Chapitre 24 (Alex)

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_ Je ne vous dérange pas au moins ?

Sa présence ne me dérangeait pas. En revanche, elle me surprenait beaucoup.

_ Non, pas du tout.

_ Je suis là parce-que vous m'aviez dit que, si je voulais, je pouvais passer pour...

_ Pour utiliser ma salle de bain, la coupai-je. Bien sûr. Ma proposition tient toujours.

_ Parfait alors.

_ Je vous en prie, dis-je en l'invitant à entrer.

Elle s'exécuta et nous nous retrouvâmes bientôt tous les deux dans mon appartement ce qui eut l'effet de me tendre considérablement. J'avais un peu comme l'impression de faire venir le loup dans la bergerie. Faire entrer, à cette heure-ci, cette fille si dangereuse de charme et de beauté était une pure folie. Et je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même car c'était moi qui était à l'origine de tout ça. Pas elle. J'avais décidément l'art de me compliquer la vie.

_ Si vous êtes là, j'en déduis que les travaux de réparation n'ont pas dû être de tout repos ? m'enquis-je.

_ C'est le moins que l'on puisse dire. Un fiasco mais je crois que j'aime autant ne pas en parler, dit-elle dans un soupir.

_ Très bien. Comme vous voulez, répondis-je, comprenant que je ne devais pas insister sur ce sujet qui n'avait visiblement pas fini de l'agacer.

Il y eut un bref instant de silence gêné avant qu'elle ne m'interroge :

_ Où est la salle de bain ?

_ Vous suivez le petit couloir et c'est la première porte à droite, lui précisai-je.

_ Merci... dit-elle en s'y dirigeant presque aussitôt.

Avant de disparaître de la pièce, elle se retourna vers moi et me dit dans un sourire :

_ Je vous promets de faire vite. Je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse.

_ Prenez tout votre temps.

Elle acquiesça d'un hochement de tête reconnaissant et s'engouffra dans la salle de bain. Une fois seul, je tâchai de mettre un peu d'ordre dans le florilège d'émotions qui se jouaient en moi depuis que j'avais trouvé Maelie sur mon palier.

Je ne savais pas trop comment interpréter sa venue. Le plus simple m'était encore de considérer cela comme l'ultime recours dont elle disposait pour prendre une douche et se débarbouiller un peu après que les ouvriers que son idiot de bailleur lui avait envoyés aient été incapables de faire leur travail correctement. Ou alors elle avait perçu ma proposition comme une sorte d'appel du pied et c'était pour ça qu'elle était là. Non, je m'interdisais de me laisser aller à imaginer une telle hypothèse et je me répétai cette phrase qui faisait figure pour moi de règle d'or depuis quelque temps déjà :

« Maelie est mon étudiante, je suis son professeur et il ne pourra jamais rien se passer entre nous. »

Un peu d'auto-persuasion, il me fallait au moins ça pour espérer résister à cette attraction qu'elle exerçait sur moi et qui ne me lâchait pas.

Pensant qu'en dépit de sa promesse de faire au plus vite elle en aurait tout de même pour un moment, j'essayai de trouver de quoi m'occuper et surtout de quoi oublier un peu sa présence quand bien même je savais que ce serait très difficile tant elle me me perturbait.

Après avoir tâtonné quelque peu, je jetai une fois n'était pas coutume mon dévolu sur la télévision. Je la regardais si peu souvent que je me demandais bien pourquoi j'avais pris la peine de m'en acheter une.

Le hasard fit qu'elle afficha une chaîne d'information en continu qui était en train de diffuser un débat sur les prochaines élections européennes. Les invités sur le plateau ne lésinaient pas sur les mots doux pour se dire tout le bien qu'ils pensaient les uns des autres au point qu'à plusieurs reprises le présentateur avait dû intervenir pour mettre un terme à ce qui ressemblait de plus en plus à une cacophonie. Tous avaient un avis mais aucun n'avait le même alors évidemment c'était un peu compliqué. C'était surtout trop bruyant et trop détaché des véritables questions de fond pour que je daigne dépenser une seconde de plus à les regarder s'invectiver. Je m'emparai donc de la télécommande et zappai jusqu'à tomber sur un reportage animalier qui traitait du mode de reproduction des mygales asiatiques. Qu'on se le dise, je me fichais éperdument de la vie sexuelle des araignées mais, au moins, j'étais au calme.

De toute façon, mon attention eut vite fait de se détourner de la télévision (si tant est qu'elle y ait été ne serait-ce qu'un instant vraiment consacrée) quand j'entendis le bruit de l'eau s'écouler dans la salle de bain. Ce fut à cet instant que je pris vraiment conscience de la situation presque irréelle dans laquelle je me trouvais. Maelie, cette fille incroyable de perfection et qui occupait mes songes jour et nuit, était en train de se doucher dans mon appartement, à seulement quelques mètres de moi. Je m'en sentis assailli d'une excitation aussi soudaine qu'irrépressible qui me fit me perdre aussitôt dans des pensées fautives.

Je m'imaginais sa silhouette danser comme une ombre chinoise derrière la baie vitrée. Ses formes se mouvoir dans un balet gracieux à travers un nuage de vapeur. L'eau, brûlante, dévaler le long de ses cheveux bruns et parcourir chaque centimètres de son corps. Sa peau pâle rosir sous l'effet de cette chaleur réconfortante. Son regard affamé quand je viendrais la rejoindre. Sa peau frissonner de désir quand mes mains commenceraient à la caresser. Sa langue passer sur ses lèvres, comme une injonction de l'embrasser. Ses doigts attraper ma nuque quand elle viendrait se coller à moi. Son étreinte se resserrer au moment où j'entrerais en elle.

Je fus brusquement arraché à ce paradis fantasmé quand quelqu'un sonna chez moi. Dès lors que je fus redescendu sur terre, je me questionnai. Qui ça pouvait bien être ? J'eus beau réfléchir, je n'en avais pas la moindre idée. Alors je filai de ce pas jusqu'à ma porte d'entrée pour lever le voile au plus vite sur ce mystère.

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