[ Chapitre 49 - 2ème partie ]

776 38 6
                                    


Je me mouchai bruyamment et tentai de sécher mes larmes. Il ne valait mieux pas que je reste seule sur mon bateau... Le mieux était encore de travailler pour m'occuper l'esprit. Je sortis donc et rejoignis Roland, Sucre et Bellick qui étaient restés au hangar.

Assise à la grande table, mes yeux rougis croisèrent ceux de Brad Bellick.

- J'ai entendu ce que tu as dit tout à l'heure, me lança-t-il un peu maladroitement.

Bien sur qu'il avait entendu, ils avaient tous entendu. Toute intimité dans ce hangar était peine perdue.

- Bruce Bennett était le bras droit de ton père, c'est ça? renchérit-il.

- Pas seulement. Il était aussi son meilleur ami. Je le connaissais depuis mon enfance...

- C'est vraiment nul ! répliqua-t-il. Si ces vaux-riens s'en prenaient à ma mère sans défense, je ne sais pas ce que je ferais...

- Sans doute la même chose que tu fais déjà... les combattre en t'investissant dans la mission, répondis-je.

- Ouais t'as raison... approuva-t-il.

Mais alors que je me replongeai dans les différentes photos des porteurs, il m'interrompit à nouveau.

- On en a vu tous les deux depuis Fox River, hein !

- Ça oui, on peut le dire, acquiesçai-je.

- On est tous les deux là parce qu'on a croisé un jour la route de Scofield...

- On est TOUS là parce qu'on a croisé un jour la route de Scofield, rectifiai-je.

- C'est pas faux... En tout cas, celui que je prenais pour un rigolo a su me prouver à maintes reprises qu'il détenait la vérité, d'abord sur son frère qui a été inculpé à tort et ensuite concernant le complot du Cartel contre le gouvernement.... Un sacré mec ce Scofield ! lâcha-t-il en se parlant à lui-même.

J'observai Bellick plus attentivement. Lui aussi avait bien changé depuis que nous travaillions à Fox River ensemble. A l'époque, il n'était qu'un gardien véreux parmi les autres, toujours en quête de manipuler les prisonniers comme ses collègues. Il ne cessait d'ailleurs de me draguer dès que j'avais le malheur de le croiser dans le couloir. Ces quelques mois à côtoyer Michael Scofield et sa troupe l'avait rendu profondément plus humble et plus empathique... A moins que cela ne soit son séjour en tant que prisonnier à Fox River ou à Sona...

- Je suis content que tu sois là en tout cas. Ça m'aurait fait quelque chose si le Cartel t'avait vraiment tué.

- Merci Brad, répondis-je touchée malgré moi par ses paroles que je sentais sincères.

Sur ces mots, il se remit à travailler dans son coin. J'essayai moi aussi de retrouver un peu de concentration, mais les derniers mots de Bellick résonnaient encore dans ma tête. Il était content que je sois en vie... Mais l'étais-je moi-même ? me demandai-je alors. Si être en vie devait signifier de perdre toutes les personnes qui m'étaient chères les unes après les autres, si être en vie voulait dire toujours regarder par dessus son épaule, quelle genre de vie était-ce là ? Je n'étais pas sûre d'avoir encore la force de surmonter une nouvelle tragédie.

Incapable de travailler, je décidai de sortir. Bellick, Sucre et Roland levèrent la tête en me regardant quitter le hangar mais ne dirent un mot. Sans doute avaient-ils compris mon besoin de me retrouver un peu seule.

A présent à l'air libre, je errais le long des quais. Marcher m'aidait indéniablement à me vider la tête... Cela faisait bien vingt minutes que je marchais à un bon rythme. Je tombais sur une série de petite boutique à l'entrée des docks. Et au coin de la rue, j'aperçus un bar...

Du Côté de Sara TancrediOù les histoires vivent. Découvrez maintenant