Chapitre 33. Anecdotes

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🎶Christopher🎶

Les minutes s'écoulent et nous sommes là, assis sur les transats du jardin à se regarder, sans qu'aucun de nous deux n'ouvre la bouche. Luna hésite à parler, ayant peur des mots qui pourraient sortir de sa bouche, et moi, je n'ose rien dire de peur de la faire fuir. À cette allure, les siècles passeront et nous n'aurons pas avancé d'un iota. Nous avons l'air de deux inconnus qui se parlent pour la première fois. Semblable à deux gamins qui seraient timides à l'idée de faire la rencontre de l'autre. Remarque à cet instant, c'est ce que nous sommes. Il faut que l'on se réapprivoise, que l'on se redécouvre.

— Tu... disons-nous en chœur.

Un rire nous échappe et je lui fais signe de prendre la parole la première. Elle avale une gorgée de son cocktail, avant de se lancer.

— Tu veux bien me parler de nous ? demande-t-elle. Depuis quand on est ami ?

— Bien sûr ! Euh...

À mon tour de chercher les mots pour décrire au mieux ce qui nous unissait auparavant.

— On est ami depuis vingt et un ans. Je t'ai rencontré le jour où j'ai emménagé à Loja. Nous avions presque trois ans. Mes parents venaient de se séparer et ma mère était retournée vivre chez mes grands-parents. Nous étions voisins.

— Quoi ? Piedad, c'est ta grand-mère ? s'étonne-t-elle.

— Oui, réponds-je.

Déjà un bon point si elle se souvient de Buela.

— Tu aimes l'appeler Buela, parce qu'elle est autant ma grand-mère que la tienne. Elle t'a vu grandir. En fait, on a été élevé comme frère et sœur, nous étions toujours ensemble. On a toujours été dans la même classe jusqu'à ce que nous entrions au collège. Là, ça a été le drame. Je m'en rappelle comme si c'était hier.

— Ah bon ? Pourquoi ? demande-t-elle, visiblement curieuse.

— Nous avons été séparés. Tu en as été malade pendant des jours. On ne se voyait plus que le matin dans le bus, aux récréations, puis le soir en rentrant à la maison, mais selon toi ce n'était pas suffisant.

Ce souvenir étire mes lèvres en un sourire timide. Luna, quant à elle, n'émet aucune réaction se contentant de m'écouter attentivement. Ses doigts glissent dans une mèche de ses cheveux pour la faire passer derrière son oreille.

— Nous étions vraiment inséparables... affirme-t-elle.

— Oui. Je ne compte plus le nombre de fois où nos parents se sont mis en rogne pour que nous rentrions chez nous. Il fallait qu'ils se battent pour arriver à nous séparer.

Ma réponse la fait sourire, alors que son regard se plonge dans mes pupilles cherchant je ne sais trop quoi.

— Tu as une autre anecdote à me raconter ? questionne-t-elle.

Mentalement, je plonge dans mes souvenirs à la recherche de l'un d'entre eux qui pourraient éveiller en elle une sensation, une émotion ou une quelconque réaction. Celui de ses quinze ans m'apparaît comme une évidence. Peut-être même que quelque part, elle aura conservé mon cadeau.

— Tu te souviens de ton anniversaire ? Celui de tes quinze ans ?

— Vaguement, mes parents avaient invité pas mal de monde ce jour-là et, je me souviens avoir été inondé de cadeaux. Ils s'en voulaient énormément d'être partis six mois au Rwanda.

— Je faisais partie des invités. C'est moi qui ai aidé tes parents à tout organiser.

— Ah bon ? s'étonne-t-elle. Je n'en ai pas le souvenir.

Volverte a Ver - T.2 {CNCO} // TerminéeWhere stories live. Discover now