Chapitre 11 (Alex)

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Je n'avais pu me retenir de lui demander son nom après l'avoir ramenée en voiture, sacrifiant ainsi tous les efforts que j'avais consentis pour l'ignorer pendant le trajet.

Elle s'appelait donc Maelie Aurano. Je trouvais que ça sonnait plutôt bien.

J'avais beau faire, je ne parvenais pas à me la sortir de la tête. Elle encombrait mes pensées partout et tout le temps. Et le fait que je la voie presque tous les jours en cours comme à la résidence n'arrangeait rien. Quand bien même je parvenais à me détacher de son image un instant, il suffisait que mes yeux trouvent à se poser sur elle de nouveau pour qu'elle revienne aussitôt m'obséder. Car oui, elle était en train de devenir mon obsession et je devais lutter chaque seconde un peu plus contre moi-même pour ne pas que celle-ci ne me précipite sur une voie dangereuse à l'issue incertaine. Le plus simple pour m'éviter les problèmes étaient encore de mettre le plus de distance entre nous. Je m'y attelais. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire d'autant qu'elle avait décidé de me compliquer la tâche.

Elle m'avait envoyé un mail dans lequel elle me demandait d'être son directeur de mémoire. Elle souhaitait réaliser son travail sur l'un des sujets que j'avais proposés, « La dépendance du ministère public », et faisait reposer ce choix sur son intention de devenir Procureure de la République. En plus d'être belle, elle était aussi ambitieuse apparemment.

Je ne pouvais m'empêcher de me demander si ses plans de carrière étaient bien la seule raison qui l'avait poussée à me choisir comme responsable de ce projet. Je ne la connaissais pas véritablement et je pouvais donc difficilement savoir avec exactitude ce qu'elle pensait de moi. Pourtant, j'avais cru relever dans son comportement quelques indices qui pouvaient m'amener à penser que je lui plaisais. Il y avait d'abord sa voix, empreinte d'hésitation quand elle s'était adressée à moi. Ces regards répétés, aussi, qu'elle m'avait lancés discrètement dans la voiture pensant à tort que je n'en remarquais rien. Et enfin, cet air ravi qui avait couvert son visage après que je me sois enquis de son nom. Tout cela contribuait à me forger cette conviction.

Lorsque j'avais reçu son message, ce serait mentir que de dire que je ne m'en étais pas senti heureux. Mais j'avais surtout été bien embêté.

Dans un premier temps, je ne lui avais pas répondue parce-qu'il me fallait inventer une raison à peu près crédible de refuser sa demande. Je n'avais évidemment aucun argument objectif pour m'opposer à ce que nous travaillions ensemble et ma décision tenait en fait à ce petit quelque chose d'inavouable que je ressentais pour elle et que je devais à tout prix combattre. Or, si nous devions collaborer pour son projet, je risquais de devoir la côtoyer plus que je ne le faisais déjà et je craignais que la situation ne finisse par devenir ingérable. Finalement, je m'étais donc fendu d'un gros mensonge dont je pensais naïvement qu'il tiendrait. Ainsi, je lui avais simplement répondue que le sujet avait déjà été pris par un autre étudiant et qu'il n'était plus disponible.

Avec ça, je me pensais tranquille. C'était méconnaître Maelie Aurano qui était une fille douée d'une grande détermination qui ne s'accommoderait pas de mon refus aussi facilement. A sa manière, elle allait me donner une leçon pleine de panache qui ne manquerait pas de me surprendre autant que de m'impressionner.

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