La fille

93

INAYA

J'ai pris ma décision, je vais aller voir Amy aujourd'hui pour lui parler. Elle a vraiment intérêt à faire part de son baiser avec Walid, je ne compte pas garder ça pour moi.

Ce matin mon père m'envoie faire des courses, j'avais trop le seum parce que j'étais trop fatiguée. Toute la nuit je n'ai pas dormi, je l'ai passée devant des films. Franchement ma vie en ce moment c'était n'importe quoi, je me réveille, je mange, je regarde des films. Y'a aucun but, aucun sens, parfois mon père me dit de travailler mais je ne me sens pas tellement de travailler en ce moment.

Une fois que la liste de course a été établi par mon père, je prends ma voiture et prend la direction du magasin. Je n'avais même pas la tête à mettre de la musique sur le trajet tellement j'étais fatiguée. Simplement vêtue d'un leggings adidas et d'un sweat-shirt large avec une paire de tongue, je me sens trop moche.

J'entre dans le magasin avec mon cadis lorsqu'on me bouscule. Alors il est 10h du matin, j'ai dormi 5 heures de temps, je suis pas lavée, moche et on me pousse ? Je m'apprêtais à lâcher mes nerfs sur la personne qui a osé me pousser, lorsque celui-ci se confond en excuse, à sa voix je me suis paralysée. Lorsque je tourne ma tête à droite, je me rends compte que c'était Yazid.

J'étais choquée de le voir, je me suis arrêtée et je suis restée bloquée devant lui. Ça faisait deux mois que je ne l'avais pas vu, deux mois que je ne faisais que penser à lui, pleurer en pensant à nos souvenirs, à regretter mon choix, parfois à l'assumer.

Le revoir fait remonter trop de choses en moi. Il n'avait aucune expression sur le visage, je pensais qu'il allait dire quelque chose mais il a simplement continué son chemin. De là j'ai senti mon cœur se briser en mille morceaux. Je penses qu'il est passé à autre chose, c'est même évident. Autrement il m'aurais dit quelque chose, il aurait montré une expression, de la tristesse ou même de la colère. Mais rien de tout ça.

Je me sentais trop trop mal, blessée. J'ai laissé mon cadis puis je suis sortie monter dans ma voiture. À l'intérieur j'éclate en sanglot, je pleure à avoir le souffle coupé.

Je pensais pas que le revoir me ferai aussi mal, mais je me sens brisée. Il a clairement fait une croix sur moi, il m'a regardée comme une étrangère, comme si nous n'avions pas passé deux ans ensemble, à s'aimer et à se projeter.

J'ai démarré la voiture, ça faisait peut-être dix minutes que je m'étais calmée, à regarder le vide avec des larmes qui coulaient le long de mes joues. Il fallait que je bouge ma voiture, je ne veux pas prendre le risque que Yazid me voit dans cet état en sortant, j'ai beaucoup trop de fierté.

Je sors du parking, d'une main je conduisais, de l'autre je cherchais désespérément une paire de lunette de soleil. Sans faire exprès, j'ai tamponné une voiture devant moi. Le conducteur ne tarde pas à sortir de sa voiture pour constater les dégâts. Il n'y avait aucune traces, il arrive à ma vitre:

— Mais ça va pas non ?! Vous ne pouvez pas regarder devant vous ? cris le monsieur

— Je suis désolée.

Il souffle et retourne dans sa voiture, je démarre et trombe et je fais un tour, histoire de penser à autre chose, et je ne voulais pas que mon père me voit dans cet état.