Chapitre 41

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- Méloé ? me dit Moh en tapant sur mon épaule.

Je ne réponds pas.
Voilà, je ne la sentais pas cette soirée.
Je savais bien.

- Chérie ? dit la femme en face de moi.

Elle reste face à moi. Son pas en avant me fait reculer.

- Agápi ? me dit Ken en posant son bras sur mes épaules.

- Ce sont tes amis ? me dit elle.

- C'est qui Mel ? soupire Deen.

Mais aucun mot ne souhaite sortir de ma bouche.

- Mon amour... ça va aller. Parle moi.

Une boule de nerf se forme dans ma gorge mais les larmes ne menacent pas de tomber.
J'ai trop pleuré pour ses actes et ceux de son ancien mari.

La main de Ken descend désormais sur ma hanche et un baiser est déposé sur mes lèvres

- Vous êtes son petit ami ?

Il ne lui accorde aucunement son attention. Ses yeux sont plongés dans les miens et essayent avec difficulté de résoudre le mystère que je leur impose.

- Ma puce... dit la voix tremblante de l'autre.

Les gars m'entourent de tous les côtés, je n'aperçois presque plus sa présence, seulement sa voix.

Mon regard croise à nouveau celui de Ken. Il a compris qui elle était. Je lui ressemble comme deux gouttes d'eau et Oana, c'est encore pire. Il a compris parce que son visage se fait compatissant désormais.

Les autres s'activent toujours à me questionner dans un cahot incroyable.

Mais peu m'importe tant que lui, il m'a comprise. Parce que lui il sait toujours quoi faire quand je suis mal. Quand je suis en bas et que lui aussi, on remonte à deux. Si l'un de nous a le malheur d'être plus heureux que l'autre, le second l'abaisse à son niveau. C'est triste, mais c'est comme ça.

- Elle casse les couilles, venez on bouge... se plaint Mekra.

Je vois Idriss s'avancer vers elle et c'est à ce moment là que mon cerveau décide de se réveiller et ma voix de hurler :

- Ne t'approches pas d'elle Idriss Akrour !

Mon cri raisonne dans la rue, le temps se fige, les mouvements s'immobilisent, les respirations se coupent.

Les gars s'écartent de moi, un air presque choqué sur le visage à cause de mon ton autoritaire.

La femme s'approche d'Idriss qui n'a pas bougé, complètement ébahi.

- Comment s'appelle le jeune homme aux cheveux longs et la casquette ? lui demande-t-elle.

- Ken, madame.

Je suis spectatrice de ses gestes. Comme je l'ai toujours été.

- Ken ? appelle-t-elle.

C'est à lui de reculer d'un pas cette fois ci. Il m'entraîne avec lui à m'éloigner d'elle comme si le démon émanait de son corps. C'est une pauvre femme qui a vécu des choses qu'elle n'aurait jamais dû vivre et que personne ne devrait pouvoir même imaginer.

Les yeux de mon copain sont guidés par la peur. Je lui ai transmis ma hantise de la revoir sans savoir que faire.

- Ne parle pas à mes amis... réussis je à dire.

Elle hoche la tête.

Ma mère a toujours été gentille. Trop gentille par ailleurs.

- Je t'aime ma chérie, sourit elle.

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