𝙳𝚒𝚏𝚏𝚎𝚛𝚎𝚗𝚝 - 𝚃𝚘𝚖𝚎 𝟷

Chapitre - 25

De vives pressions sur mes jambes me font froncer les sourcils. Dans un gémissement j'entrouvre mes yeux et vois une boule de poils familière. Poppy le lapin en peluche de Freya est assis là m'observant simplement. Mon regard balaye tout autour de moi, je constate avec soulagement que je suis de nouveau dans ma chambre, à l'institut. Je lâche un soupir rassuré d'être de nouveau là.

Une conversation provenant du couloir attire mon attention, Cody et Max arrivent dans la pièce. Cody se précipite à mon chevet remarquant que je suis réveillé. A son attitude j'ai la triste impression que j'ai dormis bien trop longtemps.

— Charlie comment te sens-tu ?

— Eh bien disons que j'ai connu des jours meilleurs... j'ajoute en me redressant.

Je suis encore assez troublée par tous les événements qui se sont produit. Je mets une main sur ma tête sentant que j'ai quelque chose dessus, en touchant davantage de mes doigts, cela semble être un bandage. Instinctivement, je me mords l'intérieur de ma lèvre me remémorant ce que j'ai vécu.

— Nous t'avons retiré la puce qui était dans ta tête, nous ferons des tests quand tu iras mieux pour évaluer la réactivité de tes capacités, explique Max calmement avant de s'asseoir à mes côtés.

— J'ai dormi combien de temps ?

— Trois jours.

Les yeux écarquillés, je fais rapidement comprendre mon étonnement, je dois avoir une mine déplorable, gênée, je recoiffe discrètement de mes doigts ma chevelure brune. Je m'étire ensuite tout le corps, le besoin de me dégourdir les jambes se fait ressentir.

— Comment nous avez-vous retrouver ?

— Grâce à ton pendentif, un charme a été créé dans celui-ci pour le localiser et le protéger de toute autre personne extérieure à l'institut, complète Max

Je touche le cristal à l'écoute de cette explication, je comprends mieux pourquoi je l'ai toujours eu autour du cou là-bas.

— Et Dove ?!

— Elle va bien, elle s'est réveillée tôt ce matin, là elle est sûrement en train de faire la visite aux nouveaux, répond Max en se redressant.

— Aux nouveaux ?

— Ceux qui étaient enfermés avec vous, ajoute Cody qui vient prendre l'une de mes mains.

Étrangement, je pense à Evan, à la dernière chose qu'il m'ai dite. Serrant ma main autour de celle de Cody, je baisse la tête. Tout est encore mélangé dans mon esprit et il m'est encore trop tôt pour définir quoi que ce soit.

— Je suis désolé mais je dois vous laisser, Charlie je suis content de te savoir de nouveau parmi nous.

Je lui souris et le regarde partir de la pièce, nous laissant seul. Cody s'assoit plus confortablement sur le lit à mes côtés. J'observe par la fenêtre, il neige, c'est reposant de voir à nouveau l'extérieur. J'aimerais marcher dans la neige ou même faire un footing matinal mais on risque de m'en empêcher.

— Je suis désolé pour tout ce qui s'est passé... avoue tristement Cody.

Je tourne la tête en fronçant les sourcils. Je ne comprends pas pourquoi il se sent autant désolé, car rien de tout ce qui s'est passé n'est de sa faute. J'attrape Poppy que je blottis contre moi tout en l'observant du coin de l'oeil . Il me prend dans ses bras, je le laisse faire, profitant de son étreinte et de ses caresses. Je suis contente de le retrouver, il m'a manqué.

Une personne frappant à la porte me fait lever les yeux. Mon cœur fait un bond en le voyant, Derek dans l'embrasure de la porte.

— Je vais vous laisser, ajoute Cody en se levant prêt à sortir.

L'homme aux cheveux noirs entre dans la pièce, il semble essoufflé. Bizarrement je baisse le visage, intimidé par sa présence. J'entends les bruits de ses chaussures frappant le sol pour venir jusqu'à moi. Timidement je relève le visage pour l'observer, son regard intense affole mon cœur qui tambourine dans ma cage thoracique. Venant de lui je m'attends déjà à recevoir des tonnes de reproches. Je me prépare donc mentalement à subir tout un tas de réflexions de sa part.

Il s'assoit à côté de moi le regard toujours sévère jusqu'à ce qu'il aperçoit le bandage autour de ma tête. Son visage se décrispe quelque peu et il regarde ailleurs. À ce moment-là il a plutôt l'air pensif et très étrange.

— Pourquoi m'as-tu sauvé ce jour-là ?

— Je ne sais pas ... j'ai agi instinctivement, je ne voulais pas que toi aussi tu sois...

— Tu es stupide, coupe-t-il sèchement.

— Stupide ? Un simple merci aurait suffi.

Il se rapproche soudainement de mon visage pour me regarder droit dans les yeux. Ma respiration se coupe, paniquée de sa proximité. Je regarde ses pupilles ambre s'intensifier et sa respiration se faire haletante. Les mains agrippées contre le lit, je comprends qu'il ne va pas tarder à faire exploser sa colère d'une seconde à l'autre. 

— Tu n'avais pas à me protéger Charlie !

— Mais c'est quoi ton problème ? Je t'ai sauvé oui car je tiens à toi je n'allais quand même pas...

D'un geste vif sans que je m'y attende, il m'attrape le visage pour le ramener vers lui, je sens son souffle s'abattre sur mes lèvres ce qui me fait taire. Ses doigts se resserrèrent contre mes joues puis sans que je n'aie eu le temps de répondre quoique se soit, il m'embrasse. Paralysée,  je ne bouge pas d'un cil. Mon cœur redouble d'efforts et mes joues rougissent de passion. C'est doux et tendre. J'aime le fait de retrouver ses lèvres, leurs contacts contre les miennes. Il continue son action en m'embrassant plus passionnément, me ramenant au plus proche de lui.

Je mets mes bras autour de son cou me laissant porter par cette situation. Mes doigts caressent sa chevelure noire et mon corps se love contre le sien. Après tout ce qui s'est passé j'ai terriblement besoin de ça, terriblement besoin lui. Mais c'est alors que nous continuons notre échange qu'il s'écarte aussitôt.

— Désolé je ne voulais pas...

Quoi ? 

Il ébouriffe sa chevelure noire signe qu'il est anxieux. Je ne sais pas vraiment si à ce moment-là je suis énervée ou bien déçue. Mais sa réaction soudaine m'a assez surprise.

—Je... merde je ne sais pas ce qui m'a pris, rajoute-t-il en se levant prêt à partir de la chambre.

Je n'ajoute rien, à vrai dire qu'est-ce que je peux dire de plus à cela ? Mes doigts triturent mes boucles brunes. Il s'est retenu au dernier moment à la porte de ma chambre et semble hésiter. Je vois ses doigts se contracter contre le bois de la porte.

— Je suis heureux de te savoir de nouveau ici... lâche-t-il dans un soupir, avant de s'éclipser de la pièce. 

Eh bien que dire de plus face à cette intervention ? Décidément Derek sera la plus grande énigme que la terre est créée.

Je n'ai du coup pas eu le temps de lui expliquer ce que j'ai pu ressentir là où nous étions enfermés mais à quoi bon lui dire,  cela il devait bien s'en moquer. Je réfléchis un instant si je devrais parler du cas d'Evan, mais après réflexion je préfère m'abstenir, il est encore un sujet difficile à définir.

Et pour le cas de mes parents je préfère tout simplement en parler directement avec Max il est le mieux placé pour répondre à mes interrogations. Je m'allonge plus confortablement dans mon lit, regardant en silence le plafond. Je suis contente de revenir ici. Fatiguée je ferme mes paupières lourdes. Une fois de plus.