Chapitre 40 (Maelie)

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Alex Mavri m'avait finalement répondu le jour même par un message qui avait des faux airs de plaidoyer et dans lequel il avait pris soin de semer, ici ou là, des compliments qui devaient être destinés à me flatter pour mieux me convaincre de faire machine arrière. A dire vrai, je m'étonnais qu'il s'émeuve à ce point de ma décision car je pensais qu'elle lui aurait été complètement égale. Ça n'était jamais qu'un projet de mémoire après tout. Ce n'était pas comme si je m'apprêtais à révolutionner le droit et qu'il tenait absolument à en être. Il fallait être un peu sérieux. Alors pourquoi tant d'effusion de sa part ? Je n'avais de cesse de relire sa réponse pour tenter de comprendre ses véritables motivations.

« Madame Aurano,
J'accuse bonne réception de votre décision mais je tiens à vous faire savoir que je ne l'approuve pas ni ne la comprends.
En fait, je dois dire que je ne peux que m'étonner de vous voir renoncer à ce projet qui, il y a encore quelques jours seulement, semblait tant vous tenir à coeur. Aussi, je crains que ce choix ne soit fondé sur de mauvaises raisons et c'est pourquoi je profite de ce mail pour tenter une nouvelle fois de désamorcer cette situation que je trouve fort dommageable pour vous comme pour moi.
Au risque de me répéter mais je fais le pari qu'à force d'obstination vous finirez peut-être par me croire, je n'ai jamais éprouvé à votre égard de pitié comme vous semblez le penser. Et, s'il est vrai que j'ai pu employer ce terme (malencontreux je vous l'accorde) l'autre soir, je vous assure qu'il n'avait vocation qu'à apaiser ma compagne dont vous avez pu constater par vous-même qu'elle était assez énervée.
Le fait est que, contrairement à ce que vous imaginez, je ne vous trouve que des qualités. Pour le peu que je vous connaisse, vous me paraissez être une jeune femme pleine de caractère, brillante et promise à n'en pas douter à un bel avenir. C'est d'ailleurs précisément parce-que je vous estime beaucoup que j'ai accepté d'encadrer votre mémoire. Et je dois bien avouer que j'ai été très déçu d'apprendre votre intention de mettre un terme à notre collaboration dont je reste persuadé qu'elle serait
très enrichissante pour tous les deux.
Cela étant dit, que les choses soient claires. Mon but n'est pas de vous forcer la main. Tout ce que je vous demande, c'est de prendre le temps de reconsidérer la question. J'ai l'espoir qu'ainsi vous changerez d'avis mais, si ça ne devait pas être le cas, je me plierai évidemment à votre volonté.
Dans l'attente de votre retour,
Cordialement,
Alex Mavri. »

A quoi jouait-il ? J'avais beau me creuser la tête, je n'en avais aucune idée. L'autre soir, il avait parlé de moi comme d'une moins-que-rien à sa fiancée et, depuis, il n'en finissait plus de vanter mes qualités. C'était totalement insensé. A croire qu'il essayait désespérément de se rattraper.

Je mentirais si je disais que son message ne m'avait pas touchée. En même temps, il était difficile de rester insensible face à toutes ces louanges qu'il venait de me tresser. Pleine de caractère, brillante et promise à un bel avenir. Ça ressemblait presque à une déclaration d'amour. Bien sûr, je savais que ça n'en était pas une mais il n'en demeurait pas moins qu'il semblait avoir tout fait pour me prendre par les sentiments.

Il n'y avait pas à dire. Alex Mavri maîtrisait à la perfection l'art de la manipulation. Mais je ne me ferai pas avoir par son petit numéro. Pas cette fois. Je ne savais pas ce qu'il espérait au juste en se fendant d'un tel mail mais, quoi que ce soit, il risquait d'être déçu car j'étais bien décidée à ne surtout pas lui faire le plaisir d'aller dans son sens en revenant sur ma décision de couper court à notre partenariat. Bien au contraire. Je resterai campée sur ma position. Quant à mon « retour » comme il disait, il pourrait bien l'attendre longtemps car je ne lui répondrai même pas.

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