32

52 1 4
                                    

Chapitre 32 – « Need »

           Un besoin. Une chose qui nous est nécessaire. Une chose sans laquelle nous ne pourrions vivre. Lorsqu'elle vous prend, cette sensation de manque semble nous consumer à longueur de journée. Avoir besoin de quelque chose. Avoir besoin de quelqu'un. Tout au long de notre vie nous trouverons toujours quelque chose qui nous manque pour se sentir mieux. Nous, en tant qu'Homme, sommes d'éternels insatisfaits. Il y aura toujours quelque chose après lequel on voudra courir. Les besoins varient selon le mode et le niveau de vie de chacun. Certains paraissent même dérisoires comparés à d'autres. Mais ce n'est qu'une question de point de vue après tout.

Allez marcher en ville et regardez attentivement les passants que vous croisez. Regardez cette femme à l'allure soignée qui dévore des yeux les vitrines des grands magasins. Elle a dans sa vie de quoi manger et un toit où dormir. Elle gagne même assez pour s'offrir des petits plaisirs tel que de beaux vêtements, un bon déjeuner dans un restaurant ou encore un téléphone portable dernier cri. Cette femme a l'air d'avoir tout ce dont une personne a besoin pour bien vivre. Malgré tout cette femme est encore insatisfaite. C'est absurde d'après-vous ? Et pourtant c'est bien vrai. Cette femme à la silhouette bien dessinée avec de quoi se nourrir et bien logée, fait preuve d'une timidité sans pareil et n'a jamais réussi à avoir de véritables amis sur qui compter. Tout son entourage finit toujours par se lasser et s'éloigne comme s'il ne l'avait jamais approché. Elle ne peut s'empêcher de se sentir seule tout en ayant une peur maladive du rejet d'autrui.

Regardez à présent à quelques mètres seulement de cette femme un groupe de personnes sans-abris. Ils n'ont ni foyer, ni argent pour se nourrir correctement et sont sans emplois. Ils vivent une vie de misère qui dépend des sous qu'ils ramassent en mendiant. Certains diront certainement qu'ils « l'ont bien cherché » ou encore qu'ils « les dérangent dans leur shopping ». D'autres les prendront en pitié, soit parce qu'ils ne peuvent imaginer à quel point leur vie au quotidien doit être un enfer, soit parce que justement ils savent ce que c'est que d'être à leur place. Les membres de ce petit groupe se soutiennent mutuellement afin de survivre. Plus encore, ils réussissent à passer de bon moment entre eux, réussissant à réchauffer leur cœur même lorsque l'hiver les fait souffrir. Le contraste entre leur niveau de vie et celle de la jeune femme est clairement évident. Pourtant ces personnes ont quelque chose qu'elle rêve d'avoir : des liens forts unissant des êtres entre eux.

Selon Abraham Maslow, nos besoins peuvent être hiérarchisés par une pyramide où chaque niveau de besoin doit être compléter pour pouvoir passer au niveau supérieur. En bas de la structure nous retrouvons les besoins physiologiques tel que la faim, la soif, la respiration, le sommeil, la sexualité et l'élimination. Une fois que ces besoins qui nous sont primaires sont assouvies, vient alors les besoins de sécurité où l'ont se met en quête d'un environnement stable et dénué d'anxiété ou de crise. Puis, nous avons le besoin d'appartenance et d'amour où l'on cherche l'affection des autres. Par la suite le besoin d'estime nous poussent à acquérir la confiance et le respect de soi ainsi que l'appréciation des autres. Enfin, en haut de cette hiérarchie se trouve le besoin d'accomplissement de soi sous la forme d'une quête au bonheur et à la sagesse en accordance avec le caractère et la personnalité de l'individu.

Le besoin est inévitable. Il nous en faut toujours plus même lorsqu'on croit avoir atteint le sommet. C'est un cercle vicieux qui ne s'arrêtera sans doute jamais. Nous sommes d'éternels insatisfaits après tout. Mais c'est sans doute grâce à cette insatisfaction constante que nous en tant qu'Homme, avons pu construire tout ce qui nous entoure aujourd'hui.

Peu de temps après le décès d'Alex, j'ai demandé à ma mère d'appeler un accordeur pour le piano à queue que nous avons à la maison. Il se trouve à vrai dire au même étage que moi et mes parents ont naïvement cru que je ne l'avais pas remarqué. C'était lors de nos premières semaines dans cette maison, j'ai été explorer un peu plus en détail notre nouveau chez nous et je suis tombée sur cette pièce qui était habituellement toujours fermée à clés. Je l'ai à peine aperçu que j'ai refermé la porte en une fraction de seconde. Depuis ce jour-là j'ai simplement évité cette pièce en essayant d'oublier l'instrument qui se tient à l'intérieur. Tout cela pour dire que mes parents ont été étonnés quand je leur ai fait part de ma requête. J'ignore pourquoi, mais il y a eu comme un déclic le jour où j'ai reposé mes doigts sur les touches du piano d'Ethan. C'est comme si peu à peu mon désir de jouer s'était réveillée en moi en réponse à un besoin particulier. Le besoin de me perdre dans mon monde afin d'échapper à la réalité. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour m'empêcher de devenir folle ces derniers temps.

The Sounds Of SilenceWhere stories live. Discover now