- Partie 148 -

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        Filius remercia la présence d'un petit rocher avant de s'y asseoir lourdement. Laissé seul par son compagnon qui était allé chercher à manger, Filius pouvait se permettre cette petite pause plus que bien méritée. D'ailleurs, tout objet dont la hauteur égalait celle de ses genoux était pour Filius une invitation à prendre une pause. Et des pauses, il en avait pris.

Apparemment Reis avait renoncé à emprunter la route, favorisant le déplacement dans l'ombre de la forêt. Décision qui n'aidait en rien Filius, déjà affaibli et épuisé. Il avait l'impression de progresser à la vitesse d'une tortue, d'une torture fainéante. Chaque pas au travers de la végétation dense demandait des efforts supplémentaires. Si Xédriana maintenait un bon rythme de marche et qu'elle ne rencontrait pas d'obstacles, jamais ils ne pourraient la rattraper. C'était peine perdue, cette mission était vouée à l'échec. Reis de son côté ne semblait pas avoir baissé les bras pour autant. Il marchait la tête haute d'un pas constant, tout en soutenant bravement le fardeau que Filius était. Oui, dans cette aventure Filius n'était qu'un fardeau, un fardeau qui ne désirait qu'un peu de repos.

À cet instant, une douce mélodie résonna dans les oreilles de Filius. Cette délicate musique déployait une finesse infinie. C'était le genre de musique qui se rendait directement à l'âme et faisait vibrer toutes ses cordes. Filius se sentit tout à coup si détendu et calme; cette mélodie était une véritable oasis dans son état d'épuisement actuel. Poussé par un appel interne, Filius se leva puis marcha dans la direction d'où provenait cette agréable symphonie. Cette musique le faisait sentir si bien, il ne désirait que s'en approcher davantage. Une dizaine de pas plus loin, Filius aboutit dans une toute petite clairière des plus charmante. Par une petite trouée du plafond de la forêt irradiaient quelques rayons de soleil illuminant la place. Au centre, une petite rigole d'eau claire et pure coulait sur des galets en reflétant les couleurs de l'arc-en-ciel. Le sol mou et spongieux était couvert d'une douce mousse verte et parsemé de champignons aux couleurs flamboyantes. Tiens, la forme de ces champignons lui était familière. Cela lui rappelait un certain cours de biologie lointain. Ha, et puis il n'avait pas envie de réfléchir, il se sentait si relaxe ici. Un petit coin dégagé le long du ruisseau semblait particulièrement confortable. Peut-être qu'il pourrait s'y étendre un moment, Filius avait l'impression qu'on l'y invitait. Comme à demi ensommeillé, Filius étendit par terre son long corps engourdi. Le sol était si confortable, il avait l'impression de s'enfoncer dans la mousse végétale. Une bouffée d'air frais s'engouffra dans ses poumons, Filius était en extase. Il ne s'était pas senti aussi bien depuis très longtemps. Tous ses problèmes présents, et même tous ses problèmes futurs, s'étaient dissipés pour laisser place à un univers de paix et de sérénité.

Tiens, des petites bestioles venaient d'apparaître sur ses jambes. Rigolo, ça ressemblait à des hommes miniatures, avec de drôles de visages. Sans réaction, Filius les regarda grimper sur ses mollets, puis les petites créatures empoignèrent des lances minuscules et se mirent à picorer les jambes de Filius. Avec grand intérêt, il observa ces petites choses s'activer ardemment. Pauvres petites créatures, se dit Filius avec compassion, elles qui travaillaient si fort pendant que lui se reposait grassement. Et ces petites bestioles devaient vraiment travailler très dur, car la surface sur laquelle elles se tenaient se tachait de rouge.

C'est à ce moment qu'un terrible hurlement balaya la petite crique. S'il n'avait pas été dans un tel état d'euphorie, Filius aurait sans doute fait un infarctus. Du coup, tous les petits bonshommes déguerpirent expressément. Hé, mais où vont-ils comme ça ? se demanda Filius avant de perdre connaissance.

La Saga Du Cristal - Tome 1 (partie 1 à 197) - [ Wattys 2018 Présélection ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant