Prologue

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Dédicace à ariane4444, pour Hunter qui a été l'une des premières fictions que j'ai lu sur wattpad et que j'ai juste adoré pour sa façon d'écrire, l'univers qu'elle a instauré autour des personnage et tout simplement pour l'histoire en elle-même! Love xx -A  


Prologue - « Time »

"Just stop your crying it's a sign of the times. Welcome to the final show, hope you're wearing your best clothes."  

[Média: Sign of the Time - Harry Styles]  


          Le temps, l'une des choses les plus relatives de cet univers. Le temps n'est pas définissable à proprement parler par des mots mais par des sensations. Il en existe une infinité, mais je peux au moins vous exprimer les miennes.

— Bonjour Docteur.

A mes yeux le temps, c'est comme regarder des gouttes d'eau tomber. Chacune d'entre elles se ressemble et s'écrase au sol sans qu'on y prête réellement attention. Le temps, c'est se regarder changer lentement mais sûrement tout en faisant tout pour gagner du temps sur le sort qui tous nous attend. Le temps, c'est accepté d'avoir un passé, de vivre un présent et d'ignorer un futur.

Le temps est une cage.

Le temps est une fatalité.

— Bonjour Madame, comment allez-vous ?

L'ignorance de ce qui va nous arriver demain nous met en constante pression. Nous avons deux choix dans la vie : soit nous vivons en nous préoccupant de préparer un futur stable et sûr, soit nous vivons au jour le jour pour profiter au maximum de chaque fragment de temps présent. Lorsque vous regardez par la fenêtre la rue qui vous fait face et que vous observez attentivement les passants, vous comprendrez vite comment distinguer de quel façon chacun a décidé de vivre.

— Bien merci, alors...Est-ce que ça a évolué ?

L'être humain est bien le seul être vivant à s'obstiner à contrer les lois du temps. L'Homme n'est qu'une boule de fierté qui n'avouera jamais être plus faible que quoique ce soit en ce monde. Ce trait est dans un sens une qualité mais également un défaut d'après moi.

— Eh bien, elle mange de plus en plus, ce qui est déjà un bon point. Excepté ça, il n'y a pas beaucoup de changement de ce côté, mais elle répond par des signes de la tête.

Pour ma part, le temps m'ennuie. Il n'est qu'une constante, qu'une valeur aux yeux des autres que je n'ai pas. Le temps n'est paradoxalement qu'une perte de temps.

— Vous pensez que ça va vraiment l'aider ?

Je finis par décrocher mon regard de la fenêtre pour poser mes yeux sur elles. Lorsqu'elles se rencontrent c'est toujours la même chose. Elles agissent et parlent comme si je n'étais pas vraiment là. Il y a une part de vrai dans cela mais je reste malgré moi ici à les écouter d'une oreille distraite.

— C'est la meilleure solution que nous ayons, Madame. Le reste de l'équipe ainsi que moi-même pensons sérieusement que ça ne lui fera que du bien.

— M...Mais que vont-ils dirent quand ils remarqueront sa différence ?

Le médecin soupire et pose une main qui se veut rassurante sur l'épaule de la femme qui lui fait face. Si vous ne l'aviez pas encore compris, cette dernière n'est autre que ma mère. Depuis le temps, ces deux-là commencent à se connaître.

— Ecoutez, Jane, je peux vous appeler comme ça ?

La concernée hoche doucement la tête. On peut clairement lire l'ampleur de son inquiétude sur ses traits de visage. Je n'aime pas ça et pourtant je continue d'assister à leur conversation tel un spectateur de cinéma. Le Docteur Evans me jette un rapide coup d'œil, sûrement pour trouver les bons mots qui vont rassurer ma mère.

— Votre fille a besoin d'être en contact avec l'extérieur. Reprit-elle. Elle ne peut pas rester enfermée ici éternellement, ça ne fera que l'isoler un peu plus chaque jour.

— Si...Si vous le dîtes...

Je me demande quand vont-elles remarquer que je suis encore présente dans la pièce. Après tout, le sujet principal de leur conversation n'est autre que moi. Je ne sais même pas de quoi parlent-elles. Quel genre de projet ont-ils prévu pour mon traitement ? J'espère juste pouvoir arrêter de prendre autant de médicaments. C'est un enfer ces pilules. Je reporte mon attention vers la rue à travers ma fenêtre, le sol assombrit par le passage de la pluie. La plupart des gens qui passent sont des personnes pressés qui travaillent sans doute ici. Le bruit des voitures ne se fait pas beaucoup entendre pour une fois, me laissant le loisir de penser et réfléchir en paix.

— Chérie ?

Je me tourne vers elles une fois de plus. Je demande à mère du regard ce qu'elle a à me dire. Elle s'assoit au bord de mon lit et prend ma main au creux des siennes pour en caresser le dos.

— Qu'est-ce que tu penses de...retourner au lycée ? Ça pourrait te faire du bien.

Je la regarde interloquée. Est-ce qu'ils vont me mettre dans une école pour les gens comme moi ? Parce que je doute que ça puisse améliorer les choses. Je pense même que d'être entourée de ce genre de personne ne ferais que me rappeler ma différence.

— Mais ne t'inquiète pas, tu ne seras pas dans un lycée spécialisé. Tu iras dans un établissement public comme toute personne normale. S'empresse d'ajouter le médecin.

Comme une personne normale ? J'espère qu'elle se moque de moi. Il ne suffira que de quelques jours avant que les gens ne comprennent que quelque chose cloche chez moi. Je ne sais pas si c'est une bonne idée mais je sens que je n'aurais pas mon mot à dire et qu'elles vont décider à ma place pour « mon bien ». Comme toujours.

— Prends le temps qu'il te faudra pour y réfléchir ma puce. Ce n'est pas pressé et puis la prochaine rentrée est dans plusieurs semaines donc tu as le temps.

Je hausse les épaules. Au fond, ici ou là-bas je serais différente alors qu'ils fassent ce qu'ils souhaitent. De toute manière avec ou sans mon accord je sais parfaitement que je vais finir par y aller.

— Ça te tente ?

Je hoche la tête, voyant qu'elles n'ont pas compris mon précédent geste. Puis je reporte mon attention à la rue en bas de ma fenêtre et constate que les passants se font de plus en plus nombreux. Ça fait plus de six mois que je ne suis pas sortie de ces murs. Je ne me souviens plus quelle sensation procure le vent dans mes cheveux, la pluie imbibée dans mes vêtements ou encore la terre légèrement enfoncée sous mon poids. Je vais devoir être patiente avant de pouvoir redécouvrir cela.

— Bien. Allons alors dans mon bureau régler la paperasse et les conditions de sa sortie prochaine. A tout à l'heure Emma.

— Bisous ma chérie, je reviens juste après.

Je ne leur réponds que par le silence et l'insignifiance.

Comme toujours.

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Voici donc le prologue, j'espère avoir vos avis! 

Love,

-A

The Sounds Of SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant