[ Chapitre 36 - 2ème partie ]

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Assise sur mon triste lit, je repoussai mon maigre plateau repas. Je n'avais même plus le cœur à manger... Je me levai et fis les seuls pas de la journée dont je bénéficiais à travers la pièce. Puis je m'arrêtai devant la fenêtre et contemplai la place sur laquelle notre petite maison donnait. Seule distraction de la journée, cette vue m'offrait le temps d'un instant l'impression d'être encore un peu libre. Je la connaissais par cœur... et perdais volontiers mon regard à travers la foule qui s'agitait de part et d'autre. Je fixai ensuite l'imposante statue au centre même de la petite place. J'ignorais qui elle représentait mais à force d'étudier les traits de son visage, ils me semblaient comme familier... Peut-être que cette moue triste et désemparée me renvoyait tout simplement à moi.

Je sortis la petite fleur en origami de la poche de mon jean pour l'observer. Je dépliai le volet qui abritait la petite phrase que je connaissais par cœur : "Pour une femme exceptionnelle", lus-je pour la énième fois. Je me rappelai alors lorsque je l'avais découvert dans mon sac à main le jour de mon anniversaire en rentrant chez moi. Je n'avais vraiment pas passé une bonne journée mais le cadeau de Michael m'avait redonné le sourire. Cette petite rose en papier aurait-elle un pouvoir ? Une chaleur envahit mon cœur comme le souffle d'un espoir qui surgissait de nulle part. Je la blottis tout contre moi comme si elle avait pu me faire sortir d'ici comme par magie... Où pouvait bien être Michael ? me demandai-je alors. Était-il réellement en prison ? Lincoln avait-il réussi à le faire sortir ? Dans tous les cas, j'espérai au plus profond de moi qu'il allait bien. S'il savait... s'il savait où je me trouvais à cet instant. La solitude et le désarroi que je pouvais ressentir... Les larmes me montèrent à nouveau aux yeux et ma gorge se serra à cette pensée. Devait-on continuer à espérer LJ et moi ?

- Tu ne manges pas ?

Je sursautai en entendant la voix de Susan derrière moi. Plongée dans mes songes, je n'avais même pas entendu la porte s'ouvrir.

- Qui sait si vous n'avez pas mis du poison dans la nourriture... rétorquai-je amère.

- Si c'est ça qui t'inquiète, tu peux manger sans crainte. Je n'ai à vrai dire aucun intérêt à vous empoisonner toi et le gamin. J'ai besoin de vous deux vivants pour l'instant, sourit-elle. Morts, vous ne m'êtes d'aucune utilité.

- Je devrais sans doute me réjouir ?

- Eh bien oui, c'est plutôt une bonne nouvelle ! annonça-t-elle sur un ton gai.

Elle fit quelques pas et s'assit sur le lit. C'était bien la première fois que Susan daignait m'adresser plus de trois mots. Que désirait-elle ?

- Si j'ai bien compris, nous allons servir de monnaie d'échange... m'aventurai-je.

- Tu es intelligente, Sara. Mais quoi de plus normal... tu es médecin, non ? Ah pardon ! se reprit-elle. Tu étais médecin... Difficile de continuer à pratiquer quand on est embarqué dans une telle conspiration, n'est-ce pas ?

Je lui répondis par un regard noir et lui tournai le dos, préférant la vue que m'offrait la fenêtre à son rire narquois.

- Je regrette vraiment que tu sois mêlée à tout ça. Tu m'as l'air d'être une fille bien... Quel dommage que tu ais craqué pour les beaux yeux de Scofield ! En même temps, vous auriez pu faire un beau couple dans une autre vie... "L'ingénieur en génie civil et le médecin", ça en jette, c'est vrai ! Pourtant sans lui, tu ne serais pas ici...

- Quel est le rapport avec Michael ?

- Il t'aime ! répliqua-t-elle. Donc il tient à toi. Ce que je peux comprendre, tu es plutôt chouette comme nana et séduisante avec ça.

Du Côté de Sara TancrediOù les histoires vivent. Découvrez maintenant