[Fairy Tail] Juvia princesse plus si parfaite

Chapitre 8: De retour au bercail

PDV Grey

J'avançais d'un pas rapide, le regard porté sur le lointain. Je n'étais pas mécontent d'avoir retrouvé mon apparence normale, loin de là, mais un goût amer restait malgré tout dans ma bouche. Cette fille avait sacrifié son premier baiser pour m'aider, sans même savoir qui se cachait derrière cette forme bestiale. Comment pouvais-je savoir que c'était son premier baiser ? Son attitude. Tous les gestes qu'elle esquissait trahissaient une gêne bien présente et ses joues, ayant virées au rouge coquelicot, ne pouvaient qu'appuyer ma théorie. Je détestais faire ce genre de chose. Je détestais être comme ça, ce prince dragueur et coureur de jupons que m'avait imposé mon tuteur pour faire paraître mon frère aîné plus éclatant qu'il ne l'était. En réalité, c'était plutôt lui qui aimait ce genre de chose. Tous les gens qui nous connaissaient au delà des apparences pensaient que je ferai un bien meilleur roi que lui, mais, après tout, c'était lui l'héritier... Et je n'avais aucunement envie de diriger des gens contre leur gré. Non, le rôle de second prince quelque peu en retrait me convenait parfaitement, c'était seulement l'attitude qui allait avec qui me dérangeait. Pour en revenir à la fille, j'avais au moins essayé de lui faire passer un bon moment, de lui faire oublier que ce baiser était forcé et de jouer au prince charmant. Après tout, je lui devais bien ça, elle m'avait tout de même délivré de cette malédiction qui pesait sur mes épaules depuis bientôt un an. N'empêche, pour une petite princesse elle ne manquait pas de courage, car, derrière son attitude timide et sa gène, elle n'avait pratiquement pas hésité à faire ça, juste pour aider quelqu'un qui lui demandait. C'était une belle preuve de courage de sa part, mais aussi une telle marque de stupidité ! Si elle continuait à embrasser les hommes sans les connaître, je ne donnais pas cher de sa vertu. Et, étant plutôt jolie, elle la perdra bien assez tôt, même si je suis pratiquement sûr qu'elle va subir un de ces mariages si bien arrangés qu'on les prend pour des vrais. Dans ce genre de cérémonie, seuls les pleurs de la mariée pouvaient trahir leur véritable nature. J'en avais souvent parlé, à la cour, et on me répondait que certains mariages marchaient bien. Ces remarques me faisaient rire, le nombre de mariages arrangés où les deux personnes finissaient heureuses se comptait sur les doigts d'une main, et le nombre impressionnant de jeune fille ayant fait couler leur sang pour éviter ce malheur rendait le précédent encore plus ridicule. Bien évidement, ces suicides étaient camouflés en accident pour garder le peu de dignité qu'il restait encore à la famille de la victime. Je ne voulais jamais forcer quelqu'un à m'aimer, et je m'étais résolu à ne pas me marier. Certes, ma réaction pouvait paraître excessive, mais je ne voyais pas d'autres solution pour ne faire souffrir personne. Bien sûr, je pouvais essayer de faire un mariage d'amour, mais vu le rôle que je joue en permanence, cette jeune fille tomberait amoureuse d'une image et souffrirait d'autant plus. Bref, je voulais que ça n'arrive jamais, et j'obtenais toujours ce que je voulais.

Voilà plusieurs jours que je marchais droit devant moi, traversant villages et forêts, sans jamais m'arrêter. Les rares gens que je rencontrais détournaient le regard sur mon passage, mais je m'en fichais, j'allais bientôt atteindre mon objectif. Le paysage avait changé durant le trajet. Les abondants chênes des forêts d'Agoa avaient fait place à des sapins recouverts de neiges, signe de mon arrivée à Frozen. Bien qu'il ne me restait que peu de vêtements sur moi, je n'avais pas froid. J'étais habitué à la morsure du froid sur mes membres, sortant parfois en sous-vêtements sous cette neige glaciale. A présent, l'immense château de glace du royaume se dressait de toute sa hauteur devant moi. Beaucoup auraient été impressionnés par sa taille gigantesque, mais pas moi, ou du moins, plus moi. Ce château faisait partie intégrante de mon quotidien depuis que j'étais tout petit, j'y étais même né. Alors que j'allais passer la porte, les gardes tendirent leurs lances devant moi dans un geste brusque. Je leur lançai un regard assassin et ils retirèrent leurs armes en s'excusant platement. J'ignorai leurs excuses et m'engouffrai dans le château. En me voyant entrer, une servante laissa tomber le vase, qu'elle tenait entre les mains, qui se brisa sur le sol dans un grand fracas et se jeta dans mes bras.
- Prince Grey ! Mon dieu, vous êtes vivant ! Nous avons eu si peur pour vous ! Pleurnicha-t-elle en me serrant un peu plus.
Gêné par cette effusion de larmes, je la décrochai de mon torse et plantai mon regard bleu outre-mer dans le siens, vert émeraude. Je lui fis un petit sourire enjôleur avant de lui glisser à l'oreille :
- Moi aussi je suis content de te revoir... Commençais-je.
- Kinana ! Compléta-t-elle.
- Kinana, mais il ne faudrait pas faire ça en public. De plus il me semble que, dans ton émotion, tu as cassé un vase. Tu devrais le ramasser.
- Mais... Très bien, votre altesse...
Je lui souris à nouveau avant de reprendre mon chemin. Et oui, j'étais de retour à Frozen, il fallait que je retrouve les vieilles habitudes. Ça me répugnait, mais je ne pouvais pas faire autrement, je risquais trop gros. Après quelques minutes de marche de plus, j'arrivai enfin devant l'immense porte donnant sur la salle du trône. Sans plus de cérémonies, je poussai la porte et pénétrai à l'intérieur de l'immense salle. Mon frère, tranquillement assis sur le trône en train de boire, faillit s'étouffer avec son vin en me voyant.
- G-grey ?!
Il resta bouche bée pendant quelques secondes avant de reprendre un peu de contenance. Il se leva du trône sur lequel il était littéralement affalé et me prit dans ses bras dans un élan de fraternité dont je me serais bien passé. Il sentait l'alcool à plein nez, ce qui me laissait présager qu'il n'en était pas à son premier verre.
- Où est-ce que tu étais passé ? Je me suis vraiment inquiété ! S'exclama-t-il.
- Je t'expliquerai tout en détails. Lui répondis-je. Mais d'abord, dis-moi où se trouve maman.