Chapitre 24

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Je scanne des gobelets en plastique.

Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, la routine ne me dérange pas, loin de là. Elle me rassure. Au moins une chose stable dans ma vie.

Je scanne une boîte de céréales.

Sincèrement, je déteste les surprise et les choses faites à l'improviste. Ça m'insupporte et ça m'angoisse au plus au point.

Je scanne un paquet de bonbons.

J'ai l'impression d'être décalée par rapport aux gens de mon âge. Est ce que je suis anormale ? Peu importe à vrai dire. C'est pas comme si c'était un choix après tout.

Je scanne des ballons de baudruche.

Après tout, je crois que je n'aurai pas aimé vivre comme les autres. À quoi bon perdre son temps à faire la fête alors que la vie ce n'est pas ça ? La vie c'est travailler pour subvenir à ses besoins et puis crever, c'est tout.

Je scanne une brique de jus d'orange.

Je lève la tête et me retrouve nez à nez avec la mère de Louna, la meilleure amie de Oana.

- Méloé ! s'écrie-t-elle. Ça fait un moment ! Je ne savais pas que tu travaillais ici ma chérie.

La mère de Louna m'a toujours plus ou moins considérée comme sa fille. C'est une des seules personnes qui connaît la galère que je me suis tapée. Oana était à la crèche avec Louna, voilà comment j'ai fait sa connaissance. Quand elle me voit, elle essaye sans arrêt de me faire sourire. Cette femme est fabuleuse.

- Maintenant tu sais Samira, rigolais je.

- Qu'est ce que tu fais à travailler dans un supermarché toi ? Tu peux faire bien mieux !

- Je dois bien nourrir la petite... soupirais je. Et puis j'ai arrêté les cours avant de passer mon BAC.

Elle soupire longuement avant de déclarer :

- J'ai un poste qui va se libérer dans ma boite. Je vais essayer de t'arranger ça ma chérie...

Elle récupère ses courses, paye et puis s'en va.

Dès lors où j'entends la voix de la personne suivante, mon corps se tétanise. Pas de Doums sauvage en vu cette fois, tu vas devoir de te démerder toute seule ma grande.

- Il m'a bien mis K.O le sale noir de l'autre fois...

Je commence à scanner ses articles sans réussir à contrôler mes tremblements.

J'entends dans sa voix qu'il sourit.

- Tu réponds toujours pas ? Je vais t'attendre tu sais...

Cette seule phrase suffit à me donner des frissons et à faire apparaître des bouffées de chaleur. Je déteste le dire mais j'ai peur. Je sais qu'il est réellement capable de m'attendre. Il l'a déjà fait une fois. Seulement cette fois ci, Ken était apparu comme par magie. Sauf qu'actuellement, il fait le mort.

Après l'apparition soudaine de Ezio, il a pété un câble. Pété un câble à la Ken, évidemment. C'est pas un gars colérique ou violent. Il m'a juste balancé une phrase assassine en me regardant dans les yeux avant de partir sans un mot de plus. Bizarrement, qu'il crie et s'énerve m'aurait moins dérangée que ses quelques mots.

"T'arriveras jamais à faire face à toi même avec ce genre de comportement."

Voilà ces mots. Comme à son habitude, c'est pas clair. C'est même incompréhensible.

Tout ça pour dire que je n'ai aucune nouvelle de lui depuis 2 jours. J'avais bien dit que l'un de nous deux finirait par partir.

Pour essayer d'être un minimum clair avec moi même, j'ai réussi à m'avouer qu'il me manque. J'ai juste besoin de lui, c'est évident. Il me manque. Sa voix, son odeur, ses cheveux, son sourire, ses réflexions, ses mots, ses souffrances me manquent. Ken me manque. Mais mon égo me force à ne rien faire et à le laisser revenir. Parce qu'au fond, je sais qu'il ne me dirait par qu'il est amoureux comme ça. Ken n'est pas le genre d'homme à balancer ses sentiments amoureux. Surtout depuis Élise. Bref, je sais qu'il reviendra mais ça ne m'empêche pas de douter. Si le destin l'écarte de ma route, c'est qu'il n'avait rien à y faire.

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