Chapitre XVI

20 4 7
                                    

Virace, le retour ! Marche à l'ombre, bordel...

La journée habillée de sa belle robe dorée et de la lueur ambrée du crépuscule sembla perdurer durant une petite éternité jusqu'à ce que finalement les prémices d'une nuit noire et parsemée d'étoiles éclosent. Finalement, la nuit tombée, nous fûmes tous contraints de rentrer chez nous, chacun de notre côté ; Yvan et Sasha dans leur manoir respectif, Seth à l'étage de la guilde, Samaël à l'église et moi dans ma maison.

Lulu ronchonna quelque peu en constatant l'heure tardive à laquelle je rentrais depuis que je m'étais fait des amis cependant, sûrement heureuse pour moi, elle n'en chercha pas plus.

Les souvenirs de cette journée bien remplie me trottait dans la tête et arrachait le sommeil de mes possibilités. Une fois mes paupières closes, le visage plein de détermination de Samaël se dessina dans mon esprit harassé.

- " N'empêche, je me demande quand est-ce qu'on sera capables d'intégrer la guilde. J'aimerais tellement me rendre utile à cette ville. Elle m'accueille même si je suis un monstre alors, ce serait un juste retour des choses." avait-il dit.

Un semblant de peur et d'angoisse trahissait le timbre serein qu'il voulait garder. J'imagine que, depuis son abandon du cirques des bêtes, il avait du errer dans pas mal d'endroits, tous le rejetant sans exception. Il devait éprouver un profond sentiment de reconnaissance envers Rosran alors, qu'au final, elle ne l'acceptait pas pour autant.

Je n'ai toujours pas trouvé les bons mots, ceux que j'aurais du lui dire.

Cependant, le visage délicat et raffiné de Sasha qui surpris noter conversation vint m'ôter tout questionnement. Je ne pouvais réfréner le rouges de mes joues en pensant à son beau visage. Puis, ce n'était pas tout... Elle était vraiment mignonne et, au fond, j'étais certain qu'elle était gentille et bien plus douce qu'elle ne voulait le montrer.

Sur ce songe, mon esprit s'évapora jusqu'au monde de Morphée, le rose persistant sur mon visage endormi et de doux rêves jonchant ma nuit.


Le lendemain me parut étonnamment sec, marquant peut être le début des jours chauds. Toutefois, rafraîchi par l'arrivée du métis, toujours sur son perchoir, je ne m'en préoccupait plus.

Nous affranchissant des formalités d'usage, nos pieds nous conduisirent comme à leur habitude jusqu'à la place du village où quelques passants semblait profiter du soleil pour sortir de leur chez-eux.

Soudain, à l'entrée de la guilde où nous souhaitions entrer pour retrouver notre ami, le corps d'une femme passa devant nous, la violence avec laquelle elle fut éloignée de l'intérieur lui arracha un cri.

- " Je vous en prie, messieurs ! Mon mari s'est fait attaqué par cette satanée Virace, à cause d'elle, il ne pourra plus travailler aux bâtiments ! C'est déjà la troisième attaque depuis, comment allons-nous vivre à ce train-là ?" s'époumonait-elle, le visage ruinée sous ses larmes et la voix tiraillée par ses sanglots.

Toutefois, non sans montrer une certaine empathie, l'aventurier en face d'elle avait une apparence impressionnante, le corps sculpté par les combats et la vieillesse déjà empreinte sur son faciès. Il ne poursuivit cependant pas dans son sens et repoussa avec de plus en plus d'impatience la petite femme qui s'accrochait désespérément à ses bras, les ongles profondément ancrés dans les manches du vétéran.

- " Je suis désolé, ma petite dame mais c'est impossible. Le roi est en ce moment même en train de réclamer des combattants. Il prévoit d'entrer en guerre contre nos voisins et le peu de personnels restants ne peut malheureusement pas accéder à toutes vos demandes. Navré."

Sur ces brèves paroles, le guerrier tourna le dos à la paysanne éplorée toutefois, celle-ci n'eut pas la force de le suivre, ayant déjà saisi que, quoiqu'elle fasse, toutes tentatives se solderaient à un échec cuisant. Elle retint son effondrement en empoignant fermement sa robe cependant, si elle voulait fondre en larmes et épancher sa tristesse en plein milieu de la place, elle n'en fit rien. Elle partit simplement, bouche cousue, et rentra sans doute chez elle tenir compagnie à son époux blessé.

Sans qu'on n'ait le temps de dire quelque chose, Seth débarqua en courant de la bâtisse :

- " Hé hé ! Votre très estimé chef est là !"

Habitués à cette salutation des plus modestes, Samaël et moi ne réagissions plus néanmoins, quelque chose me trotta dans la tête en contemplant l'arrivée du fils du Maître de la guilde.

Si un monstre terrorisait Rosran et que la guilde ne pouvait rien y faire, il était certain que cela causerait toujours plus de problèmes. Or, dans toutes les légendes que nous avons lu à la bibliothèque, il est dit que les héros règlent les soucis des habitants alors, si nous souhaitions en devenir, il fallait que nous combattions cette Virace, non ?

Songeant sans doute à la même chose que moi, une expression grave sur le visage, Samaël se renseigna auprès du nouvel arrivant quant à cette fameuse bête. Le benêt sembla pris de court par cette question inattendue et se gratta la tête en réfléchissant. Faisant fi des borborygmes incessants de Seth perdu dans ses pensées, mon camarade métissé patientait silencieusement tout en serrant le poing.

- " Ah ! Oui, je m'en souviens, maintenant. Avant-hier déjà, un bonhomme était venu pour ça. Je crois que la Virace dont il parlait rodait par le petit muret, près des plaines. Mais bon, mon papa m'a dit qu'il y trop de requêtes déjà engagées pour en accepter de nouvelles avec tous les hommes partis à la frontière sous ordre du roi. Enfin, pas que j'y ai compris grand chose, hein !"

En entendant ça, mon esprit se remémora la silhouette du muret de pierres auquel mon ami faisait allusion. Pas très haut, des pierres arrondies et mal taillées qui s'empilaient maladroitement les unes sur les autres et d'une longueur anormalement petite, on venait à s'en demander quel était l'intérêt de l'avoir un jour construit. Cependant, il laissait une traînée ombragée sur le chemin qu'il bordait et, d'après les dires, c'était ce petit coin d'ombre dans un endroit qui n'en avait pas que ses bâtisseurs avaient recherchés au moment de fonder la ville.

Toutefois, si je m'égarais dans l'histoire, ce n'était certainement pas le cas de Samaël, pensant à sa volonté d'être utile.

- " C'est décidé, nous allons battre cette bestiole !"

Flügel-Tome IIWhere stories live. Discover now