Chapitre 14: Les yeux fermés

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PDV Grey
J'ouvrais les yeux. Un horrible mal de tête vrillait mon crâne et ma bouche était pâteuse. Sans doute avais-je sous-estimé mon état d'ébriété d'hier soir. Je tentais de me redresser, mais une courbature au dos m'en empêcha et me dit grimacer. Après quelques secondes de lutte contre mon propre corps, je me rendit compte que l'environnement dans lequel je me trouvais n'avait rien à voir avec la luxueuse chambre que j'aurais dut avoir au château d'Agoa. J'étais allongé sur l'herbe, au beau milieu d'une forêt de sapins bleuté. A côté de moi se trouvait une jeune fille, une princesse... une princesse aux cheveux bleus comme l'océan... J'écarquillais les yeux, clignais plusieurs fois, mais cela ne changeait rien. Je dut me rendre à l'évidence que je n'étais pas dans un quelconque rêve ou autre invention de mon esprit. Mais qu'est-ce que j'avais bien put faire hier soir ? Je ne me souvenais de rien. Un voile opaque semblait couvrir la partie de ma mémoire relative à ce moment de ma vie. Je me voyais retourner au château, rencontrer cette servante, entrer dans la salle de bal et puis.... plus rien. Les souvenirs s'arrêtaient là. Comment avais-je bien put passer de la salle de bal à ici ? Toutes ces questions restaient encore sans réponse. Un petit gémissement plaintif attira mon attention. La jolie princesse semblait avoir un sommeil perturbé. Une expression entre la souffrance et la mélancolie déformait son doux visage. Je soupirais et détournais le regard. Dans quoi m'étais-je encore entraîné ?
- M. Grey ?
Sa voix cristalline brisant le silence m'avait brusquement sortis de mes pensées. Je fus surpris d'entendre cette sonorité si particulière et posais à nouveau mon regard sur elle. Ses grands yeux turquoises me fixaient, tel ces perles qu'on ne trouve qu'au fond de la mer après des années et des années de recherche. Ses cheveux étaient légèrement décoiffés, et quelque mèches bleus retombaient en formant des arabesques sur son visage aux traits si fins. Ses cheveux détachés lui allaient bien mieux que n'importe laquelle des ces coiffures compliqués qu'on arborait pour faire oublier que les personnes en dessous son comme morte de l'intérieur. Tuée par cette société se servant de la cupidité comme d'une redoutable arme pour assujettir les nobles et faire rêver la populace.
- Oui ? Lui répondis-je simplement pour lui signifier que je l'avais entendu.
- Est-ce que tout vas bien ?
Par politesse, je me retins de rire. La question était stupidement naïve, malgré la réelle inquiétude qu'on lisait dans son regard. Comment pourrais-je aller bien? Je venais de me réveiller dans une forêt froide en compagnie d'une jeune princesse -plutôt jolie, cependant- à qui je n'avais parlé qu'une ou deux fois et qui s'évertuait à me vouvoyer comme si elle se sentait inférieur à moi et en dépit de tout mes efforts. J'avais un ignoble mal de crâne qui transformait progressivement mon cerveau en une bouillie peu ragoûtante et de douloureuses courbatures parsemaient mon corps. Je ne me souvenais même pas de ce que j'avais fait la veille au soir et le pourquoi du comment restait toujours invisible à mes yeux. Donc la réponse était simple : non, tout n'allait pas bien. Mais était-ce vraiment la peine de l'inquiéter pour des futilités pareilles ? Si mon humble avis vous intéresse, non.
- Oui oui, ne t'en fait pas. Souris-je sans grande conviction dans l'espoir que la rassurer.
Elle garda sa mine soucieuse pendant encore quelques instants avant de m'offrir un petit sourire dans lequel on devinait une timidité à peine dissimulée. Je me levais en tentant de masquer mon mal de dos et lui tendit la main pour l'aider à faire de même. Elle s'en saisit sans plus d'hésitation et se leva à son tour. Alors que dans ma tête, une petite voix me disait de retourner aux château d'Agoa, une autre, bien plus forte, me criait de m'enfuir le plus loin possible et de l'emmener avec moi. Je ne savais absolument pas pourquoi, mais la seconde proposition me paraissait être la meilleure. Je n'avais aucune idée d'où cette histoire allait me mener, mais ce qui était sûr, c'est que j'y fonçais les yeux fermés !



PDV Avalon
~ quelques heures plus tôt, au château d'Agoa ~
- QUOI ?! Mais comment avez-vous put le laisser faire ?!
Alors que je m'égosillais sur ces incapables de gardes, la colère montait en moi comme la fumée dans une cheminée. Comment diable avaient-ils put laisser faire cela ?! Ce matin, aux aurores les soldats du château m'avaient apporté un morceau de tissu bleu qui avait été retrouvé accroché à un des rosiers avant la forêt. Je n'avais eu aucune peine à reconnaître le drapé bleu qui ornait auparavant la robe de ma fille unique hier soir. Vu l'endroit éloigné où l'on avait retrouvé ce bout de tissu et l'humeur générale dans laquelle elle était ces derniers temps, j'en avais tout naturellement déduit qu'elle avait dut s'enfuir, encore une fois, espérant échapper à son destin. Évidement, une princesse en robe de bal et talons haut, née avec une cuillère en argent dans la bouche, ne pourrais pas tenir plus de quelques jours dans la froide forêt de mon royaume. J'avais pendant une longue heure campé sur mes certitudes concernant son prochain retour, mais une nouvelle information me fit vite déchanter. Un soldat, effectuant sa ronde nocturne dans les jardins du palais durant la réception d'hier, l'avait vu s'enfuir en compagnie d'un homme, sans doute un prince, vu ses vêtements richement décorés, aux cheveux noirs comme une nuit sans lune. Il avait évidemment tenté de les rattrapé, mais avait échoué. Aillant trop peur de ma réaction, il avait fallu attendre ce matin pour qu'il vienne me le dire. Quel imbécile ! Malgré cette très vague description, je n'eus aucun mal à trouver l'identité de notre « kidnappeur ». Le prince Grey de Frozen. Ce petit morveux, bien loin d'être à l'image de sa réputation de tombeur invétéré , possédait en réalité un esprit vif et une réflexion fine, contrairement à son frère aîné qui était un parfait petit mouton obéissant et contrôlable à souhait. Bref, ce gamin m'insupportait. Bien évidemment, nous affichions une amitié de façade. C'est l'un des principes de la royauté. Plus on déteste une personne, plus on fait semblant d'en être proche, et il avait très bien assimilé ce principe. Ainsi, le voile avait été levé sur l'identité de cet homme, et j'avais décidé de garder pour moi mes réflexions. Mais une part d'ombre restait encore dans cette affaire. Quelles étaient les motivations du prince de Frozen ? Il était plus qu'évident que son but était d'empêcher le mariage entre ma fille et son frère, mais pourquoi avait-il eu cette idée saugrenue ? Grey faisait parti de cette catégorie de personne, dont j'étais également membre, qui ne fonctionnait qu'à l'intérêt. Nous n'effectuions aucune action si, en contre-partie, nous ne pouvions pas tirer profit de la chose. Je vois déjà venir les hypothèses idiotes selon lesquelles ce morveux serait tombé amoureux de Juvia, mais elles ne tiennent pas la route. S'il y avait bien une chose sur laquelle nous arrivions à tomber d'accord, c'est bien sur le fait que, dans notre monde de bal et de couronnes, l'amour n'était qu'une illusion de plus qu'on arrivait à faire gober au peuple. Les histoires de prince charmant qui sauvent la princesse du méchant roi n'avaient rien de réel. Plus je réfléchissais, plus mon esprit s'embrouillait. Je décidais donc d'arrêter de chercher.
- Votre Majesté ! Dois-je dire à une équipe de partir à leur recherche ?
Je toisais le soldat qui se trouvait devant moi, un genoux à terre. C'était si drôle de voir les pauvres gens s'agiter dans tous les sens pour un problème qui les dépassait de loin. De plus, ce pauvre garçon n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait faire. Un rictus déforma mes traits tandis que je lui répondis sèchement :
- Non
Le soldat leva un regard incrédule vers moi. A présent, une partie d'échecs s'engageait entre Grey et moi. Et ce qui était sûr, c'est que je ne le laisserais pas gagner sans me battre !  

[Fairy Tail] Juvia princesse plus si parfaiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant