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Chapitre29 – « Fear »

"Rise up to your higher power. Free up from the fear it will devour you. Watch out for the ego of the hour. The ones who say they know it are the ones who will impose it on you."

[Media: I ain't afraid - Klezmatics]


          La peur. Cette ombre qui nous suit dès le début de notre existence. Elle nous accompagne dans notre quotidien, discrètement mais toujours présente à nos côtés. Elle est l'entité qui contrôle nombre de nos décisions. Elle est celle que tous nous craignons. N'est-ce pas étrange ? Avoir peur d'avoir peur. S'en est même une véritable phobie.

Nous avons tous une ou plusieurs phobies ridicules que nous n'assumons pas vraiment. Mais il est des peurs qui sont encrée en nous. Elles s'agrippent à notre âme en nous projetant toujours les mêmes souvenirs. Ceux qui sont à l'origine de tous nos tourments. Elles continuent sans cesse d'approfondir la plaie qui nous consume déjà et ce, jusqu'à ce que nous soyons totalement sous son contrôle. C'est alors que notre vie va de mal en pire. Chaque coin de rue est un potentiel danger. Chaque passant est une menace. Chaque ami peut nous faire une crasse. La paranoïa se joint alors à l'entourage. Elle nous brûle de l'intérieur et selon chacun, nous résistons plus ou moins.

Au contraire, la peur peut être à l'origine de cette dose d'adrénaline qui nous pousse à faire des choses dont nous ne nous pensions pas capable de faire. Nous nous mettons à soulever des montagnes, courir à une allure ahurissante ou encore réussir là où habituellement nous échouons toujours. C'est dans ces moments-ci que nous surpassons nos peurs égoïstes et que nous nous relevons à cause d'une toute autre peur : la peur pour autrui.

Un, deux, trois, personne ne me voit...

Ce n'est pas possible. C'est impossible.

Quatre, cinq, six, il faut que j'agisse...

Non, non et non...Je ne veux pas y croire !

Sept, huit, neuf, buttée comme un bœuf...

Pas encore...s'il vous plait pas ça...

Dix, onze, douze, on m'enfile la blouse...

Dites-moi que ce n'est qu'un cauchemar...un horrible cauchemar...

Treize, quatorze, quinze, on dit que j'suis dingue...

Et...Et...Ethan...il doit...

Seize, dix-sept, dix-huit, je ne fais que prendre la f...

Je dois le rejoindre !

Je me lève d'un bond de mon matelas où je gisais après que mes parents m'aient annoncé la nouvelle. Je prends à peine le temps d'essuyer mes larmes que je dévale les escaliers, manquant de trébucher plus d'une fois. Mon cerveau est en effervescence. Mon esprit grouille de pensée de toutes parts. Je n'arrive plus à réfléchir distinctement. Seule une pensée reste claire : retrouver Ethan. Arrivée au rez-de-chaussée, j'enfile en quatrième vitesse la première paire de basket que je trouve. Derrière moi, j'entends mes parents se lever de leur chaise dans la cuisine mais il est déjà trop tard.

Je sors en courant dans la rue et rejoint la maison voisine. Essoufflée, je sonne et je frappe plusieurs fois à la porte comme une ahurie. Lorsqu'elle s'ouvre enfin, j'y trouve Mr et Mrs Austin, le regard vide. Ils semblent d'abord quelque peu surpris par ma présence.

— Il n'est pas à la maison...Désolé.

— Il est introuvable à vrai dire.

Je me mort la lèvre et écrit tant bien que mal sur mon téléphone malgré les larmes qui menacent de couler à nouveau aux coins de mes yeux.

The Sounds Of SilenceWhere stories live. Discover now