Chapitre 19: Pleurs d'un coeur amoureux

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PDV Inconnu

Impossible... C'était tout bonnement impossible... Effaré, je regardais celui qui avait été ma cible. D'un simple geste, alors qu'à côté de lui, la jeune princesse tremblait de tous ses membres à cause du coup de feu, lui avait réussi à garder un calme olympien et à esquiver ma balle d'un simple pas sur le côté. Comment était-ce possible ?! Jamais au cours de ma vie d'assassin je n'avais vu pareille performance ! Les yeux ronds comme des soucoupes, je le regardais, mes lèvres s'ouvrant uniquement pour balbutier des « impossible... » qui ne parvenaient pas à m'expliquer ce qui s'était passé. Je le vis tourner son regard de glace vers moi, me transperçant de part en part. Ses sourcils, aussi noirs que le reste de ses cheveux, s'était froncé. Oui, c'était à moi que ce regard assassin était lancé. La terreur que m'inspirais autant l'être que le regard me paralysa. Une goutte de sueur froide perla de mon front tandis qu'une veine palpitait sur ma tempe. On dit souvent que les yeux sont les fenêtres de l'âme, mais dans ceux-ci je ne voyais que de la noirceur, encore et toujours. Des envies de meurtres, peut-être. Un avant-goût des enfers, sans doute aussi. Je n'avais fait que mon travail, mais je regrettais déjà le fait d'avoir tiré. Il détourna son regard de moi, quelques secondes, tandis que ma gorge était serrée par l'angoisse. J'avais envie de m'enfuir, le plus loin possible de lui, des autres, de tout, mais mon corps refusait de bouger. Je le vis presser la tête de la jeune princesse contre son torse dans un geste protecteur, se servant de sa main gauche pour boucher ses oreilles, tandis que sa main droite semblait fouiller dans sa veste. Je savais ce qu'il faisait, je savais ce qui allait arriver, mais je ne bougeait pas d'un pouce. En un sens, j'étais prêt. Je fermais les yeux. Le coup parti. La détonation eut la résonance d'une douce musique à mes oreilles alors que la balle déchirait ma chair, puis mon cœur. Je tombais sur le dos, renversant mon sniper au passage. Le sang et les larmes coulaient.

- B-bisca...

Ce fut mes derniers mots, les derniers pleurs d'un cœur amoureux avant qu'il ne cesse de battre à jamais. Finalement, peut-être était-ce mon amour pour elle qui m'avait tué ? À cette pensée, un sourire éclaira mon visage ayant pâli. Aujourd'hui, c'était pour elle que j'étais mort.


PDV Juvia

Je tremblais. Deux coup de feux en moins de 5 minutes, ce n'était pas normal ! J'avais fermé les yeux dans la panique et me serrais d'autant plus contre Grey. Il m'avait protégé... Encore... Je commençait à me sentir coupable, à force. Je sentis une légère pression sur le haut de mon crâne, comme si quelqu'un y déposait un baiser. J'ouvrais les yeux et relevais mon visage rosit vers lui. Il affichait un air soulagé et me sourit, comme s'il rassurait un enfant qui venait de se s'écorcher le genoux en tombant. Son air était doux, me faisant à nouveau douter de la personne se trouvant devant moi. Mais je ne me plaignais pas. Cette nouvelle facette qu'il me dévoilait me plaisait bien. Je lui sourit à mon tour et me blottit dans ses bras.

- Aïe...

Surprise, je m'écartais de lui et le détaillais du regard. Son visage soulagé était gâché par quelques muscles qui, crispés de douleur, entachaient sa joie. Mon regard glissais le long de son coup, puis de ses épaules, et je remarquais la déchirure sur son manteau au niveau de l'épaule droite. Du sang s'écoulait de la plaie qui semblait assez profonde.

- M.Grey... vous êtes blessé... l'en informais-je en reprenant doucement mes esprits.

- T'inquiète, la balle m'a juste frôlé. Grimaça-t-il en déchirant un bout de sa manche pour s'en faire un pansement. J'suis un dur à cuir, c'est pas ça qui va me tuer.

Je souriais à sa dernière remarque et lui prenait des mains le bout de tissus dont je me servi pour faire un pansement que je veillais à ne pas trop serrer. Finalement, les jours que j'avais passé à aider Mirajane a l'infirmerie m'avaient servi, contrairement à ce qu'avais pensé mon père. Je pense que « l'amour » de la servante pour mon père était réciproque, je ne vois pas d'autre raison. Maintenant que j'y pensais, ils s'échangeaient, à chaque fois qu'ils se voyaient, des regards assassins dont eux seuls connaissaient la cause. Il semblaient se livrer une guerre aussi silencieuse que mystérieuse dont la cause n'était connue que par eux. Je me disais que leur comportement à tous était bien étrange.



PDV Grey

Assit sur un rocher comme j'aimais le faire, je contemplais les flammes que je venais juste d'allumer. Étant plutôt du genre à préférer le froid, je ne restais jamais près du feu. Nous avions quitté le village juste après la fusillade, il y a environ deux heures si je me fiais à la course du soleil dans le ciel. Nous avions trouvé dans la montagne cette petite clairière qui, en plus d'être assez plate pour nous accueillir, nous permettait également de profiter de la chaleur du soleil le plus longtemps possible. Encore une fois, ce n'est pas que j'ai froid, mon corps est habitué à des températures négatives, mais je ne pense pas que se soit le cas de ma royale accompagnante.

- M.Grey ! M'interpella une voix cristalline que je pourrais à présent reconnaître entre mille. Regardez ! J'ai trouvé du petit bois pour le feu !

Je lui jetais un regard en coin alors qu'un léger sourire, plus proche de la grimace que de l'éclat de joie, je dois bien l'avouer, éclairait mon visage. Elle tenait tant bien que mal dans ses bras frêles un tas de petites branches tandis que ses yeux pétillaient de fierté. Un large sourire fendait son visage et ses pommettes avaient rosi de bonheur. Elle ressemblait en tous points à une enfants ayant réussi à dessiner l'un de ses parents. Au final, je crois que j'aimais bien ce côté enfantin chez elle.

- Pose tout ça là et vient plutôt par ici. Dit-je en tapotant le rocher à côté de moi.

La jeune princesse me regarda, interrogative, durant plusieurs secondes. Elle sembla hésiter, mais finit tout de même par venir s'asseoir sur le rocher à distance raisonnable de moi. Je soupirais intérieurement. Quel pouvait être coincée ! Je l'attrapais par la taille et la faisais asseoir sur mes genoux. Je vis ses joues rougir et elle me lança un regard un peu intimidé. Je resserrais mon étreinte autour d'elle et posais mon menton au creux de son épaule. Ses joues chauffaient au fur et à mesure que je la serrais contre moi, mais je n'avais pas l'intention de la lâcher. J'aimais sentir son parfum, la texture de sa peau, la savoir dans mes bras était un sentiment enivrant. Je ne savais pas exactement pourquoi je me sentais si bien avec elle ni comment j'avais réussi à m'attacher tellement à une personne de ce genre. Si je l'aimais ? C'est sans doute un peu tôt pour le dire. Je sais juste que j'en oublierais presque qu'elle était la fiancée de mon frère... Je me demande bien quel enfer il lui aurait fait vivre. Sans doute que son alcoolisme l'aurait rongé peu à peu... Et s'il avait été violent ? Et s'il l'avait battu ? Rien que d'imaginer cette horreur, je serrais les dents. Je ne pouvais tolérer le fait que quelqu'un fasse du mal à une fille aussi gentille que Juvia. Elle n'avait jamais aucune pensée négative sur personne et ne pourrait jamais faire de mal à une mouche. Certes, elle était un peu naïve. Certes, elle n'était pas parfaite. Mais franchement, la perfection est bien ennuyeuse. Et puis, ce n'était pas le moment de penser à ce genre de choses. Pour le moment j'étais avec elle, et c'était tout ce qui importait. Je fermais les yeux et déposait un baiser contre son cou.

- Juvia ?

- O-oui... ?

- Ne t'enfuis pas.  

[Fairy Tail] Juvia princesse plus si parfaiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant