Chapitre XXVII

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Adelfés si théa

A l'intérieur de mon scaphandre métallique, ma respiration paraissait sifflante. Mon corps semblait dériver vers le fond de l'océan et pourtant, j'avais la nette impression de voler.

Là, à des centaines de mètres de profondeur, je me sentais à la fois si légère et si lourde qu'à chacun de mes semblants de pas, j'imaginais être en train de déchirer l'océan pour m'y frayer un passage. Voir la silhouette de mes camarades dans leur scaphandre ne m'empêchait pas de me noyer dans la solitude, là à des centaines de mètres de profondeur, sous le plafond trouble et lumineux de la surface.

La lumière se raréfiait à mesure que l'on avançait, nous faisant des signes de mains pour nous comprendre. Personne n'était resté à bord du bateau qui nous avais emmené jusqu'à notre point de plongeon. C'était tout ou rien, avait-on décidé. Tout le monde vivrait ou tous mourrait, c'est tout. En acceptant de sombrer en direction de la cité de sirènes, nous avions accepté le sort, tel qu'il soit, que notre aventure nous réservait.

En revanche, à l'instant où mes yeux se posèrent sur notre destination, ignorant les bancs de poissons qui nous entouraient, tous mes doutes s'évanouirent.

L'Atlantide.

Ressemblant trait pour trait à cette cité légendaire, une gigantesque cité sous la mer protégée par un dôme invisible se dressait au fin fond d'un océan obscure et glaciale. Poursuivant sa route, une baleine souleva violemment les vagues et une bourrasque de courants s'abattit sur la cité pourtant, pas un seul remous ne vint entamer la surface de ce véritable écrin.

Même nous avions reculé face à la puissance de ce mammifère alors que devant nous, la ville grouillante de monstres faisaient fi de cet être imposant. Enfin, c'était relatif car la cité dépassait la taille d'au moins trois baleines à elle-seule et veillait sur le sable à ses pieds.

A l'avant, Samaël nous fit signe d'approcher jusqu'au sol, valsant entre les poissons. De près, la cité semblait encore plus imposante. A l'intérieur du dôme, de gigantesques bâtiments translucide et à l'apparence gélifié encerclait une tour digne d'un conte de fée.

Cependant, si nous souhaitions voir plus que l'aspect de la ville, il nous fallait y entrer et c'était bien là-dedans que résidait le problème. Il ne s'agissait pas d'exterminer cette nouvelle espèce alors entrer de force serait idiot et tenter de parler avec un monstre ferait de nous des personnes encore plus idiotes.

Brusquement, Keith désigna du regard ses poings qu'il tapait l'un contre l'autre, un grand sourire aux lèvres. Visiblement, nous sommes accompagnés d'un idiot. L'air profondément exaspéré, Yvan lui cogna la nuque avant de nous montrer l'entrée du domaine.

Le dôme était clos par une sirène à trois têtes portant chacune un œil unique et au corps constitué de tentacules gélifiées, bras et épaules unies et liées à la structure protégeant la ville.

Alors comme ça, cette créature sert de portail, songeais-je, les yeux rivés sur le monstre difforme.

A côté de moi, entendre les chamailleries de Keith et de Samaël occupés à s'expliquer dans le tube en lien avec tous nos scaphandres, je ne parvenais pas à trouver une solution convenable au problème qui se posait devant nous. Pire encore, même si nous étions partis au coucher du soleil pour ne pas se faire doubler par d'autres aventuriers, il ne fallait pas s'éterniser pour autant. Si seulement je n'avais pas ce scaphandre grotesque sur le corps, je me serais masser les tempes avec plaisir face au mal de tête qui se profilait à l'intérieur de mon crâne.

Ce n'était pas tout, le froid commençait à s'infiltrer dans nos combinaisons à mesure que nous restions dans les profondeurs et quand la nuit sera tombée, ce n'est pas dit que nous allions y réchapper.

- " Mais ils ont qu'un œil, il doivent avoir des angles morts de toute façon ! Suffit de les prendre par surprise !" aboya Keith dans mon dos.

J'étais une fille de la noblesse. En tant que telle, de pareilles complaintes ne devraient point m'atteindre. Pourtant, à cet instant ma raison toute entière disait aux conventions d'aller au diable avec cordialité.

- " Vous n'avez pas finis, là ?! Contrairement aux imbéciles que vous êtes, il y en a qui essaye de chercher de vraies solutions !" fulminais-je les sourcils froncés d'impatience et les poings serrés sous mon équipement.

- " Mais c'est que t'es pas bête, mon p'tit Trois pommes ! Enfin, p'tit Trois pommiers serait plus juste vu ta taille, maintenant..."

Je soupirais d'agacement en tentant de me remettre dans ma réflexion quand cette fois-ci, ce fut Samaël qui reprit la parole. Certes, c'est notre ami et Maître, certes, je ne peux pas nier avoir un tout petit faible pour lui, certes mais ce n'est pas une raison pour me déranger quand je désire avoir la paix, songeais-je un sourire effroyablement serein sur les lèvres.

- " Pour une fois qu'il a une bonne idée ! On a qu'à se faufiler à l'intérieur de la cité en utilisant les angles morts de cette bestiole, pas vrai ?"

Tout comme Yvan et Seth, je ne savais plus si je devais rire ou pleurer. Cette idée était sans conteste la seule idée que nous avions eu mais elle se révélait aussi être un plan suicidaire. Partageant mes pensées, notre trésorier tenta de frotter les verres de ses lunettes en vain avant d'oublier sa mimique et d'exprimer sa pensée :

- " Sinon, une fois rentrés, comment comptez-vous réussir à ce que l'on s'infiltre dans une cité remplie de monstres et ensuite parvenir à s'en sortir, messieurs les génies ?"

C'était une question à laquelle ils n'avaient pas de réponse, si ce n'est un "J'en suis un, de monstre, moi" proposé par Samaël cependant c'était notre seule option. Après toutes ces dépenses pour venir jusqu'ici, c'était bien la seule chose que nous puissions faire et c'est ainsi que la mission infiltration dans la cité de monstre débuta, pour le meilleur et pour le pire.

Flügel-Tome IINơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ