– Ton Téléphone fait GPS, non ? Donc, trouve une bijouterie et magne-toi !

Je me sens un peu idiot de ne pas y avoir songé. Pendant que je règle mon GPS, mes pensées s'égayent : la vie est tout de même mal fichue. Devoir offrir un cadeau au petit ami de son crush, quel manque de chance. 

Mes jambes me mènent au pas de course vers une librairie que je connais bien. De là, je retrouve un petit magasin qu'un de mes ex m'a fait découvrir — il voulait absolument un pendentif tribal — et m'y engouffre. Mes yeux parcourent les présentoirs. Des pendentifs Elfes, des Fées, des signes tribaux ou encore des salamandres. Des bagues du même style, des piercings aussi, par dizaine. Comme le temps me manque pour fureter, j'interpelle la Vendeuse. Elle se fait un plaisir de me présenter deux modèles. Le moins cher fera l'affaire. 


Mon entrée dans la salle de classe mériterait de figurer parmi les moins discrètes : la porte, ouverte avec un peu trop d'entrain de ma part, rebondit contre le mur pour me revenir en pleine face. Un juron m'échappe tandis que je donne un coup de pied dans la traîtresse qui revient heurter le mur avec fracas. Mes joues cuisent lorsqu'une vingtaine de paires d'yeux se braquent sur moi. Après avoir grommelé des excuses et à la demande de Thibaud, je scrute la salle à la recherche d'une place libre. 

Et là, ma journée s'illumine. Je me sens soudain léger, chanceux, comme si l'Univers m'offrait un cadeau de Noël en avance. Mon secret santa pourra faire tout ce qu'il ou elle veut, rien ne me fera autant plaisir que de voir Sarah me faire signe de la rejoindre. Sur sa gauche, son imbécile de petit ami, toujours dans sa capuche, dort sur la table. La place à sa droite est libre.

Frissonnant de bonheur, je me faufile jusqu'à elle, lui glisse un " bonjour" enjoué auquel elle répond d'un sourire lumineux. Me voilà comblé pour la fin de l'année !

– Eh bien, j'ai cru que tu ne viendrais jamais !

– Tu... tu m'attendais ?

Elle hoche la tête, ses cheveux défaits ondulent.

Mon sac s'échoue au sol au moment où je m'échoue sur la chaise, puis je me tourne vers elle. Mon cœur se serre de la voir de si près. Ses cils interminables battent avec lenteur, sa bouche rosée remue, mais mon cerveau anesthésié par sa beauté refuse de l'écouter. En douceur, sa main se pose sur mon épaule, me secoue.

– Nathéo ?

Elle connaît mon prénom ! Joie ! Bonheur, je peux mourir heureux !

– Nath, tu vas bien ?

– Oui, oui, pardon, j'ai couru pour venir, je suis un peu essoufflé, c'est tout. 

– C'est vrai que tu es tout rouge... mais tu es mignon quand même.

Elle me trouve mignon et ne se gêne pas pour me le dire en présence de son amoureux. Enhardi, je me recoiffe d'un geste assuré avant de me pencher vers elle.

– Je suis rouge parce que tu me troubles, Sarah. 

Ses joues se colorent à leur tour, ses lèvres s'entrouvrent. La danse de ses cils s'accélère, puis elle lâche, dans un souffle.

– Je crois bien que c'est réciproque...

La proximité de Capuche me stresse autant qu'elle me donne des ailes. La sueur inonde mon front. Après avoir avalé ma salive avec difficulté, j'essuie une main moite sur mon pantalon. La sienne glisse sur la table, s'approche de moi.

– Nathéo...

Mon cœur menace d'exploser, tous les étudiants nous entourant disparaissent. Ne reste que nous deux, ses doigts fins, les miens qui partent à leur rencontre. Nos yeux ne se lâchent plus. En même temps que nos mains, nos corps réduisent la distance qui nous sépare. Ses lèvres m'appellent...

Indéchiffrable CléandreDove le storie prendono vita. Scoprilo ora