𝙳𝚒𝚏𝚏𝚎𝚛𝚎𝚗𝚝 - 𝚃𝚘𝚖𝚎 𝟷

Chapitre 19 - Le mal

Une puissante alarme rugissait le long des couloirs tandis que des luminaires aux couleurs rouges clignotaient au rythme de ce son assourdissant. Il ne nous en fallait pas plus pour que nos jambes s'écourent dans cet endroit qui semblait sans fin. Tous mes sens étaient dans un parfait éveil réagissant au moindre mouvement. Les gardes qui rencontraient notre route l'ont rapidement compris en se retrouvant projetés à chaque apparition.

Mon coeur tambouriner férocement en ressentant toute cette adrénaline me faisant même manquer une marche dans l'escalier de fer que nous venions d'emprunter. Dove me rattrape le poignet m'évitant la chute. Je regarde tour à tour Dove et Derek qui sont sur leurs gardes prêts eux aussi à réagir rapidement. Mais étrangement ils n'ont pas l'air anxieux, je dirais même qu'ils étaient sereins. C'était assez perturbant de constater qu'ils étaient habitués à ce genre de situation.

Lorsque nous traversons à nouveau un couloir, des gardes nous surprennent en tirant notre direction. Je réussis in extremis à éviter les projections et avant que je n'aie le temps de répliquer Dove et Derek se chargent de les éliminer en deux trois mouvements. En m'approchant d'eux, et de leurs corps, je ne peux m'empêcher de ressentir de la culpabilité. Même si eux n'avaient pas un seul instant hésité à nous tirer dessus, c'était tout de même des vies humaines que nous prenions. Nous, des personnes souhaitant protéger l'espèce humaine.

— Charlie on doit y aller, ne reste pas là.

Mon regard se plante dans celui de Dove qui d'instinct fait un pas en arrière. Je ne comprends pas sur le moment le visage que je venais de prendre, mais il était évident qu'il était différent de ce qu'elle devait connaître.

— Nous sommes dans un monde dévasté Charlie, ils nous auraient tués sans même sourciller.

— Donc nous devons faire la même chose qu'eux ? Utiliser nos dons pour ça ?

Le même ressenti qu'au bar s'éprenait de moi. De la haine m'enveloppant lentement. J'inspire profondément en essayant d'atténuer cette colère. Est-ce que c'est ce pour quoi je voulais me battre ? N'avait-il pas d'autre issue possible ?

— Charlie écoute moi.

Je relève ma tête à l'entente de la voix de Derek et expire l'air d'un coup. Son regard et le même qu'il avait lorsque j'étais prête à tuer la femme l'autre soir.

— Tout ceci dépasse ton entendement pour le moment, et nous le comprenons, mais nous manquons de temps, tu es venue pour quoi Charlie ?

— Mon père.

— Bien, reprenons la mission et ne laisse pas tes émotions prendre le dessus, tu es plus forte que ça.

— Derek tu ...

— Non Dove, elle doit comprendre, qu'il est temps qu'elle sorte de ce monde de paix qu'elle s'était imaginé toute sa vie.

Ses mots s'impriment douloureusement dans mon esprit. Et je n'ai pas le temps d'ajouter quoi que se soit qu'il part suivit rapidement de Dove. Je mords ma lippe inférieure et détourne le visage en soupirant, je n'avais jamais souhaité une telle issue.

Nous finissons par entrer dans une salle, différente des autres. Les sourcils froncés, je penche ma tête sur le côté tout en la regardant. Elle était plongée dans l'obscurité à peine éclairée par une lueur verte apparaissant par moment. En pénétrant dans celle-ci, nous voyons directement au sol de longs câbles. Mes membres se contractent au fur et à mesure de mes pas tremblants. Je m'interromps soudainement devant de grands tubes, mon cœur se serre davantage lorsque je constate qu'à l'intérieur se trouvaient des humains plongés dans une sorte de liquide verdâtre.

— Ceux sont des testeurs... ajoute Dove et en voyant son visage triste, je pouvais presque affirmé qu'elle avait déjà vécu ou vu ce genre de situation.

— Qu'est-ce qu'ils leur font ?

— Ils font d'eux des expériences, c'est ce qu'ils appellent leurs jouets.

— C'est exact.

Nous nous retournons aussitôt à l'entente de cette nouvelle voix, pour voir un homme d'une quarantaine d'années aux cheveux poivre et sel, afficher un sourire malsain. Dove lève ses mains, mais avant qu'elle n'ait le temps de faire le moindre mouvement elle se retrouve au sol.

—Lewis ! Tu ne t'en tireras pas cette fois !

— Et qu'allez-vous faire ?

À ses mots des hommes entrent dans la salle et nous encerclent se faufilant partout dans la pièce. Certains se placent près du docteur, tandis que d'autres se placent aux côtés des grands tubes, des armes pointées sur nous. Nous étions complètement pris au piège. Je retiens mon souffle en serrant mes poings puis d'un geste lent place mes doigts sur mon oreillette, je n'entendais plus la voix de Cody.

— Tout ceci commence à sérieusement m'agacer, ajoute Dove en faisant apparaître un champ de forces bleu autour d'elle.

Les gardes se tiennent prêts à tirer aux moindres mouvements. Je regarde tout autour de nous, ils étaient bien trop nombreux, et il était inutile d'espérer s'en sortir indemne.

— Arrêtez immédiatement vos fichus tests ! Ou nous serons bien obligés de riposter...

J'observe le jeune homme aux yeux ambre et me place à ses côtés. J'empoigne son avant-bras avec douceur pour qu'il abaisse sa main, avant de poser les yeux sur le docteur. Il était sûrement ma seule piste pour retrouver mon père, je devais l'affronter. L'homme m'analyse attentivement, mais je ne me démonte pas et m'approche d'un pas. Je sentais que cela ne rassurait pas Derek puisqu'il vient à lui aussi faire un pas.

— Où est mon père, docteur ?

L'homme ne répond pas de suite, mais au bout de plusieurs secondes, il finit par afficher un sourire satisfait. Il frappe brièvement dans ses mains, concentrant toute l'attention sur nous.

— La fille de Knight...Edward m'a prévenu que tu risquerais de venir, mais je ne pensais pas l'institut serait aussi stupide de me l'apporter sur un plateau d'argent...

Un étrange rictus se marque sur son visage et après avoir échangé un regard avec moi. Il fait un signe de main avant qu'un petit garçon se place à ses côtés. Il devait à peine avoir 10 ans, tout au plus. Sa chevelure blonde contrastait avec son visage si sombre. Je déglutis en observant Derek et Dove afficher un drôle de regard. Jusqu'à ce que la jeune femme aux cheveux d'argent se mette à fondre en larme.

— Marius...

Ils le connaissaient ? Pourtant le visage du petit garçon n'affichait pas la moindre sympathie les concernant. Le docteur s'abaisse à l'oreille de l'enfant pour lui chuchoter quelques mots avant qu'il n'avance vers nous. J'avais un mauvais pressentiment et je ne savais pas si je devais me défendre contre lui au vu de la réaction de mes camarades.

— N'approche pas de nous, nous ne voulons pas te faire du mal, ajoute Derek en se plaçant devant moi.

Mais le petit garçon n'écoute pas ce qu'il dit et continue son avancement. Peu à peu je sentais mes muscles s'engourdirent étrangement, comme-ci une forte attraction m'attirer au sol.

— Je me sens si faible tout d'un coup...

Dans une forte résonance, mon corps finit au sol, tout comme celui de Derek qui ne me lâchait pas du regard. Il tente de se relever, en vain.

— Derek...

— Ça va aller, je ne t'abandonnerai pas tu m'entends ?

Mon corps tout entier me faisait atrocement mal alors que j'hochais faiblement la tête en guise de réponse. Cette sensation que tes muscles se comprimaient m'était insupportable, mais même hurler je ne le pouvais pas. L'air me manquait me faisant vaciller. Je tente de ne pas perdre pied en clignant plusieurs fois des paupières, mais rien n'y faisait et doucement je me laisser entraîner dans l'obscurité la plus totale.