Chapitre 13: Danse avec le démon

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PDV Grey

La surprise se lisait dans ses yeux turquoises. A moins d'avoir une mémoire de poisson rouge ou Alzheimer, elle n'avait pas put m'oublier. Je priais de tout mon cœur pour qu'elle accepte. Alors qu'elle restait muette de stupeur, mon frère aîné réagit au quart de tours :

- Grey ! De quel droit.. ! Commença-t-il.
- D'accord...
La voix cristalline de la jeune fille aux cheveux d'océans le coupa. Lyon écarquilla les yeux et se retourna vivement vers sa « fiancée ». Il ouvrit la bouche pour la refermer immédiatement à la manière d'un poisson plusieurs fois, cherchant sans doutes ses mots. Je réprimais un soupire de soulagement et souris victorieusement. La princesse glissa sa main dans la mienne, légèrement gênée. Je me redressais et l'entraînais sur la piste avec un sourire éclatant, auquel elle répondit par un petit rictus timide. Après lui avoir demandé la permission du regard, je plaçais doucement ma main au creux de son dos et approchais son frêle corps du mien, observant ses joues légèrement rosies. Combien de fois avais-je déjà cette expression sur le visage des jeunes filles que j'avais invité à danser ? Sans aucun doute des dizaines et des dizaines de fois. D'habitude, je la trouvais assez disgracieuse, mais avec elle, tout me semblait si différent... Je fis glisser mon regard sur son visage, puis le faisait lentement descendre vers ses épaules. Je remarquais tout de suite la chaîne en argent et le pendentif gris étincelant incrusté de sa jolie pierre dans les tons de bleu. Voyant que mon regard s'attardait sur la petite épée de métal, elle rougit légèrement et me dit d'une voix peu assurée :
- C-c'est le votre... je l'ai gardé.
- Ne t'en fait pas, tu as bien fait. La rassurais-je en plongeant mon regard dans le sien.
Elle me fit un léger sourire gêné et nous continuâmes à valser. Elle, qui semblait si crispée au début de la danse, se détendait progressivement ; laissant son corps aller au doux rythme de la musique. Nos cœurs semblaient battre la mesure à l'unisson, et un sentiment étrange m'étreignait. Ma tête tournais légèrement, sans doute à cause de l'alcool que j'avais bu avant de venir. Le bleu de ses yeux me fascinait et je mourrais d'envie de goûter à nouveau à ses lèvres, tout comme cette nuit de pleine lune qui hantait mes rêves. Je me giflais mentalement. Qu'est-ce qui me prenait de penser à des choses comme ça ?! Je connaissais cette fille depuis quelques jours seulement !! Décidément, je ne tenais vraiment pas le saké. Ça ne pouvais être que ça. Apparemment, mon absence passagère s'était fait ressentir, car elle me demanda d'un air inquiet :
- Est-ce que vous allez bien ?
Ses sourcils étaient légèrement froncés, signe d'une réelle inquiétude. Elle avait dut m'appeler déjà plusieurs fois sans avoir de réponse de ma part.
- Oui oui, ne t'inquiète pas. la rassurais-je à nouveau tout en tentant de dissiper mon malaise.
Elle n'en dit pas plus et nous nous enivrâmes encore de la sensation de béatitude que nous procurais cette valse. C'est à contre cœur que nous nous séparâmes après les dernières notes. Aucun d'entre nous n'osait dire mot. Pourtant, il fallait que j'agisse vite. Je jetais un regard en direction buffet à côté duquel Lyon se tenait. Apparemment, il avait rapidement lâché sa promise du regard pour se tourner vers l'empilage de coupes de champagnes. Comme à son habitude, mon frère n'avait pas résisté à la tentation d'en prendre une, puis une seconde, puis de se saouler jusqu'à en oublier même son nom. Vraiment, la situation était idéale.
- Que dirais-tu de venir faire une petite balade nocturne avec moi, dans les jardins ? Proposais-je avec assurance. On dit que les fleurs y sont magnifiques, sous le clair de lune. Et puis, cela me permettrait de te parler sans être gêné par les oreilles indiscrètes présentes dans cette salle.
La surprise se peignit sur son doux visage comme les impressionnistes déposent leurs couleurs sur leurs toiles. Ses yeux s'écarquillèrent quelques peu et ses lèvres étaient légèrement entrouverte. Elle semblait en plein débat intérieur, et je me mis à douter de la réussite de mon plan. Et si le trop plein d'assurance que m'obligeais à avoir mon personnage lui avait fait peur ?
- Mais si tu ne veux pas, je comprendrais... Tentais-je de me rattraper.
- N-non... j'accepte. Bredouilla-t-elle en me tendant sa fine main gantée.
Je souris et me saisit délicatement de cette main tendue. Elle me rendit mon sourire et nous nous rendîmes dans les jardins. Sur le chemin, j'entendais les femmes murmurer et répandre les horribles rumeurs qui plaisaient tant aux gens de la cour. Personnellement, je n'en avais que faire, mais ces chuchotements semblaient gêner la jeune princesse. Je lâchais sa main, essayant ainsi de la mettre un peu plus à l'aise. Malheureusement, mon action n'eut pas l'effet escompté et la source à racontars des riches femmes n'était pas prête de se tarir. Mais tout cela serait bientôt finit, je le lui promettais. Non, je me le promettais. Nous arrivâmes enfin dans l'espace floral où les roses bleus, spécialité du royaume d'Agoa, et les lys clairs s'entremêlaient dans une immense œuvre d'art naturel. Le ciel était dégagé, laissant les doux rayons de la pleine lune rajouter de la magie à cette époustouflant spectacle. Il n'y avait pas un chat dans le magnifique jardin. Décidément, l'occasion était belle ; presque trop belle... Alors que nous marchions en silence, moi trop perdu dans mes pensées pour avoir une discussion et elle trop timide pour oser briser le silence, nous nous approchions progressivement de l'orée de la forêt, frontière naturelle entre le luxe du château et la pauvreté villageoise. Je souris en arrivant dans l'ombre nocturne des grand arbres au reflets bleuté. Rapidement, je jetais un regard derrière moi et vérifiais qu'il n'y avait toujours personne. Sans doute alarmée par ce comportement plus que suspect, la jeune princesse posa sur moi son regard turquoise et dit de sa petite voix :
- Monsieur Grey ?
Ces quelques mots se perdirent bien vite dans le silence et je ne daignai pas lui répondre. J'attrapais plutôt son bras et m'enfonça dans la forêt en courant. Je ne savais pas où cet accès de folie allait me mener, mais il était de toute façon bien trop tard pour y réfléchir.

[Fairy Tail] Juvia princesse plus si parfaiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant