22. Remise au point

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Octavia

Je ne sais pas ce qui se passait, mais Clarke, quand elle était revenue le jeudi pour l'entraînement était déchaînée. Elle s'était entièrement plongée dans la séance et elle y allait franchement. Elle contrôlait bien ses coups, personne ne fut blessé, mais elle se mettait volontairement en danger. Risquant de prendre des coups, ce qui ne manqua pas. À plusieurs reprises. Mais elle se relevait, le regard rempli de rage et elle reprenait, même blessée. Kane dut lui dire de quitter le tatami alors qu'elle venait de prendre une balle en plein visage, le nez en sang.

Je m'inquiétais pour elle. Je demandai l'autorisation de sortir pour aller la voir. Quand j'arrivai dans les vestiaires, je la vis assise se tenir la tête puis elle se leva et donna un coup de pied phénoménal dans un casier.

– Wow, Raiponce, calme-toi !; elle se retourna, les larmes remplissant ses yeux, elle les ferma et tourna la tête.; Qu'est-ce qui t'arrive, Clarke ?

– Rien.

– Mais bien sûr. Alors le casier, il a fait quoi ? Il t'a insultée ?; elle fit un bruit me signifiant que je la faisais chier.; Bon, tu vas me dire ce qui se passe ?; elle souffla bruyamment.

– Rien.; je m'approchai d'elle, la retournai et la retins par les épaules.

– Clarke ?

– Un trop plein d'émotions.

– Donc tu fais tout pour te blesser ?

– Non, je me défoule. J'en peux plus, je vais exploser si je fais rien.

– Change-toi ! Je vais faire pareil et toi et moi on va aller discuter devant un bon repas !

– J'ai pas faim.

– Je te forcerai si tu manges pas de toi-même, tu le sais, j'espère ?; je la vis sourire légèrement.; Ah bah voilà la Clarke que je connais !

On se changea dans le silence et je l'emmenai dans une pizzeria.

– Alors ?; elle soupira.

– J'ai des sentiments pour Lexa.

– OH MAIS QUEL SCOOP !; je la vis sourire à mon ton ironique.; Bon et ?

– Et, elle vient de perdre Costia. Et y'a eu tout un tas de trucs et j'ai pas su le cacher assez et elle le sait.

– Oh.

– Oui, oh. Elle aime, apparemment, les contacts qu'on peut avoir, mais elle veut pas me faire souffrir, elle trouve que c'est injuste, qu'elle « profite » de la situation et qu'elle préférait qu'on évite, pour pas me blesser.

– C'est plutôt honorable de sa part, je trouve.; elle me regarda d'un air dépité.

– À ma place, tu aimerais que Lincoln te sorte un truc pareil ?; je réfléchis une seconde et secouai la tête de façon indécise.

– Je sais pas trop. D'un côté, elle fait ça pour pas te faire souffrir, alors qu'elle aime aussi... Et qu'elle l'air d'en avoir besoin. Je pense que c'est pas si facile pour elle de repousser ça.

– Mouais.

– Elle le cache peut-être mieux. Comment elle a su ?

– Parce que mon corps m'a trahie.; j'ouvris de grands yeux, j'étais à deux doigts d'éclater de rire, Clarke le remarqua et elle leva les yeux au ciel.

– Tu te fais des idées. T'es vraiment obsédée ! Disons qu'elle s'est accrochée à moi en dormant et qu'elle m'a rapprochée d'elle en commençant à se réveiller...; elle me regarda dans les yeux.; Elle est allée jusqu'à frotter son nez dans mon cou. Comment veux-tu que je réagisse à un truc pareil ? Mon coeur s'est emballé et elle l'a entendu.; là, c'était trop pour moi, j'éclatai franchement de rire. Clarke croisa les bras, en boudant un peu.

– Nan mais avoue, quand même, c'est drôle...

– Tellement. Elle s'est réveillée en me disant que mon coeur battait quand même vachement vite.; une nouvelle crise de rire m'échappa. Elle attendit que je me calme avec un regard dépité.; Tu fais chier, O'. Et puis, j'ai fini par fuir de la pièce. Quand je suis revenue dans la chambre, elle était en pont arrière, son t-shirt remontait un peu sur son ventre. Et j'ai pas pu m'empêcher de regarder, j'ai carrément bloqué, je crois.; je me mordis les lèvres pour ne pas encore rire.; J'ai refermé la porte et j'ai dit « putain » en posant ma tête dessus. Évidemment, elle l'a entendue...; ça devenait de plus en plus difficile de ne pas rire.; J'ai tout fait pour éviter le sujet. Mais elle a insisté, quand elle m'a prise dans ses bras et a posé sur tête contre moi, mon corps a réagi... J'ai d'abord sursauté, puis j'ai frissonné. Elle a compris, avec tout le reste...

– Ah bah, elle aura mis le temps ! Elle est vraiment aveugle ! Et alors, c'est plutôt bien qu'elle sache ?; je la vis se taper le front de la main.

– Costia est morte hier, O'. C'est une cata, oui !

– Non, au contraire. Bon, c'est triste, je suis d'accord. Mais plus rien ne la retient maintenant. Elle a juste besoin...

– De temps, oui, je sais. Elle m'a dit qu'elle avait besoin de faire le point et qu'elle ne voulait ni me faire espérer ni me faire souffrir.

– En voilà une fille bien ! Bonne à marier ! Elle sait cuisiner ?; elle me regarda avec un air ahuri qui me fit éclater de rire.; Oh tu verrais ta tête !; elle finit par sourire.

– T'es aussi infernale que Reyes, tu le sais ?

– Mais au moins, tu vas mieux.; elle fit un mouvement de la tête pour confirmer plus ou moins.; Laisse-lui du temps, un peu d'espace, si elle se rend compte qu'elle a des sentiments, t'inquiètes pas qu'elle va accourir !; je la vis froncer les sourcils.; Oh, c'est plutôt évident, elle se comporte pas de la même façon avec toi ! Toi aussi t'es aveugle, ma parole ! Comme tu l'as dit, elle vient de perdre celle qu'elle aimait. Il lui faut du temps pour souffler, encaisser ça, l'accepter. Et elle finira par se rendre compte que c'était plus facile à gérer quand t'étais à ses côtés pour la soutenir et la consoler. T'en fais pas, elle va retrouver le chemin de tes bras !; elle eut un petit sourire rassuré.

– Je préfère ne pas me faire d'illusions. On verra.; je me levai et lui mis une tape sur la tête.

– Ça t'apprendra ! Depuis quand t'es défaitiste, Griffin ?! Remue-toi ! Et plus de conneries ! T'es capitaine de l'équipe. On compte tous sur toi ! Tu dois nous gueuler dessus et nous pousser à nous surpasser ! Comment on pourrait assurer si t'es pas là pour nous en faire baver !; elle éclata de rire, cette fois.; Et tu nous fais gagner ce putain de match ! C'est clair ?; elle hocha la tête.

– Oui, chef !

La soirée se finit dans les rires et je la ramenai chez elle, elle était déjà plus détendue. Elle était toujours là pour tout le monde, toujours là pour nous forcer à donner le meilleur de nous-même. Elle avait parfois besoin d'un coup de pouce aussi ! On lui devait bien ça !

Le lendemain, l'entraînement fut plus qu'intense. Effectivement, elle avait pris mes mots au pied de la lettre : elle nous gueulait dessus, on était mou, on allait jamais gagner avec un jeu aussi déplorable. Du grand Captain Griffin !

Autant dire qu'elle nous en a fait baver toute la semaine suivante, nous poussant toujours plus. Elle avait basé pas mal de séances sur la réactivité et la rapidité. Certaines autres, elle nous avait poussé à bout pour qu'on soit carrément des brutes en puissance, mais elle avait été satisfaite du résultat ! On l'avait tous détestée ! Maudite, même !

La veille du match, elle nous avait dit d'aller nous détendre pour être en forme. 

Une question de tempsWhere stories live. Discover now