Chapitre 27 (Maelie)

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Je m'apprêtai à sortir de la salle de bain quand je surpris un échange de voix qui semblait venir du séjour. Visiblement, Alex Mavri avait de la visite. Qui pouvait bien venir le voir à une heure pareille ? Curieuse, je m'accroupis près de la porte et collai contre celle-ci une oreille attentive pour ainsi pouvoir distinguer le contenu de la discussion.

Première information ; le mystérieux invité était en fait une invitée ce qui ne manqua pas de me déranger. Le fait que cette femme se trouve chez lui ce soir ne me plaisait guère. Ça ne voulait pas dire que j'étais jalouse pour autant. D'ailleurs, pourquoi le serais-je ? Ce type pouvait bien être beau comme un dieu et bâti comme un roc, avoir un regard revolver et une intelligence si attirante que je me demandais si je n'étais pas un peu sapiosexuelle sur les bords ; il n'était rien de plus à mes yeux que mon voisin et mon professeur de procédure pénale. Il ne devait être que ça. Je venais tout juste de m'en faire le serment et j'avais bien l'intention de m'y tenir. Et puis rien n'indiquait que l'intruse soit sa petite-amie. Après tout, elle pouvait aussi bien être une collègue, une connaissance de passage dans la région, ou peut-être même sa soeur. Pourquoi pas ?

« Figure-toi que mon chef m'a miraculeusement donné ma journée et, comme je suis aussi de repos ce week-end, je me suis dit que j'allais en profiter pour faire un petit coucou à mon futur époux... ».

Comment ça « mon futur époux » ? m'indignai-je. Bon. Là, de toute évidence, elle était un peu plus qu'une simple collègue, qu'une connaissance ou qu'une soeur. Alex Mavri était donc fiancé. En voilà une terrible nouvelle. Enfin, une surprenante nouvelle voulais-je plutôt dire car, au fond, je m'en fichais pas mal qu'il soit sur le point de se marier. Pour ainsi dire, ça m'était complètement indifférent. Cela dit, je trouvais quand même que cette fille avait de la chance d'épouser la perfection incarnée. Une bonne partie de la gent féminine l'envierait sûrement pour cela mais pas moi. Non, bien sûr, il était de notoriété publique qu'Alex Mavri ne me faisait pas le moindre effet.

En attendant, je me retrouvais coincée dans la salle de bain car je ne pouvais pas raisonnablement faire irruption dans le séjour devant mon hôte et sa compagne. En effet, je doutais que cette dernière apprécie de me voir ainsi sortir de la salle de bain de son homme. Si tel devait être le cas, elle risquait bien de se faire des idées et je ne voulais surtout pas briser l'harmonie conjugale qui régnait entre eux. Quelle genre de fille serais-je si je faisais une chose pareille ?

Je m'inquétais quand même de savoir combien de temps elle comptait rester ici car j'aimais autant ne pas passer la nuit cachée dans une salle de bain. Alors, quand j'entendis Alex Mavri dont je devinais au timbre de sa voix qu'il n'était pas vraiment à son aise (c'était parfaitement compréhensible au vu de la situation) proposer à sa dulcinée une escapade romantique en ville, je m'en trouvai presque soulagée. Non pas que l'idée de l'imaginer dînant aux chandelles avec sa fiancée me ravisse mais, au moins, je pourrais en profiter pour m'échapper pendant leur absence. Et dormir dans mon lit serait tout de même beaucoup plus confortable qu'à même le carrelage.

Comme ils étaient sur le départ, je voulus me redresser pour me préparer à sortir. Et, évidemment, je fis précisément la bourde qu'il ne fallait surtout pas faire. Dans un instant de maladresse impardonnable, j'envoyai valser d'un coup de hanche mal placé un gobelet en verre oublié inopportunément dans un coin de l'évier. Celui-ci vint éclater en mille morceaux sur le sol dans un bruit strident qui suffit très largement à trahir ma présence. Quelques secondes s'écoulèrent encore durant lesquelles je me trouvai immobile, comme figée par la culpabilité. Dans le même temps, Alex Mavri tentait désespérément de calmer la fureur qui s'était emparée de sa compagne. En vain. Leurs éclats de voix se rapprochèrent inéxorablement et, bientôt, je vis la poignée de la porte s'incliner.

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