[ Chapitre 39 - 1ère partie ]

Depuis le début
                                    

- ...
- Vous ne pouvez pas faire ça...

- ...

- Je...

- ...

- Bien... Très bien, j'ai compris.

- ...

- Oui... Tout de suite.

- ...

- A tout à l'heure.

La jeune femme blonde raccrocha puis fit volte face. Elle promena un instant sur nous son regard triste et inquiet. La voilà qui entreprenait de faire les cent pas à travers le hangar ! LJ et moi la regardions en silence, incapables de comprendre ce qui se tramait. Qui était-ce au téléphone ? Et que lui avait-on dit pour la mettre dans cet état ?

Soudain, elle fonça droit vers nous... vers moi, plus précisément. Elle entreprit d'ôter les liens qui retenaient mes jambes prisonnières.

- Qu'est-ce que vous faites ?

- Je suis désolée Sara.

- Quoi ? Mais...

- Tu dois venir avec moi, répliqua-t-elle en terminant de me libérer.

- Non ! me débattais-je.

- Lâchez-la ! s'écria LJ. Vous avez entendu ? Lâchez-là tout de suite !

- Arrêtez ! criai-je.

- Je t'en prie Sara, ne rends pas cela plus dur que cela ne l'est déjà, me supplia-t-elle.

Quoi ? Que disait-elle ? Notre ange gardienne était-elle entrain de se changer en démon ? Non, je ne pouvais pas le croire ! Et pourtant, elle me traînait à son tour de toutes ses forces hors du hangar. Elle n'avait pas à tirer bien fort sur mon bras pour me convaincre de la suivre... Affaiblie par notre condition et la chair de mon dos encore à vif, il m'était impossible de me débattre comme la tigresse que j'avais été. C'était donc presque aussi doux et vulnérable qu'un agneau que je la suivis. Mes membres se mirent à trembler sans que mon cerveau ne leur commande de le faire lorsque nous longeâmes le chemin de graviers qui menait à la grange de mon cauchemar...

- Pitié, je vous en prie, ne faite pas ça ! la suppliai-je en devinant le châtiment qui m'attendant surement à nouveau.

- Tais-toi Sara, s'il te plait...

- Je vous en supplie, je suis à bout de forces ! Je ne le supporterai pas une deuxième fois, gémis-je.

- Arrête Sara, je t'en prie !

La jeune blonde semblait bouleversée. Elle ne me regardait même plus dans les yeux... Pourquoi ? Pourquoi voulait-elle s'acharner sur moi ? Je n'étais plus que l'ombre de moi-même ! Mon cœur battait un record de vitesse dans ma poitrine lorsqu'elle referma la porte de la remise derrière nous. Mon regard s'arrêta sur les menottes, encore attachées à la chaîne qui pendait au plafond. J'avais encore l'odeur du sang - de mon sang - dans les narines.

- Je ne t'emmène pas là pour t'infliger les coups que Susan t'a donné, expliqua-t-elle enfin en évitant mon regard.

- Alors qu'est-ce que nous faisons ici ? osai-je demander d'une voix tremblante.

La douce et si jolie gardienne sortit d'une main peu assurée quelque chose de sa poche. Elle secoua la tête puis me fit face de toute sa hauteur en braquant son arme sur moi.

- Je suis là pour te tuer... lâcha-t-elle.

Un million de fourmis envahirent mes jambes à ces mots. Elles parcourent l'intégralité de mes membres, envahirent ma vue, mon ouïe, mon cerveau. Je tombai instantanément dans un trou noir qui semblait ne jamais en finir.

- Pourquoi ? Pourquoi faites-vous ça ? me mis-je à sangloter.

- Je... je n'ai pas le choix... gémit-elle d'une voix tremblante.

Si la toute dernière personne en ce monde en qui je pensais avoir confiance était celle qui serait responsable de ma mort, je n'avais plus à lutter, songeai-je. Car plus aucun espoir ne m'était permis. Si la vie était un jeu, je ne possédais plus aucun joker.  La partie était terminée pour moi. 

Je la regardai droit dans les yeux. Elle tenait toujours son arme pointée dans ma direction... mais qu'il semblait lourd, ce pistolet dans sa petite main frêle ! Si lourd que son poignet vacillait de haut en bas. Je compris alors que c'étaient les sanglots qui secouaient ses membres.

- Je ne peux pas faire ça comme ça !

Je la regardais toujours, les yeux aveuglés par les larmes.

- Retourne-toi, murmura-t-elle alors que des larmes roulaient sur ses joues.

- Je vous en conjure, ne faites pas ça, la suppliai-je une ultime fois.

Son visage se décomposa littéralement. J'étais à présent convaincue que cette femme n'avait encore jamais tué personne.

- Retourne-toi Sara.

- Non, non, bredouillais-je en état de choc. Je ne me retournerai pas. Si vous devez me tuer, vous allez devoir me regarder en face. Je... je ne me retournerai pas, décidai-je dans un dernier sursaut de bravoure.

Sa main tremblait de plus en plus et des larmes roulaient sur ses joues.

- Je suis incapable de faire ça, sanglota-t-elle à son tour.

Elle porta ses mains tremblantes à sa bouche et rangea son arme dans la poche arrière de son jean. Elle me regarda d'un air navré et rebroussa son chemin en refermant la porte à clé derrière elle.

Du Côté de Sara TancrediOù les histoires vivent. Découvrez maintenant