Chapitre 16

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- Je vais juste sur le balcon. C'est tout.

Il hoche la tête avant de desserrer son étreinte pour me laisser partir. J'arrive à me faufiler jusqu'au balcon en évitant la foule. Une fois sur le balcon, la grande bouffée d'air frais me fait du bien.

Je regarde le ciel noir aux étoiles effacées par la pollution. Mon regard tombe sur la fenêtre voisine. Un couple est posé sur un canapé à regarder la télévision. Cette image pourtant toute simple me trouble.

Pourquoi j'arrive pas à être heureuse ? Plein de personnes y arrivent. Pourquoi pas moi ? J'aimerai oublier mon passé difficile et me consacrer à moi. J'y arrive pas. Mon père et ses actes viennent se hisser dans n'importe quelle situation. Et j'ai peur. J'ai peur de souffrir comme ma mère a souffert. J'ai peur d'être dépendante de quelqu'un comme elle. J'ai peur de reproduire les mêmes erreurs que j'ai déjà faite mille fois. Peur de souffrir et de faire souffrir. Peur de tout en réalité. Ce petit côté nonchalante et qui se fiche de tout me sert juste à enfouir ce mal être bien profond.

J'ai peur. J'ai peur. J'ai peur.

- Ça va ? me dit une voix douce.

Je me retourne et découvre une fille accoudée à la rambarde.

- Ouais, t'inquiètes.

- Sûre ?

Je la déteste déjà d'avoir engagé la conversation. Je veux retrouver Ken. Mais son grand sourire et ses beaux yeux verts me forcent à rester sur ce balcon à l'écouter parler.

Elle est magnifique. Sa peau noire contraste avec ses dents très blanches et parfaitement alignées. Elle a des courbes qui me font tourner la tête alors que j'ai uniquement posé les yeux dessus. Ses yeux verts pétillants imposent une forme de respect. Son afro est soignée, elle doit être belle en toutes circonstances.

- Ouais. Sûre.

- T'as pas l'air d'avoir envie de me parler. Je me trompe ? sourit elle encore une fois.

Mon cerveau n'arrive plus à réfléchir devant une femme si parfaite.

- Tranquille.

- Pas très bavarde.

Je soupire.

- J'aimerai bien rentrer. L'alcool me fait mal à la tête. Mon ami est avec des potes à l'intérieur.

- Tu dors chez lui ?

- Ouais.

- Et c'est ton ami ?

- Nan.

Ken n'est pas mon ami. Il ne l'a jamais été. Je sais pas ce qu'il est. Une sorte de confident mais il est loin d'être un ami. Il est juste là, ça me suffit amplement.

- Attends quoi ?

- Laisse tomber.

- Je vais te chercher un verre d'eau pour ton mal de tête et tu m'expliques.

Elle ne me laisse pas vraiment le choix et s'en va dans l'appart.

Je n'ai rien à dire. J'ai jamais ressenti le besoin de mettre au clair ma relation avec Ken. Mais maintenant qu'elle m'en parle, elle ne me paraît plus du tout normal. Enfin, je n'ai vécu ça avec personne. Il me comprend. Je suis moi avec lui et ça fait du bien. Il m'a fait du bien.

Elle me tend le verre d'eau et je vois qu'elle a ramené un pled. Elle tapote la place à côté d'elle à laquelle je m'installe avant qu'elle ne nous recouvre de la couverture.

- Dis moi tout ma belle.

Elle m'a appelée "ma belle". C'est peut être insignifiant mais venue d'une femme comme elle... Mes joues surchauffent et je tente de respirer normalement. J'arrive à construire une phrase à peu près cohérente

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