Chapitre 26: Un éclat de rire pour se préparer au pire

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PDV Inconnu
Autour de nous l'obscurité était faite. Seul nous éclairait le clair de lune obstrué par quelques branches de sapin. Retour à la forêt, comme si seul là était notre place. Enfin, cela paraissait évident que les gens tels que nous n'étaient chez eux que dans l'ombre.Fourrant mes mains dans mes poches, je jetais un regard à mon compagnon d'infortune. La lumière lunaire se reflétait sur ses cheveux couleur corbeau et, malgré l'obscurité, on voyait dans ses yeux cette lueur, celle qu'on ne voit que dans les yeux des gens réellement déterminés. Il ne m'adressa pas un regard, fixant un point droit devant lui. À dire vrai, malgré le fait que notre alliance ne soit aucunement basé sur de la confiance et encore moins sur de l'amitié, je commençais à revoir mon avis sur cet homme. Je ne voyais certes plus en lui ce côté égocentrique, mais les nombreuses zones d'ombres qu'il restait quant à lui m'empêchaient de lui faire pleinement confiance. Notre alliance se limitait à récupérer chacun ce que nous possédions, point final. Aucune autre suite n'était envisagée. Une fois nos buts respectifs atteins, nous partirons chacun de notre côté, voilà la décision qui avait été prise ; et rien au monde ne pourrait nous en détourner. Un bruissement venant d'un arbrisseau me fit tourner la tête, tous les sens aux aguets. Ce bruit venait de la direction que mon homologue fixait depuis tout à l'heure. Peut-être était ce qu'on attendait ? Personnellement, je n'en savais rien. Il ne m'avait rien dit à ce sujet. Une personne vêtue d'une cape sombre à la capuche remontée pour cacher son visage s'avança dans notre direction. Elle était de taille assez moyenne, mais possédait un pas sûr et déterminé. Elle se planta en face de nous et retira son capuchon, libérant ainsi une longue chevelure de boucles blanche parvenant par son unique pouvoir réfléchissant à éclairer un visage de femme des plus agréable à regarder. Bon d'accord, elle était loin d'être mon genre, mais je devais bien admettre qu'elle était jolie. Son regard également brillait d'une certaine détermination, mais rien de comparable à celle de mon acolyte du moment.

- Heureuse de vous revoir, prince. Sourit-elle en s'adressant à ce dernier.

- Je voudrais pouvoir en dire de même, sorcière. Répondit-il froidement. Mais les circonstances ne se prêtent pas réellement aux embrassades.

- Il serait plus vrai de dire que se ne sont pas les miennes qui vous préoccupent. Répliqua la dite sorcière avec une touche d'ironie dans la voix.

J'observais silencieusement la discussion entre les deux êtres. Il y avait entre eux une certaine animosité, mais ils semblaient être unis dans un même but. L'ambiance était glaciale, mais nous n'étions plus à ça prêt.

- Vous savez pourquoi je vous ai demandé de venir, je suppose ? Demanda l'homme en éludant volontairement la remarque.

- Vous me sous-estimez, prince ! Fit-elle semblant de s'offusquer. Je sais exactement ce qui vous a poussé à me demander mon aime tout comme les circonstances menant à la situation dans laquelle vous vous trouvez.

- Bien, dans ce cas je suppose que vous acceptez ?

- C'est une évidence.


PDV Juvia
Ne pas se reconnaître dans le miroir. Voilà un sentiment qui m'était devenu bien trop familier. Qui étaient cette fille – ou peut-être cette femme ? - au visage maquillé avec soin et aux cheveux discipliné à grands renforts de pinces et de laque ? Qui était cette futur mariée portant sur elle la magnifique robe blanche signifiant clairement qu'aujourd'hui était le plus beau jour de leur vie ? La réponse était bien simple : Elle n'était personne. Mais que faire à part se résigner ? Je n'avais plus d'espoir, le mien étant sans doute mort dans les cruelles cellules du château. Dire qu'avant qu'il n'y soit emmené ne n'avait aucune idée de l'existence d'un tel endroit sous mes pieds... Je m'appuyais contre la coiffeuse qui se trouvait devant moi et crispais mes poings contre le bois couvert de peinture blanche. Mes épaules furent secouer d'un léger rire, prenant bien vite toute l'ampleur qu'il pouvait. La situation était si ironique, si pathétique. J'allais épouser un homme que je n'aime pas et que je n'aimerais jamais, un homme qui m'a violé et qui a pourtant le soutien sans faille de mon père, tandis que mon amour et soit en train de vivre ses derniers instant dans une cellule lugubre, soit en train de fuir et d'oublier jusqu'à mon existence. Et dire que malgré ça, je gardais encore un espoir. Quelle cruche je faisais ! Les larmes ne coulaient plus, j'en avais déjà trop versé. À quoi bon ? J'étais de toute façon condamné à vivre cette vie tous les jours à partir de maintenant. Une idée dégoûtante accompagné de l'expression adaptée traversa mon esprit. Serait-ce encore considéré comme du viol une fois que nous serions marié ? Bien sûr que non ! Il n'aura même plus la loi contre lui et pourra faire ce qu'il veut de moi sans en être inquiété. Et ce grâce à un principe simple : On sera marié. Une autre pensée s'afficha dans mon esprit. Et si je le tuais ? Ça règlerait tous mes problèmes ! Une nouvelle vague de rire m'étreint. À quoi pensais-je ? Moi, petite princesse de rien du tout, allait d'un coup assassiner son mari ? On se croirait dans l'une de ses histoires stupides paraissant dans les journaux pour remplir les pages vides ! Non jamais je ne pourrais faire ça, jamais ce genre de choses n'arriveraient. Ce n'était qu'une vaste blague que je me faisais à moi même pour dédramatiser. Je n'avais plus de choix, je n'en avais jamais eu. Je n'avais plus qu'à affronter ça, quitte à me pourrir la vie. Face à l'univers entier, mon existence ne valait pas plus qu'un grain de poussière, et encore. Pour mériter cela, j'avais dû faire souffrir bon nombre de gens. Autant dire que c'était le mieux qui pouvait m'arriver. Je relevais la tête et fixais mon reflet dans le miroir. À vrai dire, je me faisais peur à moi même. Mes dents étaient serrées et ma bouche se déformait en un horrible rictus. J'avais un regard de zombie, littéralement. Un regard froid, à glacer le sang. Je me redressait et desserrais mes poings. Dans la chair de mes paumes s'étaient imprimées les marques de mes ongles. J'enfilais les courts gants de dentelles qui avaient été achetés pour l'occasion dans le but de cacher les cicatrices et posait à nouveau mon regard sur mon reflet dans le miroir. Je fermais les yeux, respirait à fond et, lorsque je rouvrais mes paupières, fit mon plus beau sourire à la personne que j'apercevais dans la glace. Cette fille n'était pas moi, certes ; mais elle était celle que je devais devenir si je voulais affronter ma destinée avec dignité. Continuer à avancer, avancer et enfin accepter le fait que ce que j'avais vécu avec Grey n'était qu'une simple amourette de passage.


- Princesse ? Appela la voix d'une jeune fille aux courts cheveux violets habillés en demoiselle d'honneur. Il est l'heure...


Je regardais d'abord la jeune fille à l'expression triste, sans doute devait-elle avoir compris, puis mon reflet dans le miroir. Je lui souris :


- J'arrive.

[Fairy Tail] Juvia princesse plus si parfaiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant