Chapitre 19

186 23 1
                                    

Comme l'on ne sait pas ce que la vie nous donne, il se peut qu'à mon tour je ne sois plus personne. S'il me reste un ami qui vraiment me comprenne, j'oublierais à la fois mes larmes et mes peines.



Je crois qu'il n'épargna aucun de mes souvenirs, les décortiquant les uns après les autres. Mes premiers mots, mes premiers pas, mes premiers sentiments. Ma manière de penser, l'amour que je portais à mes proches, la colère que j'avais contre moi de les mettre en danger. Mon sacrifice, sur lequel il s'attarda. Tout y passa et rien ne me fut plus difficile que de sentir ma mère se décomposer lorsqu'elle vit que j'avais essayé de me planter un sabre dans le corps. Elle avait sûrement cru à un stratagème lorsqu'elle l'avait vu dans les souvenirs des autres, mais lorsqu'elle découvrit mes réels sentiments à ce moment-là, elle hurla. J'avais vraiment eu l'intention de me tuer, et sans aucun regret. J'eus tellement mal pour elle que mes larmes coulèrent sans que je ne le veuille.

-Assez. Ça suffit. Vous avez eu ce que vous vouliez, maintenant prenez votre décision. Mais avant, j'aimerais aller serrer ma famille dans mes bras, grinçai-je.

Il me donna sa permission et je sautais directement vers les gradins où tout le monde se mit à courir vers moi. Tout le monde parlait en même temps, de sorte que je ne comprenais pas un seul mot de ce qui était dit, mais ce n'était pas important, parce que je savais parfaitement ce que tout le monde ressentait, et rien n'avait plus de valeur que ça. J'étais consciente que c'était probablement la dernière fois que je les serrais contre moi et je le faisais à m'en faire mal. Il fallait absolument que je leur dise quelque chose et essayais donc de les repousser un peu afin d'avoir le courage de le faire.

-Stop, stop écoutez-moi tous !

Ils me lâchèrent mais pleuraient tous. Ils savaient, tout comme moi,que nous n'avions plus beaucoup de temps.

-Je regrette de vous avoir embarqué là-dedans. Je suis désolée,mais s'il vous plaît, faites une dernière chose pour moi: Vivez à en mourir. Ne regrettez pas ce qui a été vécu, jamais, et ne cherchez pas à vous venger, ne vivez pas dans la colère. Je vous aime, et vous m'aimez. Laissez parler cet amour, je vous en supplie.

Personne ne répondit mais tous se jetèrent sur moi pour me serrer contre eux dans une cacophonie assourdissante.

-Je vous aime, n'oubliez jamais ça.

Je les laissais à contre-cœur et remontais vers Dieu, déterminée.

-Je suis prête.

-J'en suis bien conscient, mais je ne peux accéder à ta requête de laisser leur souvenir à tes amis. Et ne parlons pas des Anges qui ont désobéi en toute connaissance de cause.

-Alors je me battrais. Et vous n'y pourrez rien.

-Je leur laisserais ton souvenir, mais sans qu'ils sachent ce que tu étais. Est-ce que ça te va ?

-Je suis prête à l'accepter. Mais je reste sur ce que j'ai dit, je ne veux pas séparer des âmes-sœurs.

-Ils se retrouveront dans la mort.

-Vous en êtes sûr ? Dois-je vous rappeler que vous avez banni l'âme-sœur de Gabriel simplement parce qu'elle était humaine et que vous alliez perdre l'un de vos enfants préférés ?!

Il ria mais son regard se fit plus dur.

-Je n'accepterais pas ça, jamais.

-Tu ne peux rien faire pour m'en empêcher.

Deux ailes pour une vie, tome 2 : LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant