Chapitre 55 : Cache cache

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Eil était complètement sonnée dans les bras de Ael. C'était stupide qu'elle aille à cette sanglante cellule de crise. Elle n'était pas en état physique ni psychologique. La finalité de la réunion,entre cri et couteau, l'avait décidément convaincu qu'elle aurait du rester à l'infirmerie.

-Eil tu es toujours avec moi ?

-Oui, dit elle mollement sur l'épaule de son garde.

Celui si courait tant bien que mal dans les couloirs, s'éloignant de la potentielle boucherie qui se passait dans la salle de réunion.

-Trede...

-Je retourne la chercher dès que tu seras en sécurité, dit il, le souffle court.

Eil n'avait pas la force de protester. Elle voulait savoir sa petite sœur en sécurité. Comment allait sa mère ? Son père ? Pesked ? La situation avait elle été contrôlée ou bien il y avait un véritable bain de sang ? Qui était officiellement le roi ou la reine de Wezenn à présent ?

Ael avait eu la bonne idée de ne pas conduire la princesse dans sa chambre. Si il y avait un problème c'était le premier endroit où ses ennemis iraient chercher la nouvelle héritière du royaume. Ael déposa Eil dans sa petite bibliothèque, assise contre la fenêtre. Le soleil semblait vouloir se coucher mais rien à faire il ne descendait pas. Toute la forêt était illuminée d'un orange solaire.

« C'était donc ça les feux éternels ? ».

-Je reviens tout de suite. Je vais essayer d'analyser la situation et si je peux aider quelqu'un de ta famille j'en ferais une priorité.

Il reparti à la vitesse de la lumière pendant que Eil regardait la forêt parla fenêtre. Entre les médicaments et la fatigue elle n'avait pas l'énergie de pleurer sur son sort désastreux. Le temps passait doucement. Trop doucement. Dans son état quasi végétatif Eil comptait les secondes en désespérant un peu plus à chaque instant de voir Ael revenir.

Mais Ael était bien de retour dix minutes plus tard dans tout ses états.

-Il faut qu'on parte ! Maintenant !

-Qu'est ce qui se passe ? Tout le monde va bien ?

Ael déjà entreprit de porter Eil pour partir au plus vite.

-Non ! protesta elle d'une voix faible. Dit moi se qui se passe.

-Je... je ne suis pas certain mais... Je suis vraiment désolé d'avoir à t'annoncer ça Eil, mais ta mère est morte.

Eil accusa le coup. Le temps sembla s'arrêter, comme si il avait perdu son sens. La grande reine morte ? Sa maman ?

Ael ne lui laissa pas le temps de s'effondrer.

-Je ne sais pas qui la tuée. Tout se que je sais c'est que les gardes de Morglas ont prit le dessus. Une bonne partie de la famille royale de Yenbras à été tuée. Pesked vient tout juste de se proclamer roi de Wezenn. Il vient officiellement de confisquer toute les réserves de vivres de Wezenn ainsi que tous les dirigeables. Ton père et Trede vont bien mais ils sont gardés en otage. Ils te cherchent partout Eil ! Ils cherchent l'héritière officielle. Les gardes frappent les domestiques pour savoir où tu es ! C'est trop dangereux ici, il faut partir ! On ne sait pas qui a tué qui. Tout ce que j'ai vu c'est Pesked couvert de sang qui n'était pas le sien. Je ne l'ai jamais vu dans une telle rage.

Eil le savait, Pesked ferait tout pour sauver son peuple, il était née pour ça. Dans sa folie meurtrière que se passerait-il si il croisait l'héritière de Wezenn ? Aucune personne avec le fluide dans ses veines était saine d'esprit. Aucune. Ael avait raison, ils devaient fuir. Eil s'accrocha à son cou pendant que Ael ouvrait la fenêtre. Ils partaient ensemble entre les arbres, sous le soleil couchant qui ne se couchait jamais.



Que dire ? Que c'était il passé les jours qui ont suivis le massacre ?

Ael avait réussi à porter Eil jusqu'à la forêt. Le chemin avait été périlleux, difficile, épuisant sous le vent violent. Ils avaient failli tomber à de nombreuses reprises des murailles. Ael c'était écorché, blessé et avait suivi de son mieux les indications de Eil. Quand il passait devant les fenêtres du palais ils avaient entendu les cris, la terreur, les ordres aboyés ici et là.

Tout les deux, ils étaient parvenu jusqu'à la foret. Ils s'étaient reposés dans les galeries sauvages. Ils y avaient vécu trois jours pendant lesquels Ael allait dans les hauteurs cueillir de la nourriture et des plantes pour accélérer la guérison de l'héritière de Wezenn.

-On va rester quelques jours ici en attendant que tu ailles mieux. On cherchera d'autres solutions plus tard. C'est trop le bazar dehors. Pesked a effectivement prit le pouvoir. Le gens n'osent plus manifester auprès du palais, les gardes tirent dans la foule. Et dans le reste du monde c'est pire apparemment, des guerres ont éclatés un peu partout, sans parler des révolutions.

Le deuxième jours, si on pouvait appeler cela un jour car le soleil n'avait jamais prit la peine de se coucher, Ael était arrivé en courant dans le couloir. Eil allait beaucoup mieux mais elle avait l'impression que ses sens étaient moins aiguisés qu'avant. Elle se sentait si faible.

-Il fait nuit !

-Hein ?

-Tout le monde est en train de prier ! Le monde c'est remis à tourner !

Tout ces morts, toutes ces guerres, tout ces massacres avaient eu lieu que pour trois jours seulement. Eil aurait pu hurler de frustration. Sa mère était morte, tant de barbarie pour seulement trois jours ! Mais non. Elle était tellement soulagée qu'elle hurla de joie !Ils se sautèrent dans les bras.

-Par les grands arbres !

-Le monde va s'en sortir !

Ce n'était pas la fin du monde. Beaucoup de chose avaient été détruite mais ce n'était pas la fin. Ils pleurèrent des larmes de joie ensemble. Ael plaqua ses lèvres contre celle de Eil.

-C'est tellement bon de te voir sourire de nouveau.

Ils s'embrassèrent une fois de plus, passant leurs mains dans les cheveux de l'autre. Eil n'était plus fiancée à Pesked. Plus rien ne la liait à la couronne si elle le voulait. Elle souhaitait juste rester là, dans cette galerie sinistre que Ael illuminait de sa chaleur. Il était tellement beau, tellement doux, tellement courageux. Elle l'aimait de tout son cœur. Ils avait vécu tant de choses ensemble.

-Je t'aime Eil. Depuis le premier jour.

Eil aurait pu lui avouer ses sentiments mais ses émotions étaient encore trop instable. Kentan et sa mère avaient disparu de sa vie. Son existence avait été transformée de tout au tout.

Elle lui dit tout cela entre deux sanglots. Il avait écouté, comme il l'avait toujours fait.

-On va essayer de stabiliser tout ça alors.

-Comment vais-je faire pour sortir ? Je ne peux pas vivre dans la forêt avec cette apparence.

Eil faisait référence à son physique de déesse. À ses yeux rouges, des cheveux bordeaux, ses tatouages de racines.

-Justement, il faut que je te parles d'un truc.

Il sortit de son sac un petit miroir qu'il avait du trouver pendant une de ses expéditions.

-Il semblerait que ta petite opération chirurgicale improvisée a porté ses fruits, rajouta-t-il.

Eil prit le miroir entre ses mains. Ses yeux n'étaient plus rouges, juste d'un noir corbeau. Ses tatouages de racines, étaient devenu grisâtre et presque transparent. Les racines de ses cheveux étaient simplement brun.

Elle n'était plus une déesse.

Lorsque Les Arbres Auront Des CrocsWhere stories live. Discover now