serait tout aussi accablé que moi d'apprendre que des photos de nous circulaient sur internet. Mais, bizarrement, il n'en avait rien été. Au contraire, il ne lui avait fallu que quelques secondes pour encaisser la nouvelle. Après quoi, il avait immédiatement adopté une attitude résolument offensive par rapport à la situation. Il m'avait tenu un discours clair et sans ambiguïté. Selon lui, nous n'avions rien à nous reprocher et il n'était plus question que nous nous cachions. Puisque tout le monde savait pour nous deux, nous devions assumer nos sentiments et vivre notre amour comme nous l'entendions sans nous soucier du qu'en-dira-t-on. Sa position avait fait sens. Nous nous aimions et nous étions heureux ensemble, c'était là ce qui importait. Ce que pouvaient bien en penser les gens n'avait aucune espèce d'importance.

Dès le lendemain, nous avions mis en application notre résolution de nous afficher publiquement. Et le moins que l'on puisse dire était que nous avions mis du coeur à l'ouvrage, n'hésitant pas à forcer le trait pour incarner à la perfection le couple amoureux que nous formions. Aussi, au moment de pénétrer dans les locaux de la faculté, nous nous étions pris la main, et nous avions arpenté ainsi les couloirs qui menaient à l'amphithéâtre sous les yeux médusés des étudiants comme du personnel.

Ils pensaient tous que nous aurions honte, nous étions fiers. Ils pensaient que nous longerions les murs, nous paradions. Ils pensaient que nous nous cacherions, nous nous montrions. Lorsque je regardais autour de moi, je voyais des gens défaits de leurs préjugés pour ne plus être habités que par un seul sentiment, la jalousie. Ces gens étaient jaloux devant ce bonheur à l'état brut que nous leur jetions au visage et qu'ils étaient, eux-mêmes, incapables d'éprouver. Ainsi, nous venions de leur donner, à tous, une leçon sur ce qu'était l'amour, le vrai.

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