Chapitre 35

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Non, ce n'est pas à moi de ramper à ses pieds.

Il avait dit. Il m'avait prévenue mais je l'ai pris à la légère.
Ken a fuit.
Fuit.
Littéralement.
Personne ne sait où il est. Même pas ses potes.
Il me disait qu'il fuyait toujours ses problèmes.
Je n'en avais pas encore fait les frais.
Ce n'était qu'une question de temps.

Cela fait désormais 8 jours tout pile qu'il a disparu de la circulation.

Je ne le chercherais pas. S'il part, il a une raison et le forcer à revenir reviendrait à restreindre ses droits... et ma liberté.
Je deviendrai quoi moi si je me soumettais pleinement à la tentation de tomber pour lui ?

Il m'énerve.
Ce n'est pas la haine qui parle pourtant.
C'est un gamin, un vrai gamin.
Son comportement enfantin me fatigue.
Il joue l'enfant à bouder quand ça va pas plutôt que de se confronter aux problèmes.
C'est ça qui m'insupporte sincèrement.
Il ne prend pas ses responsabilités.

Je suis en tord aussi. Je suis loin d'être parfaite et mon comportement de pleureuse me mets hors de moi.
Honnêtement, je n'aurais pas à lui dire qu'il me mentait lorsqu'il disait qu'il m'aimait. Je ne suis pas lui, ce n'est pas à moi d'en juger. Je sais pertinemment que c'était pour le blesser que je l'ai dit mais je n'ai pas réussi à m'en empêcher. Et puis il m'a fait mal aussi...

Ça me fait chier parce que je l'apprécie. Je l'apprécie vraiment.
Pas comme un pote de passage que tu revoies de temps en temps.
Il s'est installé dans ma routine si bien établie sans pour autant la bouleverser totalement.

Je me rends maintenant compte de toute la merde que j'ai pu faire. Je m'en rends compte mais je ne l'accepte pas. C'est dur d'être une meilleure personne. Je veux devenir meilleur mais c'était lui qui m'aidait à m'améliorer. Il n'est plus là.

Et voilà que je me culpabilise...
Stop.
Je ne suis pas une chouineuse.
Me lamenter comme je le fais est inutile.

Mais j'ai vraiment détesté qu'il me mette dans son album.
Je suis convaincue que ce n'est toujours pas ma place et qu'il regrettera quand nous nous séparerons. Si ce n'est pas déjà le cas.
Oui, Ken m'aime. Il aimait Élise aussi mais ça je m'en fiche. Le passé n'a plus d'importance désormais. Je ne suis pas jalouse. Le problème c'est qu'ils mélangent nos deux histoires. Et ça, ça me fout en rogne. J'ai l'impression qu'il me met au même niveau qu'elle alors que je suis censée prendre une toute autre place dans sa vie.

Je lui en veux. C'est tout.

Il ne me comprend plus.
Moi non plus.
Comment on a pu en arriver là ?
Surtout que la transition s'est faite à une vitesse fulgurante.
À partir de la soirée où nous nous sommes dit que c'était nous, c'est parti en vrille.
Le premier instant reflétait déjà la fatalité à laquelle nous allions être confrontés.

Et par dessus cette histoire d'album, il se tire.
Il est purement égoïste à fuir de la sorte en me laissant terriblement seule.

Je me sens vide.
J'ai cette lueur en moi qui semble avoir disparu en même temps que lui. C'est ça qui m'emmerde vraiment. Je me sens terriblement seule. Je sens ce vide se creuser chaque seconde où il est loin de moi.
Je déteste cette sensation. Il est devenu trop vite à mes yeux ce que je ne voulais plus jamais connaître.

Je pars donc pour ma première journée de travail sur ses pensées bien tristes.

J'entre dans mon bureau et me mets à l'œuvre. Secrétaire, je visais mieux mais on fait avec. Quand on a une bouche à nourrir, on se débrouille comme on peut.

Je déjeune avec Samira. J'aime cette femme et je l'admire. Elle a élevé seule sa fille et n'a jamais faibli face à l'adversité. Elle mérite le respect de tous.
Quand je lui conte le changement d'attitude de la petite, elle attire mon attention sur un détail auquel je n'avais pas prêté attention auparavant :

Passion.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant