Chapitre 19

3K 141 73
                                    

Nous nous baladons dans Paris avec Ken depuis maintenant quelques heures. Il a mis sa capuche sur sa tête comme s'il évitait quelqu'un. Il le fait à chaque fois que l'on sort, j'ai l'habitude.

La nuit tombe sur la capitale. Je fais remarquer à Ken que je ne dois pas rentrer trop tard car je travaille le lendemain. Il me répond qu'il doit me montrer quelque chose avant de me ramener chez moi.

Je n'ai pas revu son groupe de potes depuis la soirée. Cela fait maintenant deux semaines que Oana est parti et elle revient demain soir.

Ken me fait zigzaguer dans les petites rues jusqu'à me mener à un endroit précis. Nous tombons sur un square. Il n'a rien de particulier, un terrain vague peu aménagé. Il y a quelques bancs, des arbres avec de la pelouse et une aire de jeux pour enfant. Ça a l'air de ne pas avoir été rénové depuis un bon moment mais ça donne un charme particulier à ce lieu.

- Je crois que c'est l'endroit le plus important pour moi, me dit il en avançant vers un banc.

Je le suis et m'avance sur ses traces. Il continue :

- J'ai tout fait ici. Absolument tout.

Un petit sourire prend place sur mon visage sans que je ne puisse le réprimer. Je sais que mon montrer ce lieu est très important pour lui. Le ton rêveur qu'il emploie me fait rapidement comprendre que c'est un lieu plein de sens.

- J'y suis pas revenu depuis mon début de relation avec Élise... soupire-t-il.

- Tu l'as jamais emmenée ici ? demandais je.

- Nan. C'était un peu notre spot avec les gars depuis le collège. J'ai déjà ramené quelques meufs mais j'ai vite compris que je pouvais pas ramener n'importe qui là.

Pour lui, je ne suis pas n'importe qui. Voilà ce que je retiens. Je le sais. Mais en ce moment où ma sœur est loin de moi, il est rare que l'on me fasse des compliments.

- Par rapport à ce que Élise t'as dit il y a deux semaines... Je sais pas trop ce qu'elle t'as raconté enfaite mais tant qu'elle peut me faire chier, elle fera. Fais pas gaffe à elle.

- Je sais bien qu'elle disait de la merde.

Je savais au plus profond de moi qu'elle disait n'importe quoi mais je n'arrive pas à m'empêcher de croire qu'il y a une part de vrai. Elle ne peut rien inventer. C'est pas possible. Et puis elle a eu juste à propos de mon attirance pour les femmes et les hommes, pourquoi elle aurait tort à propos de Ken ?

Nous continuons notre bout de chemin dans le square et à chaque fois que nous passons devant un endroit, il me raconte une petite anecdote de lui et ses gars.

Je connais très peu ses amis mais c'est comme si j'étais des leurs à cause de Ken. Il en parle sans cesse, tout le temps, partout. J'ai l'impression d'avoir vécu des trucs avec eux alors que pas du tout. Je les ai vu une seule fois.

- Et ici, c'est là que j'ai rappé pour la première fois. Il y avait Mek, Fram et Alpha autour du banc. Je suis monté dessus et j'ai rappé un truc que j'avais préparé chez oim.

- Rappé ?

- Ouais. C'est mon métier. Je suis rappeur.

Je fronce les sourcils. Attends, attends. QUOI ?
Pourquoi il se met à m'en parler comme ça ? Pourquoi maintenant ?
Mais. Rappeur ? Rappeur. Mais. Je suis perdue là. C'est pas un vrai métier ça...

Il a l'air de lire mon incompréhension et essaye de s'expliquer.

- Je suis rappeur. Je sais, c'est chelou. Si tu demandes : oui, je suis connu et c'est pour ça que je tente de me cacher quand on sort; oui, j'arrive à en vivre depuis que mon album est sorti.

Passion.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant