Chapitre 4

232 24 0
                                    

L'autre jour, j'ai vu quelqu'un qui te ressemble, et la rue comme une photo qui tremble. Si c'est toi qui passes le jour où je me promène, si c'est vraiment toi, je vois déjà la scène.



Ma mère entra dans ma chambre sur les coups de neuf heures. Je n'étais pas rentré tard à cause d'Alice, mais j'avais appelé sa mère pour qu'elle ne s'inquiète pas. J'étais tombée sur le répondeur et avais laissé un message.

-La mère d'Alice est là. On vous attend dans le salon, d'accord ?

Je hochais la tête et secouais Alice, endormie à côté de moi. Elle avait l'air beaucoup mieux que la veille, même si ses cheveux blonds étaient emmêlés et ses yeux bleus gonflés.

-Hum ?

-Ta mère est là.

-Et mince...

Elle se leva, encore tout habillée. Je ne m'étais pas non plus mise en pyjama, à vrai dire.

Je rejoignais ma mère dans le salon avec Alice. Elle et sa mère se ressemblaient énormément, même longs cheveux blonds, même yeux bleus. Quelque chose me dérangea néanmoins chez cette femme, elle avait quelque chose dans le regard qui n'était pas sans rappeler la peine que ressentait constamment ma mère en pensant à mon père.Avait-elle perdu son âme-sœur, elle aussi ?

-Lennie, se présenta sa mère en me serrant la main.

-Thalia, enchantée.

-Alice Levy, tu peux m'expliquer ? Demanda-t-elle ensuite en se tournant vers sa fille.

-J'ai bu un verre en oubliant que j'avais pris des cachets pour la migraine, je me suis sentie mal et j'ai été incapable de donner notre adresse à Thalia, expliqua-t-elle sans ciller.

Je n'en revenais pas de la voir mentir avec une telle aisance. Surtout que dans son brouillard alcoolisé elle m'avait bien dit s'être mise dans cet état parce qu'elle n'allait pas bien en ce moment. Une histoire de parents qui ne s'occupaient pas d'elle, quelque chose comme ça. Elle m'avait expliqué que son père s'était fait la malle, et que sa mère avait toujours été un peu à côté de la plaque et dépressive sans qu'aucun médecin n'arrive à mettre la main sur la base du problème.

-Je t'ai déjà dit cent fois de faire attention avec tes médicaments ! En tout cas, merci beaucoup Thalia, de l'avoir ramenée en sécurité.

-C'est normal, je n'allais pas la laisser agoniser dans la rue !Souris-je.

La porte claqua et Gabriel apparu dans le salon. Lennie se tourna alors vers lui et je vis mon oncle se décomposer. S'il n'avait pas été un ange, j'aurai juré qu'il se liquéfiait. La mère d'Alice se figea elle aussi, comme si elle voyait un fantôme.

-Bonjour, souffla-t-il.

L'atmosphère changea tout d'un coup, on aurait pu découper l'air au couteau !Je vis un drôle de phénomène se produire alors. L'aura de mon oncle et celle de la mère d'Alice s'accordèrent de la même couleur dorée éblouissante. Je n'en croyais pas mes yeux !

-Bon bah... je vais chercher mon sac !

J'accompagnais Alice chercher ses affaires, encore abasourdie par ce que je venais de voir.

-Ils se connaissent.

-Qui ?

-Ton père et ma mère !

-Mon père ? M'exclamai-je. Non, non, c'est mon oncle !

-Ma mère est peintre, et elle peint un homme qui ressemble trait pour trait à ton oncle depuis des années. Ce n'est peut-être qu'une coïncidence...

Deux ailes pour une vie, tome 2 : LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant