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SOIXANTE
HUITIÈME
DIALOGUE

LILA & EMMA
coursive, vue sur le parc

— L'été dernier, j'm'étais
décidée une bonne fois pour
toutes à pas foirer mes
A.S.P.I.C.S. de septième
année. Papa faisait ses
trucs à lui et il ne me
motivait jamais, et j'ai
compris au bout d'un
moment que j'pouvais
pas continuer à tout
foirer dans ma vie.
J'me suis mise au
boulot. Faut que tu
saches que j'étais
pas terrible, mais
alors vraiment pas.
Tu connais mon niveau,
à l'époque, mes accio
faisaient frémir des
râteaux quand je voulais
qu'un crayon vienne à moi.
Un jour, je me suis rendue compte
que plus je pratiquais la magie,
moins j'y arrivais.

( silence )

— Au début je
pensais que je
travaillais peut-
-être trop, mais je
ne pouvais pas me
mentir à moi-même :
je m'entraînais tellement
que je voyais bien
que mes sorts
marchaient moins
bien en fin de journée
qu'en début. tout mettre
sur le dos de la fatigue,
mais mes bonnes
nuits de sommeil ne
résolvaient rien : je
recommençais le
lendemain avec le
même niveau pitoyable
avec lequel je finissais la veille.

( silence )

— J'en ai parlé à
mon père. Comme
d'habitude, il se
sentait pas plus
concerné, alors
j'ai décidé de
chercher moi même.
De comprendre pourquoi
j'y arrivais pas. J'ai parlé
à tellement de gens, j'ai
vu des docteurs, des
professionnels. J'ai
même plongé mon
nez dans plusieurs
livres.

( silence )

— J'ai vite compris
que personne en
Grande-Bretagne
allait m'aider. Alors
j'ai creusé plus loin :
il me fallait ce remède.
Il devait bien exister une
manière de me guérir de
c'te malédiction. Je suis
allée en France, en Suisse,
jusqu'en Turquie. Septembre
avait déjà perdu toutes ses
feuilles quand je suis arrivée
en Russie.

( silence )

— C'est là bas que
j'ai appris quelque
chose. Il y avait un
petit archipel, les
Nouvelles-Hébrides,
sur l'île d'Ambrym, où
ils pratiquent quoti-
-diennement la magie
noire, comme si c'était
normal. Je me suis dis
que si quequ'un savait
comment me guérir...
Ce serait eux.

( silence )

— J'y suis allée.
J'en ai chié, tu
peux pas imaginer.
Et il se trouve que
même eux, les plus
grands sorciers, les
plus grands mages
de magie interdite,
ils avaient jamais vu
un cas comme moi.
J'suis une boîte trouée,
Lila. J'avais une certaine
quantité de magie limitée
à la naissance dans mon
petit corps, et je l'ai épuisé.
J'ai tout utilisé. Tout est passé,
et il reste plus rien. Ma baguette
ne me reconnaît plus. Je ne suis
plus qu'une cracmole qui fait semblant.

( silence )

— C'est chaud, hein ?

— Je-je savais pas...

— Duh, c'est
pour ça que
j'te le raconte,
du con.

— Emma, pourquoi
t'es revenue à Poudlard ?

— J'me suis dis
que j'avais encore
six mois avec vous.
Six mois à déconner,
à vous faire chier, à
boire trop d'alcool
et à retrouver la
meilleure ambiance
que j'ai jamais connu.
Je voulais pas laisser
passer ça, toi et Charlie,
vous êtes ma putain de famille.

( silence )

— Tu... tu n'es
plus du tout
capable de magie ?

— Aussi sèche
qu'une moldue.

( silence )

— Mais tu vas
quand même
sortir avec Charlie ?

— Les moldus
ont ce qu'ils
appellent des
flingues, on s'en
sert pour exploser
la cervelle des gens
qui nous font chier,
tu connais ?

Emma main dans ta gueule ⌲ POUDLARDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant