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TRENTIÈME
JOURNAL

dortoir féminin gryffondor, 7ème année

❝Je me suis toujours demandé pourquoi on appelait ça la gueule de bois. Contrairement au terme utilisé, lorsqu'on ouvre les yeux, on a plutôt l'impression de ne pas avoir de gueule du tout. Celui qui a inventé l'expression devait pas prendre bien soin de sa peau, si elle était dure au point de la comparer à une écorce.

Mes gueules de bois, je les ai toujours vécu seule. Je ne me suis jamais étonnée de n'avoir rien retenu de la soirée précédente, et je me guérissais en m'enfilant le plus possible de merdes de chez Honeydukes pour que mon corps se remette à marcher convenablement. Celle-ci (de gueule de bois) n'était pas une exception.

J'étais pitoyablement seule. Ce n'est pas ce qui me gênait le plus à vrai dire : c'était ce drôle de sentiment au ventre, à la fois plein de chaleur et de regret. De chaleur parce que quelque part, peu importe les conneries que j'avais pu dire, j'avais une électricité qui me montait aux joues et qui me criait que j'avais passé une bonne soirée. De regret parce que je n'en retenais pas le moindre souvenir.

Alors, j'ai glissé contre le plancher pour sentir son bois contre ma joue, et je suis restée encore un peu là, à ignorer le mal de tête et les courbatures. C'était un beau sentiment, et je me suis dis que si l'amour existait, alors on devrait se sentir comme allongé sur un parquet.

J'ai repéré mon vieil ami d'hier soir, à quelques mètres de moi. Il était complètement vide, et complètement abandonné. J'ai tendu le bras, j'ai fais claqué mes ongles dessus, et comme Atlas qui soulève le ciel, je me suis péniblement relevée, avec ma bouteille bien en main.

Je me suis avancée, et je l'ai installé, bien calée, au dessus de mon lit. Comme un trophée.

Puis j'ai trouvé ça con, et je l'ai mise à la poubelle. Il fallait que j'arrête les conneries et que je réveille quelqu'un qui pourrait m'expliquer exactement ce qu'il s'était passé la nuit précédente.❞

― extrait du journal
d'emma sacramento

Emma main dans ta gueule ⌲ POUDLARDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant