[ Chapitre 39 - 2ème partie ]

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Je me laissai alors tomber sur le petit matelas qui avait accueilli mon corps endolori. Mes jambes ne me tenaient plus.

- Qu'est-ce que tu fous là ? entendis-je une voix.

Susan. Non ! songeai-je.

- Mais tu chiales ? s'écria-t-elle. J'espère pour toi que c'est parce que tu as accompli la mission que je t'ai confiée et que tu as quelques états d'âmes...

- Je... je.... gémit-elle.

- Je, je, je, je quoi ! cria-t-elle.

N'ayant aucune réponse de sa part, elle la poussa sur le côté et déverrouilla la porte de la grange. Lorsque j'aperçus son visage sournois, je compris qu'elle n'était pas très heureuse de me trouver là.

- Elle est toujours là ! s'exclama-t-elle en se retournant vers la femme blonde.

- Je n'ai pas pu... souffla-t-elle en baissant la tête.

- Tu n'es qu'une mauviette ! Je ne sais pas pourquoi le Général t'a embauché dans l'équipe ! Il faut vraiment que je fasse les choses moi-même si je veux qu'elle soit bien faite, pesta-t-elle. Donne-moi ton flingue !

- Ne faites pas ça, la supplia-t-elle à ma place.

Prostrée sur mon matelas, je demeurais silencieuse devant cette scène morbide. Frêle et sans force, je me sentais à ce moment-là comme un gibier blessé devant son chasseur. J'étais sans défense, j'étais à sa merci.

- Tu as raison. J'en oublie les bonnes manières, se mit-elle à rire. Très chère Sara, dit-elle en approchant lentement vers moi, sache que nous n'avons plus besoin de toi. Mauvaise nouvelle ! Michael et Lincoln n'ont pas l'air de me prendre vraiment au sérieux, s'indigna-t-elle. Je pense donc que leur donner une motivation supplémentaire pourrait être appréciable... L'un de vous deux doit y passer et crois-moi j'ai longuement plouffé mais comme j'ai encore besoin de la carotte de Lincoln pour mon plan, ce sera toi ! Voilà, maintenant que les convenances sont terminées, donne-moi ton arme, conclut-elle en se retournant vers son sous-fifre.

Celle-ci resta inerte.

- Ton flingue ! cria-t-elle.

- Je, je ne l'ai pas ! Je ne l'ai plus, répondit-elle. Je l'ai ramené au hangar.

- Mais c'est pas possible d'être entourée par des incompétents pareils ! pesta-t-elle. Très bien, je vais moi-même chercher ce qu'il faut.

J'allais presque sombrer dans l'inconscience lorsque Susan tourna les talons. Lorsqu'on vous menace de mort à tout bout de champ, le cerveau glisse petit à petit en mode veille. Je n'avais encore jamais réalisé ça à ce point. Il faut dire qu'il m'arrivait rarement d'être menacée de mort dans ma vie d'avant. Tremblante j'observai avec terreur ma téméraire gardienne courir jusqu'à moi.

- Tiens Sara...

Que faisait-elle ? J'ouvris la main pour accueillir la clé qu'elle me tendait.

- Je suis désolée, souffla-t-elle.

- Désolée ? répéta Susan qui était revenue. Désolée pour quoi ? Ce n'est même pas toi qui va faire le sale boulot.

Nous sursautâmes à l'unisson à son arrivée magistrale. Je saluai du regard l'attention courageuse de la jeune femme blonde. Trop tard malheureusement, je n'aurais désormais plus l'occasion de m'enfuir, la fin avait sonné en même temps que le retour de Susan.

- Pousse-toi de là !

- Non Susan, ne faites pas ça... pria-t-elle.

- Ecarte-toi !

- Vous ne pouvez pas faire ça... Sara n'est qu'une innocente victime...

- Je ne vais pas te le dire quinze fois, pesta-t-elle. Dégage de là !

- Elle n'a rien fait pour mériter ça !

* pan *

Le coup était parti tout seul comme le cri qui s'échappa de ma gorge. Mon cœur s'était arrêté de battre lorsque je vis le corps de ma courageuse et bien trop sensible gardienne tomber à mes pieds et le sang se rependre autour de son crâne.

- Vous êtes complètement folle ! soufflai-je.

- Elle commençait sérieusement à me les pomper, celle-là ! répliqua-t-elle simplement comme si elle avait juste écrasé un cafard sous son pied.

Susan regarda le corps inerte sur le sol comme on regarde une mouche écrasée.

- Bon, nous voilà bien ! Il va falloir que j'appelle un de mes hommes pour me débarrasser de ça. Je vais être sympa, Sara. Je te laisse encore quelques minutes pour faire le point sur ta lamentable vie et je reviens.

Sur ses mots, elle rebroussa chemin et fit claquer la porte de bois derrière elle avant de la verrouiller.

Aussitôt seule, je me jetai sur le corps inanimée de ma sauveuse. Avais-je une chance de faire quoi que ce soit pour elle ? Mon cœur de médecin ne pouvait pas supporter de ne pas secourir qui en avait besoin... et encore moins celle qui venait de me sauver la vie. Je portai mes mains le long de son cou pour chercher un pou, à tout prix. Je me penchai sur son cœur pour entendre des battements. Mais rien ne parvenait ni à mes mains, ni à mes oreilles. Ma courageuse gardienne avait rendu l'âme. Elle n'avait sans doute pas souffert, me convainquis-je en observant l'impact de la balle qui avait traversé son crâne. Je caressais doucement son visage tandis que les larmes envahissaient mon regard. Jamais, jamais je n'oublierais son visage.

Soudain, mon cerveau se mit en alerte lorsque je repensai à la clé qu'elle m'avait donné juste avant que Susan ne revienne. J'avais en ma possession la seule issue qui me laisserait la vie sauve... mais que devais-je faire ? Fallait-il attendre encore un peu pour être sûre de ne pas tomber nez à nez avec elle ? Partir tout de suite avant qu'elle ne revienne à nouveau ?

Mon cœur manqua de lâcher lorsque je me dirigeai vers la porte et insérai la clé de la liberté dans la serrure...

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Je vous laisse en plein suspens, désolée ! 😉
Mais pour l'occasion, j'ai posté deux parties en même temps... C'est plus sympa de les lire ensemble...

Qu'avez-vous pensé de ce (long !) chapitre ? 🌷 

Du Côté de Sara TancrediOù les histoires vivent. Découvrez maintenant