- Partie 185 -

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        Filius, assis sur le bord du lit, essayait tant bien que mal de garder les yeux ouverts. Pourquoi, après s'être donné autant de mal pour le réveiller, Reis était-il reparti dans la forêt le laissant seul dans cette petite chaumière ? La nuit dernière n'avait pas été des plus reposante. Le dévoué Filius s'était porté au secours des mourants jusqu'aux petites heures de la nuit. Sans parler de ce rêve étrange qui l'avait brusquement extirpé de son profond sommeil. Ce matin, Filius subissait les contrecoups de cet excès d'activité. Par chance, il avait eu droit à un lit confortable pour passer la nuit.

La veille, une petite femme avait insisté pour les héberger dans son humble demeure. La pauvre, elle venait tout juste d'enterrer son mari emporté par la peste. Malgré tout, elle avait offert sans retenue son aide à deux étrangers de passage. Peut-être que finalement, il y avait du bon en ce monde. Sauf qu'il ne fallait pas s'attendre à le voir descendre du ciel.

À cet instant, Reis poussa la porte de la petite chambre sans avertissement. Maintenant qu'il le connaissait mieux, ce manque de politesse ne troublait plus Filius.

- Il faudrait y aller maintenant. Nous avons encore une longue route à parcourir, suggéra Reis d'un ton neutre.

Devant cette perspective, Filius sentit ses jambes devenir molles. Ce long voyage avait exténué son corps au-delà de ses propres limites. De plus, les légères, mais non moins nombreuses blessures qui couvraient ses jambes le gênaient encore considérablement. À bout de force, il se sentit sur le point de fondre en larmes. Juste l'idée de se relever lui donnait des frissons. Quant à marcher toute la journée, c'était tout simplement inconcevable. Ce voyage avait été une très mauvaise idée; pourtant, il ne pouvait en être autrement. Non sans grimacer, Filius se releva péniblement.

- D'accord. Je vais faire de mon mieux, mais je ne sais pas combien de temps je pourrai tenir aujourd'hui, s'excusa-t-il en passant devant Reis en boitillant.

En traversant la cuisine de la petite chaumière, Filius salua au passage la femme qui les avait si gentiment hébergés. Les mains sous son menton, elle les regardait avec un regard triste, mais plein de compassion.

- Heu... merci beaucoup pour votre hospitalité, mais maintenant nous devons y aller. J'aurais aimé en faire plus, mais... bon... s'excusa Filius maladroitement.

Hochant la tête avec un sourire reconnaissant, elle leur souhaita au revoir d'un signe de la main. Ne sachant plus quoi dire, Filius sortit de la demeure légèrement mal à l'aise. Ce n'est que quelques pas plus loin qu'il se décida à aborder Reis.

- Dis, tu crois que j'ai vraiment aidé ces gens ? questionna Filius incertain.

- Je suis encore loin de comprendre votre moralité...

Reis marqua une pause qui inquiéta Filius. Était-ce une forme de réprimande ?

- Mais si je peux oser une réponse, je dirais que ce comportent semble correspondre à l'idéologie du bien humain.

Est-ce que cela devait être interprété comme un compliment ? Sortant de la bouche de son étrange compagnon, c'était plausible. Et puis pourquoi pas, s'encouragea Filius ? Après tout, il aurait bien besoin d'imaginer toutes les motivations possibles pour arriver à traverser cette journée.

La Saga Du Cristal - Tome 1 (partie 1 à 197) - [ Wattys 2018 Présélection ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant