Chapitre 53 (Alex)

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Depuis que j'avais annoncé ma décision à Elodie, la culpabilité ne me quittait plus. Il fallait dire que sa réaction n'avait pas eu de quoi m'apaiser. Elle avait fait preuve d'une telle virulence à mon égard... Mais je ne lui en tenais pas rigueur. Si j'avais été à sa place, j'aurais sûrement éprouvé le même sentiment de trahison et d'abandon, et je me serais peut-être emporté de la même manière.

Le pire dans tout ça était encore que je lui avais menti une énième fois lorsque j'avais nié en bloc quant au fait que mon soudain renoncement à notre mariage pouvait avoir un quelconque rapport avec Maelie. Cela étant, je ne pouvais évidemment pas lui dire la vérité sans quoi je n'aurais fait qu'accroître encore sa peine que je devinais déjà immense. Il me semblait donc que j'avais fait le bon choix.

Ce week-end pénible que je venais de passer à m'en vouloir avait au moins eu le mérite de me ramener à la réalité. Je m'étais rendu compte que je n'étais pas en mesure d'assumer une relation avec Maelie. Pas encore. A peine quelques jours plus tôt, j'étais encore sur le point d'épouser Élodie et je ne pouvais pas passer à autre chose comme ça, en claquant des doigts. La décence m'imposait d'attendre un peu avant d'envisager une nouvelle histoire. Par conséquent, je pris la décision de me faire violence et de me tenir à l'écart de Maelie. Je ne le faisais pas par gaieté de cœur mais c'était encore le meilleur moyen de ne pas succomber à ses charmes.

Seulement, après l'aveu que je venais de lui faire, Maelie n'allait évidemment pas se satisfaire de mon indifférence. Sans surprise, elle ne tarda donc pas à venir me réclamer des explications. Elle le fit même dès l'issu de mon premier cours de la semaine, m'obligeant alors à lui faire part de ma résolution.

Sa première réaction fut l'incompréhension. Il fallait dire que je lui avais dit tout et son contraire. Un instant, je lui confiais que je l'aimais et, l'instant suivant, je lui révélais mon intention de mettre de la distance entre nous. Elle avait de quoi être perdue. D'ailleurs, elle l'était.

Très vite, elle me demanda des explications et je peinai à me justifier. Poussé dans mes retranchements, je finis par lui dire la vérité, à savoir que je me sentais mal vis à vis d'Elodie et que j'avais besoin de temps. Mais, fidèle à ce côté obstiné que je lui connaissais déjà, elle insista. Quant à moi, à court d'arguments, je m'emportai une nouvelle fois que je pensais être celle de trop.

Dire d'elle qu'elle était « la première venue » comme je venais de le faire était, en outre d'être complètement faux, très malhabile. Il était évident que Maelie n'avais pas dû apprécier. Aussi, je m'attendais à des réprimandes voire même à ce qu'elle tourne les talons et qu'elle parte sans demander son reste, trop agacée pour daigner répliquer. Pourtant, il n'en fut rien et elle adopta au contraire une réaction qui eut le don de me surprendre. Après avoir tout de même pris le soin de me recadrer, elle me dit :

_ Vous n'avez rien fait non plus pour m'empêcher de vous embrasser. D'ailleurs, je suis à peu près sûre que vous rêvez autant que moi que nous recommençions.

La vérité était qu'elle avait mille fois raison. J'en rêvais d'une manière totalement déraisonnable. Mais je ne devais pas céder. Je feignis l'ironie :

_ Alors là vous délirez complètement.

Elle ne s'était pas laissée démonter. Et pour cause. Elle savait sûrement qu'elle ne délirait pas le moins du monde.

Juste avant de s'éclipser, elle m'avait d'ailleurs répondu, comme pour me mettre au défi :

_ C'est ce qu'on verra Monsieur Mavri.

Je trouvais son attitude pour le moins étrange et je me demandais bien ce qu'elle avait en tête...

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