Chapitre 15: Vision du passé

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PDV Grey

Nous marchions tranquillement dans la forêt. Après une rapide décision de ma part, je lui avais demandé de me suivre et elle avait obéit. A dire vrai, à quelques détails près, nous ressemblions à une couple faisant une promenade bucolique entre les immenses arbres du royaume d'Agoa. Enfin, si elle ne marchait pas 3m derrière moi dans une robe de bal que la nuit en forêt n'a pas épargnée et que je n'affichais pas cet air renfrogné, les mains dans les poches. Bien que je ne faisais que réfléchir et tenter de reconstituer mes souvenirs, elle l'avait sans aucun doute pris pour elle. Même si je pouvais comprendre que se retrouver seule avec un étranger n'ayant pas sourit depuis la veille au soir pouvait être perturbant, j'aurais préféré qu'elle le montre un peu moins. Après tout, elle se trouvait ici en face – en fin si je puis dire, vu la distance qui nous sépare – du « véritable Grey », et non pas de la pâle copie que mon rang m'obligeait à être. D'ailleurs, elle avait plus qu'intérêt à s'y habituer rapidement : Je n'étais pas celui qu'elle croyait. Je n'étais de loin pas une espèce de prince charmant venu la libérer de je ne sais quel maléfice. Non, je n'étais que moi. Moi, Grey, plus jeune fils de la reine Ul de Frozen, mais avant tout un homme, profondément opposé à tous les salamalecs royaux qu'on imposait à tous les gens vivant au château. Je haïssais au plus haut point tout ces masques souriant et faux qu'on portais pour faire bonne impression dans les cours des différents châteaux. Je soupirais. De toute façon, je ne pouvais rien y faire. Juste tenter de fuir ce monde. C'était peut-être pour cela que j'avais accepté de l'aider, de l'emmener avec moi dans ma fuite vers la normalité. Pourquoi elle ? Aucune idée. Elle avait juste l'air... différente. Elle n'était pas comme toutes ces filles qui se montraient et comparaient leurs fortunes respectives ou qui fantasmaient sur les princes les plus riches en imaginant leur vie en étant marié à un homme de ce genre. Non, elle n'avait rien de tout ça. L'aura qu'elle dégageait était beaucoup plus simple, plus humble. Mais elle avait elle aussi été formatée par l'inflexible Étiquette. C'était bien dommage....


PDV Juvia

Depuis que nous avions commencé à marcher quelques temps plus tôt, Grey n'avait pas prononcé un seul mot. Il paraissait soucieux et semblait réfléchir à de nombreuses choses. Son dos courbé et ses mains dans les poches ressemblaient plus à celle d'un vieillard fatigué par la vie qu'à celle du jeune prince d'un royaume prospère. Il avait toujours le même visage aux traits fin qu'auparavant, le même dos fin et musclé, mais il ne semblait plus le même. J'avais l'impression que l'homme qui marchait devant moi était un parfait étranger. Malgré tout, mon cœur cognait dans ma poitrine encore plus fort que lorsque je l'avais rencontré. Mais qu'est-ce que cela voulais dire ? Trop perturbée par cette question, je détournais mon regard de lui et tentais de me concentrer sur le paysage. Nous étions, en ce moment même, en train de longer une rivière dont le courant agité remuait le fond de façon à ce qu'on ne puisse voir ce dernier. Les quelques rayons de soleil qui avaient réussi à franchir la barrière de nuage se dressant dans le ciel venaient se refléter sur l'eau. Je souris face à ce paysage si naturel. Cela me rappelait tellement les balades que je faisais avec Pearly il n'y a pas si longtemps... L'image de la jument aux magnifiques crins blancs me revint en mémoire et je fermais les yeux pour mieux en profiter. Je me souvenais encore de ses doux yeux bruns et de son odeur. Soudain, je me pris les pieds dans les pans de ma robe et perdit l'équilibre. J'entendis une voix d'homme lâcher une grossièreté, sentis un froid humide m'envelopper, l'air me manquer, puis plus rien... Le noir absolu... Je ne pouvais plus bouger, plus respirer. Que m'arrivait-il ? Pourquoi ne sentais-je plus mon corps ? Étais-je morte... ?

- Juvia... réveille toi...

J'entendis ces mots murmuré à mon oreille et sentis un frisson dans mon âme. Une forme floue et clair apparu devant moi. Peu à peu, la forme se précisa et je vis apparaître une femme. Elle avait des cheveux noirs coupés court et des yeux d'un bleu tellement foncé qu'il paraissaient presque d'une couleur identique à celle de ses cheveux. Elle portait une magnifique robe digne de celle d'une déesse dont le bleu pâle s'associait parfaitement à son teint clair et pur comme les premières neiges. Elle me fit un sourire et pris mes mains. Tout en elle respirait une incroyable tendresse. Qui était-elle ? Je ne l'avais encore jamais vu auparavant. Ce qui était sûr, c'est qu'elle était magnifique. Ses gestes et attitudes rappelaient celles des grandes reines, mais elle avait l'air de bien plus que ça. Peut-être qu'il ne s'agissait en réalité que d'une impression de ma part, mais elle dégageait une aura si puissante que je me sentais très petite à côté d'elle. Je ne me sentais pas écrasée, juste à ma place. En y repensant, c'était à quelques détails près les sensations que je ressentais quand j'étais avec Grey... Son regard bienveillant était plongé dans le mien. Je me mis soudain à me soucier de mon apparence. Étais-je assez présentable pour me trouver devant une telle personne ? Je ne sentais plus rien sur mon corps gelé, ma nudité ne faisait aucun doute. Je baisais alors la tête, honteuse de me retrouver dévêtue devant cette femme, mais ses longs doigts fins attrapèrent délicatement mon menton et m'obligèrent, aussi doucement que fermement, à relever la tête. Pourquoi me sentais-je si misérable, à présent ? Pourquoi le simple fait de la voir sourire me plongeait dans un incroyable sentiment de plénitude ?

- N'ai pas peur... Juvia... Murmura-t-elle de sa douce voix. Suis-moi, il y a des choses que tu dois savoir.

J'acquiesçais sans vraiment savoir pourquoi et me laissait entraîner dans son pas léger. Elle semblait flotter au dessus du sol. Peu à peu, le décors autour de moi se précisa. Nous nous trouvions dans des jardins enneigés d'un palais blanc comme une edelweiss. Deux enfants, très légèrement habillé au vu de la météo, se trouvaient assit à une petite table. L'un des deux, possédant des cheveux noirs, était plongé dans la lecture de l'un de ces épais volumes qu'on ne trouve que dans les grandes bibliothèques, tandis que l'autre, aux cheveux gris très clair, se contentais de l'observer. Inconsciemment, je cachais mon corps nu à l'aide de mes mains, mais il me sembla qu'ils ne pouvaient pas me voir.

- Grey ! Viens jouer avec moi plutôt que de lire ! S'exclama l'enfant aux cheveux clairs.

Pour toute réponse, son interlocuteur leva nonchalamment son regard vers lui.

- Non. Répondit-il froidement. Laisse moi tranquille.

Bien entendu, celui qui semblait être l'aîné, bien qu'il ait l'air moins mature, ne l'entendit pas de cette oreille et trépigna d'impatience. Il prit le livre que lisait son frère et le lança dans la mare gelée qui se trouvait à côté d'eux. Le brun se leva en renversant sa chaise et décocha une droite dans la joue de son aîné. Je pouvais voir des larmes briller au coins de ses yeux, comme de petites perles de tristesses.

- Je te déteste !! hurla-t-il à l'attention du plus âgé avant de lui tourner le dos et de partir en courant. Je vous déteste tous !!

Brusquement, la scène autour de moi disparut et laissa place au même blanc que précédemment. Je tournais alors mon regard vers la femme de tout-à-l'heure. Elle fixais un point devant elle et semblait nostalgique. Doucement, elle pris la parole :

- Ce jour là il a fugué. Plusieurs équipes ont été envoyés dans les forêt environnantes sans trouver aucune trace de lui. Une semaine après, il a été retrouvé chez une villageoise qui disait ne l'avoir trouvé que la veille au soir. Il n'a jamais voulu nous dire où il était allé.

Elle stoppa là ses explications et tourna la tête vers moi. Son visage, bien que toujours aussi souriant, était balayé d'une once de tristesse. J'eus l'impression que cette femme, d'apparence pourtant si forte, était sur le point de pleurer. Malgré tout, elle prit à nouveau ma main et sourit.

- S'il te plaît... prend bien soin de mon fils...

Je hochais la tête sans réellement comprendre le sens de ses paroles et elle disparut, me laissant à nouveau seule dans ce monde de vide.

[Fairy Tail] Juvia princesse plus si parfaiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant