Chapitre 43 : Gouttes de sang

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Eil avait désespérément besoin d'aide, besoin de soutien. Elle savait où trouver cela mais elle était actuellement incapable de quitter sa chambre. Elle n'avait absolument aucune idée de comment crocheter une serrure. Mais le désespoir amène à des décisions désespérées. Elle alluma l'eau de la douche au maximum, mis en route son tourne disque à fond.

Avec ce boucan elle espérait que ses gardes ne l'entendraient pas et qu'ils mettraient tout ce bruit sur le compte de la colère. Elle entoura son poing d'un tissu épais et de toute ses forces cogna contre la plus grande vitre de sa fenêtre. L'air s'engouffra dans la pièce. Eil avait quelques petites blessures sur son bras. Quelques gouttes de sang coulaient sur sa manche, mais elle s'en fichait. Elle avait conscience qu'elle se blesserait bien plus en passant l'étroite ouverture. Elle y passa sa tête sans trop de problème, mais ses épaules, ses hanches et ses jambes écopèrent de nombreuses égratignures.

Elle n'avait pas pris son temps. Elle n'était pas sûre d'en avoir. Elle traversa son labyrinthe externe du château à une vitesse affolante, risquant à tout moment de tomber. Au bout de quelques minutes, elle était de nouveau dans la salle du trône. Les domestiques nettoyaient la pièce mais elle savait se faire discrète. Elle se faufila parmi les plantes des murs. Chercha dans les divers tunnels d'entretien la trace de son ami.

-Ael ? appelait-elle en y croyant de moins en moins.

Avait-il déjà fini son service ? Elle continua activement ses recherches et finit par tomber sur lui.

-Ael !

Une fois de plus elle tomba dans ses bras. Elle sanglotait, ses larmes ruisselaient abondamment sur son visage. Elle était complètement perdue. Elle se sentait prisonnière de sa condition.

-Par les grands arbres Eil ! Qu'est-ce qui ne va pas ?

Le jeune et timide jardinier était un peu gêné de tenir ainsi la princesse de Wezenn dans ses bras. De tenir une fille dans ses bras tout simplement. Mais l'idée de soutenir son amie était plus importante que sa maladresse chronique. Le sang qui s'accumulait sur les vêtements de la princesse était plus important que sa pudeur.

-Rien ne va. Je n'ai absolument aucun contrôle sur ma vie. Demain je dois partir à Morglas avec un homme que je connais à peine. Je n'ai aucune idée de quand je rentrerais dans mon pays. Je me rends compte que chaque instant de liberté que je pensais avoir était contrôlé et que je n'avais aucune arme pour me défendre contre ça. Ael, je sais à quel point ça a été difficile pour toi d'atteindre ton rêve et à quel point ma demande est complètement égoïste. Mais je ne sais pas comment procéder autrement. J'ai besoin de toi à mes côtés, d'un soutien, d'une aide pour veiller sur mes arrières.

-De... de quoi tu parles ?

Eil était morte de honte à l'idée de lui demander cela. Comment pourra-t-elle se regarder dans une glace après cela ?

-Je pars à Morglas demain et je ne peux être accompagnée que de ma garde royale.

Elle cacha son visage dans l'épaule de son ami. Elle lui demandait de démissionner de son poste qu'il aimait plus que tout pour rejoindre de nouveau la garde. Un poste qui avait fait affreusement souffrir le jeune homme sensible qu'il était. Il prit du temps avant de répondre quelque chose. Beaucoup de temps. À chaque seconde qui passaient Eil sentait son cœur battre un peu plus fort.

-Il y a une forte faune maritime à Morglas. Je suis sûr que ça peut être une force d'étudier la botanique là-bas pour la suite de ma formation.

Eil pleura de nouveau. Un long sanglot qui semblait ne jamais finir. Elle le sera plus fort. Il fit de même. Elle prit conscience de la puissance d'une amitié.

Lorsque Les Arbres Auront Des CrocsWhere stories live. Discover now