41 ⏤ DIALOGUE

615 124 52
                                    

                    
QUARANTE
ET-UNIÈME
DIALOGUE
                    

JEAN & EMMA
couloirs

— J'vais défoncer
Jean Corner ! J'vais
défoncer Jean Corner !

( silence )

— Aller sors de là !
T'enfuie pas !

( l'agrippe par l'épaule )

— Tu croyais vraiment
pouvoir te cacher, avec
ta sale petite gueule de
chienne ?

( silence )

— Ah ! T'as un peu plus
peur d'ouvrir ta gueule
là ! Eh, oh ! Essaie pas de
te barrer, t'as cru t'allais
m'échapper, sale pute ?

( silence )

— Alors, Corner, tu
crois que tes sentiments
sont plus importants que
ceux de Charlie ? C'est pour
ça que tu t'amuses à le faire
danser pour toi ? Tu crois que
tu peux juste débarquer avec
ta p'tite gueule d'innocente,
nous mettre tous dans ta poche,
rigoler avec nous comme si on se
connaissait depuis la première
année et nous poignarder dans le dos
dès que t'as eu ce que tu voulais ?

( silence, murmures des élèves )

— Tu crois que t'as tout
les droits du monde parce
que tu joues la malade,
qu'on doit s'amadouer
sur tes quelques
éternuements et surtout,
faire en sorte que ta fragile
petite personne ne sorte
jamais de sa zone de confort ?

( silence )

— Mais t'es plus du tout
dans ta zone de confort là,
pas vrai Jean ? Pas vrai ?
Pourquoi t'ouvrirais pas
ta gueule, pourquoi tu
ramasserais pas tes couilles
pour assumer la merde dans
laquelle tu t'es mise ?

( silence )

— T'es faible,
Jean Corner.

( silence )

— Ne touche plus jamais
à un cheveu de Charlie,
tu as compris ? On veut
pas de ta merde. On veut
pas de ta gueule, on veut
pas de tes mots, on veut
pas de tes problèmes.

( silence )

— Tu te plains d'être
malade, alors qu'en
vérité, t'es le plus
toxique des virus
à toi toute seule.

( silence )

— Si je te revois un jour
près de nous, je te préviens
même pas, je te démonte.
T'as compris Jean Corner ?
On peut me faire peur avec
toutes les menaces d'expulsions,
j'en ai rien à foutre.

( silence )

— Viens pas pleurer sur
mes bottes en disant que
tu sais pas pourquoi tu as
agis comme ça. Viens pas
m'expliquer que la vie
adolescente est une
chienne et te fais faire
des trucs que tu ne voulais
pas. Viens pas t'excuser
avec de la merde comme
quoi Charlie te méritait pas,
ou que t'étais pas assez bonne
pour lui, ou je sais pas quelle
genre de saloperie tu te
dis pour aller mieux.

( silence )

— Mais va te faire
foutre, par contre.

( silence )

— Parce que Jean
Corner, laisse-moi
t'apprendre une
chose que t'as pas
dû comprendre lors
de ta vie en robe de
chambre : on ne fait
pas tomber les gens
amoureux de nous
pour les lâcher qua-
-rante-huit heures plus
tard. On écrase pas un
cœur humain parce
qu'on est en manque
de peinture rouge.

( silence )

— Parce que tu
t'y connais en
amour, toi ?

( claque )

— T'aurais dû y crever,
à Ste Mangouste.

Emma main dans ta gueule ⌲ POUDLARDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant